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L’absentéisme des footballeurs augmente-il pendant l’hiver?
L’absentéisme au boulot explose chaque année en France quand l'hiver et le froid arrivent. Entre novembre et février, le Français a tendance à abuser de l'arrêt maladie. Un luxe que le travailleur du secteur football ne peut ou ne veut pas se permettre...
A priori, le footballeur réunit pas mal de conditions pour être un champion de l’arrêt maladie. Quelle purge en effet de devoir exercer sa profession sur des terrains gras et dans le froid pendant plus de quatre mois. Qui plus est, le footballeur est aussi cet homme qui traîne en groupe sous la douche, se « check » 26 fois par jours et mange à la cantine. Bref, un footballeur professionnel aurait tout de l’homme à gastro. Ce mec absent un lundi matin sur deux… les bons mois. Oui, mais non. A y regarder de plus près et à interroger ceux qui surveillent sa santé, l’intéressé prend plutôt bien soin de son corps, qui ne l’oublions pas constitue son outil de travail. « Pour les infections virales type gastro, je pense les avoir assez sensibilisés en leur disant qu’en les traitant le plus tôt possible, on a des chances de guérison entre 48h et 96h. » Le maître-guérisseur, c’est le docteur De Smet du Havre. « Et puis dans ces cas-là, on met en place un vrai traitement. On les met à l’écart du groupe, on les maintient au chaud et on lance un traitement à base d’aérosol à l’eucalyptus pour qu’il puisse guérir le plus rapidement. » Bref, un joueur professionnel peut tomber malade comme n’importe qui, mais lui ne va pas laisser traîner et va guérir plus vite.
« Ne pas infecter le reste du groupe »
Le docteur De Smet toujours : « On a les mêmes problèmes que Monsieur et Madame tout le monde. Les mêmes maladies que dans la population générale. C’est-à-dire toute la pathologie ORL, des gastros, des angines, des rhinopharyngites. » Un combo aussi commun qu’insupportable pour des entraîneurs qui prient pour que leurs meilleurs joueurs soient épargnés. Conscients de l’importance des intérêts tant financiers que sportifs qui jugulent la vie d’un club, les staffs médicaux n’hésitent donc pas à agir dans la prévention. Sans pour autant utiliser des méthodes révolutionnaires. Le docteur de Smet confirme utiliser plus de vitamines à cette période de l’année : « Je n’en utilise pas beaucoup, mais quand j’en utilise, c’est plutôt à cette période, en janvier surtout. Des Oméga 3, des probiotiques pour prévenir des infections ou encore des préparations renforcées en probiotiques qu’on donne aux plus fragiles. »
Mais hormis ces traitements spécifiques, le docteur utilise des méthodes on ne peut plus traditionnelles : « On distribue des gels hydroalcooliques, ces produits avec lesquels on se lave les mains dans toutes les entreprises de France. Ensuite, un joueur qui se plaint de nausée sera immédiatement sorti du groupe. C’est-à-dire qu’il vient avant les autres le matin pour faire les tests d’usage et qu’ensuite on le renvoie à la maison. On gère donc ça plus ou moins à distance pour ne pas qu’il vienne infecter le reste du groupe. » La mise en quarantaine pour éviter l’épidémie, la solution est tentante, mais ne garantit évidemment pas 100% de réussite. « Sincèrement si vous regardez TF1 à 20h et que vous apprenez qu’il y a une épidémie de gastros, vous pouvez vous dire qu’il y a certainement quelques gastros à gauche à droite dans les clubs de foot » , certifie encore Nicolas Didry, le kinésithérapeute de Dijon.
Moins de malades le jour du match
De Sochaux à Istres en passant par Grenoble, Mehmed Baždarević a connu son lot de malades. Pour l’entraîneur, il convient parfois de ménager les joueurs les plus enclins à la maladie : « J’ai eu plus de problèmes avec des joueurs un peu plus âgés qu’on a volontairement laissés sur le côté. » Des joueurs plus âgés plus facilement malades, cela n’étonne pas vraiment le kiné dijonnais : « Si les pères de famille sont plus souvent malades, la raison est simple. Le gamin va à l’école et du coup, il ramène des crasses. » . Pour autant, Nicolas Didry de Dijon comme le Docteur de Smet du Havre le garantissent, les absences pour maladie à un match du week-end restent très rares. « À moins qu’ils tombent malade le jour du match où qu’ils souffrent encore d’une quelconque déshydratation la suite à sa gastro, les joueurs sont souvent dispos. De toute façon, la décision ultime appartiendra toujours au coach » , termine Didry. Alors que jamais personne n’obligera l’employé de la MACIF à courir en short sous la pluie. En même temps, il paraît que le footballeur exerce le métier de ses rêves. Cela mérite bien quelques sacrifices.
Par Martin Grimberghs