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La vieille garde suédoise
Pour espérer s’extirper d’un groupe extrêmement relevé, la Suède va devoir se surpasser. Derrière l’omnipotent Ibrahimović, la sélection d’Erik Hamrén s’appuie sur quatre cadres chevronnés qui aimeraient signer leur plus belle danse avant de se retirer de la scène.
Andreas Isaksson, le rempart insubmersible
« Je pense que j’ai eu une belle carrière jusqu’à présent, et ce n’est pas encore fini ! » Quatorze ans que cela dure. Depuis qu’il a revêtu la tunique suédoise pour la première fois en mars 2002, Andreas Isaksson ne cesse de regarder l’horizon du haut de son mètre quatre-vingt-dix-neuf. Joueur le plus capé dans les rangs scandinaves devant Ibrahimović et Källström avec 131 apparitions au compteur, l’ancien portier de Rennes demeure l’une des pierres angulaires du sélectionneur Erik Hamrén. « Depuis que je suis là (2009, ndlr), il a toujours évolué à un très haut niveau, assurait l’ex-coach de Rosenborg en mars dernier. Il apporte de la stabilité, c’est un très bon gardien. » Il faut dire que le longiligne gardien constitue presque à lui tout seul un morceau d’histoire. Avec six championnats fréquentés (Suède, Italie, France, Angleterre, Pays-Bas et Turquie), deux participations à la Coupe du monde et désormais quatre à l’Euro, le vieux briscard de trente-quatre piges n’en finit plus d’étirer un parcours où il n’a pas toujours été un titulaire indiscutable en club. La preuve, une fois de plus, cette saison avec son club turc de Kasımpaşa qu’il a rejoint en 2012. « Il a connu une saison un peu compliquée parce que le coach a changé la hiérarchie des gardiens. Il a fait tourner et fait jouer les trois. Isaksson avait commencé, mais l’entraîneur n’a pas tenu compte de son expérience ni de son CV » , confie son coéquipier Olivier Veigneau, avant de rappeler ses qualités : « C’est un leader naturel par son charisme. Puis il a une carrure impressionnante, même s’il est fin (77 kilos). Il est grand, mais n’est pas lourd comme peuvent l’être Neuer ou Courtois. Il n’est pas tout jeune, mais garde une certaine vivacité et ne met pas beaucoup de temps à se mettre au sol. » Pour celui qui a porté brièvement les maillots de la Juve, de City ou encore du PSV, l’Euro 2016 est une vraie bouffée d’air frais après un exercice frustrant. C’est aussi sa dernière possibilité de faire mieux qu’un quart de finale. Sa meilleure performance dans la compétition avec les Blagult.
Sebastian Larsson, l’inoxydable soldat
Si, à l’instar de son équipe, sa partition a cruellement manqué de saveur pour son entrée dans la compétition face à l’Irlande, Sebastian Larsson n’en reste pas moins une valeur sûre. L’un des cadres les plus appréciés et pourvus d’une expérience loin d’être négligeable (85 sélections). Un milieu de trente et un ans à la technique de base solide et bon tireur de coup de pied arrêté qui affiche un total de 261 rencontres de Premier League. Car, oui, le blondinet a forgé toute sa carrière au pays de Sa Majesté. Recruté alors qu’il n’est qu’un bambin par Arsenal en 2001, il n’aura jamais l’opportunité de se mettre en évidence à Londres. L’actuel numéro 7 suédois choisit donc de filer à Birmingham City pour s’aguerrir avant de poser ses bagages à Sunderland en 2011. Un club avec lequel il vient de boucler une saison éprouvante. D’abord d’un point de vue collectif, puisque les Black Cats ont évité de peu la relégation en Championship. Ensuite, à titre individuel, Larsson s’est vu pour la première fois depuis plusieurs années cantonné à un rôle de joker (18 apparitions en PL pour 6 titularisations). Peu considéré par Dick Advocaat, il n’a guère joui d’une plus grande estime auprès de Sam Allardyce. Et, forcément, sa place en sélection a été remise en question. Le bougre s’est retrouvé en balance avec Jimmy Durmaz (Olympiakos), lequel présente l’avantage d’être habitué à jouer sur une aile contrairement à l’ex-Gunner dont le poste de prédilection reste milieu central. Mais, malgré tout, Erik Hamrén lui a maintenu sa confiance. « J’essaie de voir le positif de cette saison. J’ai eu le temps de travailler sur des choses que je ne fais pas habituellement, soufflait-il peu avant le début de l’Euro. Maintenant, je suis de retour et je me sens en forme. Tout a payé et j’espère que cela va se voir prochainement. » L’Italie serait un formidable point de départ.
