- Ligue 1
- J2
- PSG-Metz
La Vlüt de Paname
À vingt-deux ans, Mevlüt Erding quittait Sochaux pour le Paris-SG avec des rêves plein la tête et l’envie de franchir un palier. Finalement, le petit taureau ne franchira jamais le cap et partira par la petite porte, à Rennes, une fois QSI dans la place. Ce dimanche soir, c’est avec le promu messin que Mevlüt revient au Parc des Princes.
Et de deux qui font 88. En plantant un doublé contre Lille pour sa première sortie officielle avec le FC Metz, Erding affiche 88 buts en Ligue 1, ce qui fait de lui le deuxième meilleur buteur en activité derrière les 102 pions de Bafé Gomis. C’est fou quand on sait que l’attaquant turc aux 33 sélections (huit buts) reste sur plusieurs échecs depuis son départ de Sochaux en 2009. Que ce soit au PSG (2009-2012), Rennes (2012-2013), Saint-Étienne (2013-2015), Hanovre (2015) ou Guingamp (2016), Erding n’a jamais réussi à s’imposer, oscillant entre la folie offensive et les longues périodes de doute. En décembre dernier, alors qu’il ronge son frein sur le banc de Hanovre, son président, Martin Kind, fait mouche dans Kicker : « Il est évident qu’il ne parvient pas à se faire une place dans cette équipe, qu’il n’a pas de motivation. La situation actuelle suggère un grand malentendu entre les deux parties. J’en suis désolé, car nous avions de grands espoirs et lui aussi. Ils n’ont pas été confirmés. » Une citation qui pourrait décrire la carrière d’Erding. Un espoir déçu.
Surtout au PSG, son premier club hors du cocon sochalien où il a été formé et bercé. Après deux belles saisons dans le Doubs (22 buts en deux saisons de L1), Erding débarque à Paname contre huit millions d’euros à l’été 2009. Sur place, il doit faire la doublette avec Guillaume Hoarau qui sort d’une saison à 17 buts en championnat. Sur le papier, l’équipe a de la gueule : Makelele, Giuly, Sessègnon, Chantôme, Sakho, Ceará, Luyindula. Erding est jeune, mais son style est déjà trouvé. C’est un taureau. Un attaquant qui s’engage, qui montre les muscles dans la surface de réparation. Sa première saison est une réussite : quinze buts en championnat et une victoire en Coupe de France dans une escouade qui ne tourne pourtant pas très bien (treizième en championnat). Mais Antoine Kombouaré, alors sur le banc, aime la combativité de son avant-centre. Hoarau-Erding, en 2010, c’est un duo qui fait peur en Ligue 1. Lors de sa deuxième saison, il voit débarquer Nenê et Bodmer pour le fournir en caviars, mais rate ses débuts. À la trêve, il ne pèse que quatre petits buts en championnat et laisse Nenê et Hoarau se disputer le titre de meilleur buteur du club. Même le bon parcours en Ligue Europa – huitième-de-finaliste, défait par le Benfica en ayant tapé Dortmund et Séville en poules –, ne lui permet pas de sortir la tête de l’eau. Erding traverse sa première période de doutes dans la capitale et termine la saison avec huit petits buts en L1 au compteur. Le début des emmerdes.
Toulouse, le trompe-l’œil
Durant l’été, le PSG passe sous pavillon QSI et Erding voit débarquer de la concurrence : Gameiro, Ménez, Pastore, tandis que Nenê, Luyindula et Hoarau sont toujours là. On appelle ça un embouteillage. Un bouchon aussi, dans lequel le Turc va s’engluer. On le dit sur le départ, Rennes est intéressé, mais le PSG ne souhaite pas le laisser partir sans avoir trouvé son remplaçant au préalable. L’histoire traîne. Les matchs de préparation débutent, la saison arrive à grands pas et Erding se retrouve en bout de banc. Il ne joue plus et commence à trouver le temps long. Lors de la première sortie officielle de QSI, il prend l’air pendant neuf minutes lors du fiasco contre Lorient (0-1 au Parc des Princes). Le Turc ne rentre plus dans les plans de Kombouaré. Pire, lors des deux matchs suivants, il disparaît des radars. Arrive alors Toulouse, le 28 août, à quelques encablures de la fin du mercato. On joue la 88e, et les deux équipes sont à égalité (1-1). Erding remplace Gameiro et va tout changer. Sur un amour de passe en profondeur signé Pastore, il donne l’avantage aux visiteurs avant d’adresser une passe décisive à Ménez dans la foulée. Plaisir d’offrir, joie de recevoir. Le PSG l’emporte 3-1 et Erding revit.
Mais ce match est un trompe-l’œil. Paname garde son joueur, mais le laisse à la cave jusqu’à Noël, soit pendant cinq mois (neuf entrées en jeu pour moins de 130 minutes au total). Son aventure parisienne s’arrête à Sochaux – le hasard – où il entre pour 120 secondes en décembre 2011. Il ne portera plus le maillot parisien. Et l’arrivée de Carlo Ancelotti en décembre le condamne définitivement à l’exil. Il choisira Rennes en janvier. Des regrets ? Un peu, oui. « Je n’avais plus d’avenir à Paris, cela devenait très pesant de ne pas jouer depuis près de six mois après avoir fait cinq saisons pleines, lâche-t-il à son arrivée au Stade rennais. Encore une fois, je suis soulagé et très heureux, même si je n’ai que des bons souvenirs au PSG. J’ai réalisé une bonne première saison (31 matchs, quinze buts, ndlr), lors de laquelle on gagne la Coupe de France. Lors de la deuxième, j’ai été plus maladroit, mais elle n’a pas été catastrophique non plus. Mais là, cela devenait pesant et je n’avais plus d’espoir de jouer, même après l’arrivée de Carlo Ancelotti. Le PSG a basculé dans une autre dimension. » Celle qu’Erding retrouvera ce soir, l’espace de 90 minutes.
Par Mathieu Faure