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Lacazette, atterrissage à compléter
Joueur le plus remplacé de Premier League cette saison, Alexandre Lacazette, meilleur buteur d’Arsenal, baigne pourtant dans une adaptation plus que réussie en Angleterre.
Au moment de s’avancer sur le sautoir, l’incertitude : « J’ai envie de voir si je peux répondre aux questions que les gens se posent, et de progresser encore. » En plongeon, l’histoire est connue : l’important n’est pas la chute, mais l’atterrissage. Voilà maintenant plus de cinq mois qu’Alexandre Lacazette, 26 ans et comparé au moment de son saut dans le bain anglais l’été dernier par Gérard Houllier à Ian Wright – « Vous n’avez pas toujours l’impression de le voir, puis d’un coup, il bouge » –, nage en Premier League, eau de ses rêves de gosse et mer qui devait enfin permettre de pouvoir le situer entre les meilleurs de son espèce. Temps de passage, après 21 journées : le Français n’a déjà plus de brassards, porte sur son dos huit buts, deux passes décisives, et une ligne de l’histoire d’Arsenal depuis le 25 septembre, jour où face à West Bromwich (2-0), il a inscrit un doublé, devenant ainsi le premier joueur des Gunners depuis Brian Marwood trente ans plus tôt à marquer lors de chacune de ses trois premières apparitions devant son public.
Voir Londres, et courir, Lacazette va bien, Arsène Wenger est content de son adaptation, ses partenaires aussi, l’Emirates avec. Mieux : le 22 décembre, lors du combat absurde face à Liverpool (3-3), l’international français, auteur d’un doublé en Allemagne (2-2) en novembre, est même resté toute la rencontre sur le terrain. Cela pourrait être un détail, mais pas totalement, car l’ancien Lyonnais est aussi cette saison le joueur de Premier League le plus remplacé par son entraîneur (14 fois en 18 titularisations), ce qui a poussé les habitués de l’Emirates à hurler à plusieurs reprises sur Wenger depuis le début de saison. Quel est le problème ?
Intelligence et gestion
Il n’y en a pas, qu’on se rassure : si Lacazette a été remplacé aussi souvent par Wenger, c’est avant tout dans une logique d’adaptation, l’Alsacien prenant toujours son temps pour intégrer les recrues n’ayant jamais connu la Premier League, et aussi de tactique, parfois. Pendant les fêtes, l’absence d’Olivier Giroud n’y a rien changé, mais le Français a continué à rentrer dans la gueule des défenses, notamment à Palace (3-2), dans la lignée de sa dernière saison lyonnaise où il avait principalement progressé dans le jeu de corps, offrant la profondeur recherchée par Wenger depuis le départ de Robin van Persie. « Il a une grande compréhension du jeu, ce qui facilite notre entente » , expliquait Alexis Sánchez il y a quelques semaines, avec qui Lacazette a porté les Gunners lors des dernières sorties en compagnie également d’un Jack Wilshere retrouvé. Autre convaincu, Petr Čech : « Alex est un joueur très intelligent. Il s’est rapidement adapté à notre style de jeu. Je pense que l’équipe doit encore progresser pour lui permettre de s’épanouir complètement, car parfois, il fait le bon appel, mais le ballon n’arrive pas assez rapidement dans ses pieds. C’est une question de temps, et quand on connaît en plus ses qualités de finisseur… »
Une question de confiance aussi, Lacazette étant venu à Arsenal pour les banquets et n’ayant pas été titularisé lors de la première partie de saison à Liverpool (0-4) ou face à Manchester City (1-3) avant de rendre une copie excellente face à Manchester United (1-3). Ce mercredi soir, il devrait l’être face à Chelsea, nouveau test d’une phase d’apprentissage où le Français, exclusivement utilisé en championnat dans différents schémas, doit encore s’affûter dans les duels, principalement, et développer une meilleure relation technique avec un Özil branché sur courant alternatif. Un soir où Wenger doit définitivement lui faire confiance, drogue essentielle à la vie du deuxième meilleur buteur français de l’année 2017, et lui permettre de réussir complètement son atterrissage.
Par Maxime Brigand