Kim Källström, la finesse éternelle
Peut-être que les traits sont davantage tirés. Peut-être que, oui, les jambes apparaissent plus lourdes à l’aube de son crépuscule. Mais le temps ne semble avoir aucune emprise sur le pied gauche de Kim Källström. Au Stade de France, contre l’Irlande, le milieu de trente-trois piges s’est évertué à montrer que le joueur fin et délicat qui avait enchanté Rennes et Lyon n’appartenait pas encore au passé. Aux côtés de Lewicki dans l’entrejeu suédois, le milieu a étalé tout sa palette : jeu court, jeu long et volonté d’aller vers l’avant. Une prestation honnête dans la lignée de son excellente saison avec le Grasshopper Zurich. Arrivé l’été dernier en provenance du Spartak Moscou, le milieu s’est immédiatement intégré en Suisse, au point de recevoir le brassard de capitaine et de faire la Une du quotidien Blick en décembre avec cette question : « Källström est-il le meilleur joueur étranger à avoir jamais évolué en Suisse ? » Preuve qu’il a d’ores et déjà marqué les esprits. « Il a fait une très belle saison, soutient Alexandre Barthe, son coéquipier à Grasshopper. C’est le même qu’à Lyon, il se bat sur tous les ballons et a toujours cette hargne, cette grinta, même à l’entraînement. Sa qualité principale reste son mental. Physiquement, il s’entretient et se gère très bien. Il a quasiment disputé toutes les rencontres cette saison. » Tout le peuple suédois le sait mieux que personne, il ne suffira pas que des fulgurances de Zlatan pour accrocher la qualification, il faudra aussi des caresses délicieuses de son gaucher.
Andreas Granqvist, le patron de l’arrière-garde
Les sélections défilent, le crâne se dégarnit un peu plus chaque année, mais Andreas Granqvist ne flanche pas. La trentaine passée, le défenseur central a prouvé face à l’Éire qu’il s’érigeait comme le véritable patron de l’arrière-garde scandinave. Titulaire à part entière au sein de la sélection depuis l’Euro 2012, il s’est construit une réputation honnête après des passages à Wigan, Groningue et au Genoa. Désormais au club russe du FK Krasnodar, celui qui totalise 53 capes vient de boucler une troisième saison dans un championnat où il figure parmi les références. « C’est un défenseur imposant, qui a un bon gabarit, ainsi qu’un bon jeu aérien. Je trouve que c’est aussi un joueur qui a un bon placement, qui joue simple et qui dirige bien la défense. Il est très propre dans son jeu, explique Thomas Phibel, défenseur central de l’Étoile rouge de Belgrade, qui a eu l’occasion de jouer contre lui lors de ses passages à Amkar Perm et Mordovia Saransk. On sent que c’est quelqu’un d’expérimenté. En revanche, il n’est pas rapide. » C’est pourquoi le virevoltant et véloce Martin Olsson l’accompagne en tant que latéral gauche. Et que, surtout, le jeune Victor Lindelöf de Benfica forme avec lui une charnière centrale où s’entremêlent fougue de la jeunesse et sagesse. Sûrement l’amalgame idéal pour faire face aux prochains assauts de l’Italie et de la Belgique.
Par Romain Duchâteau
Propos d’Olivier Veigneau, Alexandre Barthe et Thomas Phibel recueillis par RD