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La vipère du Gabon
Une formation de jeunes éléments qui jouent ensemble depuis le plus jeune âge, des individualités qui flambent et rien à perdre : qu’on se le dise, le Gabon aux JO ne sera pas aussi chiant que la chanson de Vincent Delerm.
L’équipe du Gabon aux JO de Londres. De quoi se dire que le cinéma, c’est plus vraiment ce que c’était. Plus que des adaptations et des suites. Là, cet été, on aura donc droit à un remake de Rasta Rocket. Merde, manque plus que Jimmy Cliff ! Sérieusement, qu’est-ce que l’équipe du Gabon, une équipe qui n’a fait que deux quarts de finale de CAN en 18 participations (et encore, une fois, c’était à la maison), fait aux JO face à l’Espagne de Mata ou la Grande-Bretagne de Ryan Giggs ?
En fait, c’est plus subtil que ça. En décembre dernier, l’équipe des moins de 23 ans est allée gagner, un peu à la surprise générale, la CAN junior contre le Maroc (2-1), raflant par là-même leur ticket. Ils se l’étaient en réalité mis dans la poche dès la demi-finale, en venant à bout du Sénégal au fin fond de la prolongation (1-0). Le but le plus important donc fut inscrit par André Biyogo Poko, alors âgé de 18 ans, pensionnaire des Girondins de Bordeaux. Un sacré symbole parce que Biyogo Poko, en France, ça ne parle pas à grand monde. C’est mentir même de dire que ça parle aux inconditionnels du Haillan. Dans cette équipe, il y avait un autre joueur licencié en France, Alexander N’Doumbou, passé pro à l’OM en 2010. L’an dernier, il était en prêt à Orléans, en National, et pour avoir pris l’habitude de ne pas prendre le premier avion pour revenir de ses matchs en sélection, il a été écarté en fin de saison. « Francis Gillot note bien tout ce qui se passe à l’entraînement, mais l’équipe n’a pas encore retrouvé sa stature. Du coup, il ne veut pas courir le risque de lancer de jeunes joueurs, avançait Poko à RFI en guise d’explication à la mi-saison. Peut-être que la saison prochaine, j’aurai ma chance. » Ça serait bien, parce qu’il n’a toujours pas joué en Ligue 1.
Une tête de Vietnamien
Du côté d’N’Doumbou, on assure avoir fait quelques erreurs. « Si c’était à refaire, je partirais en prêt à Orléans, mais je changerais quand même certaines choses. Encore que, ça m’a permis d’apprendre et, avec Yann Lachuer en coach, j’ai pu bien me parfaire au poste de milieu offensif » , retient celui qui a quand même plus la tête à figurer dans la sélection vietnamienne. « Des fois, ça intrigue les adversaires. Certains, quand j’étais jeune, demandaient à voir les licences, sourit-il. Mais ça n’a jamais posé de soucis dans mon équipe, on se connaît tous depuis le plus jeune âge. » Il est donc là, le secret de cette équipe : les jeunes se connaissent par cœur. Comme à la Masia ou dans les académies de Jean-Marc Guillou. Et à la Fédé Gabonaise, on croit en ces jeunes. C’est parce qu’il ne les faisait pas assez jouer que Gernot Rohr s’est fait virer. Paulo Duarte, qui n’a pas fait la liste de sa première sélection pour ses retrouvailles avec le Burkina, a bien compris le message : il travaille main dans la main avec Claude Albert Mbourounot, le sélectionneur olympique.
À vouloir faire des académiciens, il y a un danger, celui de finir comme la sélection A de la Côte d’Ivoire : une équipe rongée par les clans. Pour l’instant, pas de risques, en apparence. Sur les trois incorporés, il y aura Pierre-Emerick Aubameyang. L’attaquant stéphanois a beau avoir explosé la saison dernière, il n’oublie pas qu’en sélection, c’est lui qui a raté le tir au but qui a sorti son équipe de la dernière CAN à domicile. Il veut donc se racheter à tout prix. Il y avait bien Bruno Ecuele Manga, le stoppeur intraitable de Lorient, qui semble perdre la raison avec son hypothétique transfert, pour foutre le boxon. Mais Gourcuff a décidé de le garder au frais dans le Morbihan. Pas de noms extrêmement connus au casting donc, mais une idée de scénario bien sympa. C’est ce qu’on attend du cinéma, l’été, non ?
Par Mario Durante