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- Monaco-Juventus (0-2)
La Vieille Dame danse avec les princes
Privée de Benjamin Mendy au dernier moment, l'AS Monaco a reçu mercredi soir une leçon d'expérience à Louis-II face à une Juve largement supérieure et réaliste (0-2). Gonzalo Higuaín a inscrit un doublé. Brutal.
AS Monaco 0-2 Juventus
Buts : Higuaín (28e, 58e) pour la Juventus
Dès samedi, après une victoire arrachée au mental contre Toulouse en Ligue 1, Leonardo Jardim avait prévenu qu’il n’échangerait pas « ce succès contre une victoire contre la Juve » . L’entraîneur portugais connaît la différence entre le rêve et la réalité, entre l’accessible et l’exploit. Oui, son groupe est magnifique, brillant, mais on savait, dès le tirage au sort, qu’affronter la Vieille Dame serait complexe, voire presque mission impossible. Ce qu’on espérait était un fantasme : une résistance à l’aller, une résistance au retour et on ferait les comptes finalement. Sur un malentendu, pourquoi pas. Et un crochet en pleine gueule. Bousculée et maîtrisée tout au long de la rencontre, l’ASM a été séchée à domicile dès la manche aller de sa demi-finale de C1 par une Juventus nettement supérieure (0-2). Brutal retour sur terre.
La liberté de la cougar
Au fond, l’AS Monaco n’avait pas prévu de se retrouver ici, à cet instant, pour disputer la quatrième demi-finale de C1 de son histoire. Il y a quelques mois encore, l’objectif fixé par les dirigeants était d’atteindre les poules et de voir. Et l’Europe du foot a vu et découvert ce qui est présenté par tous comme la jeune attaque la plus excitante du continent depuis l’Ajax de 95. Puis, il y a donc eu cette Juve qui a débarqué à Louis-II avec son expérience, sa défense impériale et son équilibre parfait. Pourquoi avoir peur quand on n’a, au fond, rien à perdre ? C’est avec cette démarche que Leonardo Jardim débarquait dans ce dernier carré avec un effectif touché physiquement par un marathon débuté à la fin du mois de juillet dernier. Résultat, Benjamin Mendy a vu ses ischios le lâcher à quelques heures d’une manche aller déjà décisive tant le déplacement à Turin s’annonce périlleux. Pour le reste, du classique, à l’exception donc de la titularisation de Sidibé à gauche et de Nabil Dirar à droite. Côté Juve, Allegri avait décidé de répondre avec le retour d’une défense à trois tout en faisant grimper Alex Sandro et Dani Alves d’un cran pour foutre le bordel dans l’organisation monégasque.
Et dès les premières minutes, le styliste de Livourne a vu ses hommes répondre comme attendu en coupant des lignes monégasques, où Fabinho s’est rapidement montré noyé par l’enjeu. À l’expérience, la Vieille Dame a sauté à la gorge de ce gosse français insolent, mal réglé pour la première fois de la saison, et ce, au pire des moments. On a alors vu Pjanić prendre sa liberté, Dybala danser sans barrière et la défense turinoise tenir, même sous les quelques coups donnés par la fraîcheur de Mbappé. Puis, la punition, peu avant la demi-heure de jeu. Une relance rapide, une ouverture pour Dybala, une remise magnifique et un une-deux emmené par Higuaín, relayé par Alves, avant d’aller planter Subašić (0-1, 28e). Cynique, mais suffisant pour marcher sur les premiers – et derniers espoirs français ? – dès la pause.
La leçon et la baffe
On le savait, cette AS Monaco n’avait jamais rencontré un adversaire de ce type, et tout le monde attendait de voir comment elle allait réagir. Et le mur, les regards perdus, les automatismes écrasés et les pertes de balle inhabituelles. Ou comment assister à une leçon qui servira forcément pour la suite de l’aventure de ce groupe, malgré un début de seconde période plus positif où Buffon s’est permis d’infantiliser Mbappé, à la hauteur de l’événement. Mais, peu avant l’heure de jeu et quelques minutes après une première alerte de Marchisio, Bakayoko s’est fait gratter un nouveau ballon par le pressing de Dybala amenant une deuxième baffe fatale d’Higuaín (0-2, 58e). Jardim a alors tenté un tapis en lançant Moutinho et Germain sur scène pendant que Chiellini claquait la mâchoire de Falcao. Trop tard, trop haut, trop dur malgré un dernier superbe arrêt de Buffon devant Valère Germain. Voilà la différence entre des gosses talentueux, brillants, joueurs, et l’expérience d’une Juve insolente de puissance. Le tout avec un complexe d’infériorité presque logique, comme en 1998. Le retour sera un bonus, mais tout ne doit pas être gommé pour autant. C’est aussi ça l’apprentissage.
Résultats et classement de la Ligue des champions Retrouvez toute l’actualité de la Ligue des championsPar Maxime Brigand