Depuis combien de temps t’intéresses-tu au foot ?
Depuis toute petite. À dire vrai, je dois cette passion à mon père. Tous les dimanches, quand j’étais gamine, nous écoutions ensemble les matchs de Boca Juniors à la radio. Ces moments étaients absolument magiques. Mais ce n’est pas si étonnant que ça quand on sait le rapport qu’entretient l’Argentine avec le football.
Comment expliques-tu cette passion ?
Je pense que c’est lié au fait que les Argentins ont un véritable sang de guerrier qui coule dans leurs veines. Ce sont de véritables combattants, et ce caractère se reflète dans leur façon d’aborder le foot. On le voit bien en championnat, mais aussi avec la sélection. Il y a une vraie ferveur derrière l’équipe, que ce soit de la part des supporters ou des joueurs. Tout ça fait que nous avons une histoire incroyable, avec deux des plus grands joueurs de l’histoire : Messi et Maradona. Les deux buts de ce dernier contre l’Angleterre lors de la Coupe du monde 1986 sont tout bonnement inoubliables.
Pourquoi ces deux buts en particulier ?
D’abord, parce que Maradona réalise un exploit magnifique en dribblant tous les joueurs adverses avant d’inscrire son but. Puis parce que, politiquement, cette victoire représente beaucoup quelques années après la guerre des Malouines. En Argentine, la main de Maradona a d’ailleurs été interprétée comme un geste politique, comme s’il s’agissait d’une justice divine. Nos soldats étaient allés se battre dans des conditions complètement inégales et n’avaient pu empêcher l’Angleterre de garder le contrôle des îles Malouines. En quelque sorte, le but de Maradona est une revanche, un geste réconfortant.
J’imagine qu’il y a des souvenirs plus malheureux, non ?
Il y a bien la dernière Coupe du monde, mais, au final, ça reste également un bon souvenir. Tout simplement parce que j’étais en tournée avec mon groupe et que nous regardions à chaque fois les matchs de l’Argentine avec le public. Heureusement, ils étaient de notre côté (rires). Le seul regret, c’est d’être passé juste à côté du titre. J’étais dans le Nord de la France à ce moment-là, et c’était un moment assez triste.
Justement, un an après la finale en Coupe du monde, l’Argentine peut-elle remporter la Copa América ?
Ce sera difficile, mais je l’espère sincèrement. Dernièrement, j’ai eu le plaisir d’enregistrer une chanson avec Gustavo Santaolalla pour une émission de la télévision vénézuélienne présentée par le célèbre commentateur Victor Hugo Morales. La chanson s’appelle De Chilena et, d’une certaine manière, elle me donne la sensation d’être investie dans la compétition. J’espère que ma voix aidera l’Argentine à s’imposer.
Tu as un joueur favori durant la compétition ?
Pas vraiment, je reste bloquée sur Maradona. Il m’a tellement touché lorsqu’il était au sommet de sa carrière. C’était un joueur unique, sans doute le meilleur de tous les temps.
Penses-tu que les femmes sont plus intéressées par le foot en Argentine que dans un autre pays ?
Oui, bien sûr. Ici, le football est une tradition et de nombreuses femmes ont hérité de ce fanatisme. Mieux encore, elles l’entretiennent. Il n’y a pas d’autres options en Argentine (rires).
FIFA vient d’annoncer la présence de sélections féminines dans sa prochaine édition. C’est un événement important pour toi ?
Évidemment ! Le football féminin est en train de prendre de l’importance et je pense qu’il a totalement sa place dans un tel jeu. Il faut arrêter avec la distinction des genres. C’est donc assez jouissif de savoir que des barrières se brisent à travers un jeu vidéo. D’ailleurs, le fait que FIFA ait choisi une de mes chansons (El Bendito) pour son édition spéciale Coupe du monde l’année dernière a été un événement très important pour moi.
Tu connais certains chants de supporters ?
Je connais les plus populaires, oui. Quand j’étais petite, sur la route de l’école, je voulais même écrire des chansons pour Boca Juniors. C’était assez inconscient, mais c’était de la pure passion.
Qu’est-ce que tu aimes chez Boca Juniors ?
Ça ne s’explique pas forcément, c’est un héritage avant tout. Mon père a toujours été un grand fan du club et le sera jusqu’à sa mort. L’année dernière, c’était la première fois que je me rendais au stade de Boca, j’en ai pleuré d’émotion. Il n’y a pas beaucoup de supporters aussi impliqués et passionnés que les Bosteros. Lorsqu’ils chantent, vous ressentez votre cœur vibrer, le sol trembler et le ciel semble exploser. Ils vivent leur passion à 200%.
L'équipe type Captain Tsubasa