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L’Abdou Diallo nouveau est enfin arrivé, au Paris Saint-Germain
Propulsé titulaire au poste de latéral gauche depuis la blessure de Kurzawa, Abdou Diallo a su s'imposer comme l'un des meilleurs défenseurs du PSG ces dernières semaines. Après une première année et demie compliquée dans la capitale, le nouvel international sénégalais voit enfin sa carrière parisienne décoller. Au point d'apparaître comme l'une des rares garanties défensives de Pochettino, au moment de défier à nouveau le Bayern sans Marquinhos.
C’est la dernière minute de jeu, en ce 14 septembre 2019, quand Abdou Diallo envoie un centre repris d’une magnifique bicyclette par Neymar pour débloquer une rencontre jusqu’alors cadenassée contre Strasbourg. Vingt minutes plus tôt, Thomas Tuchel avait décidé de lancer Presnel Kimpembe à la place de Kurzawa en exilant la jeune recrue parisienne dans le couloir gauche. Pari(s) gagnant. Un épisode toutefois insuffisant pour permettre à celui qui a fait ses gammes à l’AS Monaco, avant de partir visiter l’Allemagne, de s’imposer au sein de l’arrière-garde parisienne. Une saison difficile et une longue blessure au dos plus tard, les difficultés d’Abdou Diallo dans la capitale atteignent peut-être leur paroxysme en novembre dernier sur la pelouse… de Louis-II. Une perte de balle devant Volland, un penalty concédé, une expulsion… Et voilà Paris qui vendange une avance de deux buts, en Principauté.
Les choses ont pourtant bien changé avec l’arrivée de Pochettino, à l’entame de l’hiver. N’ayant pas oublié ses VHS à la maison, l’Argentin décide de s’inspirer de ces vingt minutes contre Strasbourg en alignant le bonhomme à gauche à Dijon fin février. Résultat ? Une nouvelle passe décisive, offerte à Moise Kean. Justification de Pochettino après coup, en conférence de presse : « Abdou a déjà joué défenseur gauche avec d’autres entraîneurs, c’est une position dans laquelle il peut largement plus se projeter. Je suis également content pour lui, parce qu’il n’a pas beaucoup joué ces derniers temps. »
J’suis content, c’est l’printemps
Début mars, le morceau est bien plus indigeste. Mais pas de quoi effrayer le nouveau gars sûr du PSG. Malmené comme rarement par le Barça au Parc, Paris voit Kurzawa renoncer à la pause. Pas d’hésitation : Diallo est lancé dans le grand bain, et vient démontrer que son apprentissage du poste se déroule sans trop d’accrocs. De quoi enchaîner dans ce nouveau rôle jusqu’à Munich, où ce fut cette fois à son tour de devoir déclarer forfait à mi-parcours. Entre-temps, quatre titularisations en autant de rencontres pour l’une des principales satisfactions de ces dernières semaines dans la Ville Lumière.
D’autant que l’arrivée du printemps a vu le natif de Tours rugir, pour la première fois, avec le Sénégal. Un nouveau statut d’international étrenné avec un nul face au Congo (0-0), au sein d’une équipe déjà qualifiée pour la prochaine CAN. Un choix de rejoindre les Lions de la Téranga parfaitement justifié par l’ancien capitaine des Espoirs tricolores, dans les colonnes de L’Équipe. « Je me sens français et sénégalais. J’ai toujours été cet Abdou-là, en fait. Ce n’est pas quelque chose de bizarre. C’est naturel, confie l’intéressé. Je suis juste Abdou Diallo avec mon parcours, ma vie. Et aujourd’hui, c’est une force. Ma culture française, je l’aurai toujours. Mais je suis aussi sénégalais, et ça non plus, on ne pourra jamais me l’enlever. »
Un avenir en lettres capitales ?
Du haut de ses bientôt 25 ans (il les aura le 4 mai), c’est désormais une évidence : en l’absence de Juan Bernat, Diallo est devenu le meilleur latéral gauche du PSG. Et l’un de ses meilleurs éléments défensifs, aussi. Pour l’heure, difficile de l’imaginer gratter une place de titulaire en charnière tant le tandem Marquinhos-Kimpembe paraît indéboulonnable. Alors, Abdou s’applique à démontrer depuis un côté qu’il a pleinement sa place dans cet effectif-là. Le capitaine brésilien n’avait-il pas gagné ses galons dans le couloir droit, à une époque où David Luiz et Thiago Silva trustaient les strapontins dans l’axe ?
En tout cas, les galères de l’ancien de Dortmund semblent désormais bien loin. Une épreuve qu’il a traversée avec calme, pour en ressortir plus fort. « Clairement, je n’étais pas dans la position d’un mec qui pouvait réclamer d’être titulaire. J’ai fait face à une grosse concurrence, analysait-il justement, lucide, pour L’Équipe. J’aurais sûrement pu faire mieux. Une carrière linéaire, ça ne peut pas arriver. » Toujours est-il qu’aujourd’hui, tout Paris espère le voir en pleine possession de ses moyens après sa petite maladie pour venir museler Leroy Sané ce mardi. « Je ne considère pas que je me suis imposé, aujourd’hui », tempère toutefois le bonhomme. Ce n’est peut-être pas encore l’été, mais les premiers bourgeons du printemps ont déjà bien poussé.
Par Tom Binet