ACTU MERCATO
La vie sans Farès
C'est désormais officiel, Farès Bahlouli, milieu de terrain de 20 ans formé à l'Olympique lyonnais, s'est engagé avec l'AS Monaco jusqu'en 2020. Jean-Michel Aulas récupère certes un beau pactole (3,5 millions d'euros et un pourcentage intéressant sur le prochain transfert), mais perd un joueur des plus talentueux.
Tout au long de la saison 2014-2015, adversaires, experts et spectateurs ont tous pu saluer le travail de l’équipe de l’Olympique lyonnais qui, malgré sa moyenne d’âge assez jeune due au nombre significatif de joueurs issus du centre de formation dans le onze de départ, a réussi à terminer à une place où on ne l’attendait pas. Les artisans de cette belle saison, tout le monde les connaît désormais. Ils portent les noms de Lacazette, Fekir, Gonalons ou encore Umtiti et ont prouvé une fois de plus qu’en matière de formation, la capitale des Gaules n’a rien à envier à personne. Seulement, dans l’ombre de ceux qui ont réalisé une saison pleine demeurent ceux qui n’ont pas trouvé leur place dans cette jeune équipe et qui, lassé du banc de touche, n’ont aujourd’hui que deux solutions : espérer encore ou partir. Farès Bahlouli a lui décidé de partir glaner des minutes de jeu du côté de Monaco. Et vu le talent qu’il a dans les pieds, personne ne peut vraiment lui en vouloir.
Monaco et l’art Martial
Quatre maigres apparitions en Ligue 1 la saison passée, une titularisation en Ligue Europa contre l’Astra… C’est peu dire que le bilan de Farès Bahlouli à Lyon est maigre. Famélique, même. Et malgré tout, l’AS Monaco n’a pas hésité à mettre la main à la poche pour s’attacher ses services. 3,5 millions pour un joueur plus habitué à la CFA qu’à la Ligue 1, voilà qui aurait de quoi surprendre partout ailleurs que dans la principauté. Car sur le Rocher, cela fait déjà un moment qu’on n’hésite plus à sortir le chéquier pour des jeunes talents sous exploités à forte valeur ajoutée. Les exemples sont légion, mais s’il y a bien un transfert auquel fait immédiatement penser celui de Farès Bahlouli, c’est évidemment celui d’Anthony Martial, en juin 2013. Assez peu utilisés dans le onze lyonnais lors de la saison 2012-2013 (4 apparitions avec l’équipe première, ndlr), le jeune attaquant au talent certain avait quitté Lyon contre cinq millions d’euros. Et c’est peu dire que le pari a été payant du côté de Monaco, où il a déjà joué 63 matchs et inscrit 14 buts, prenant toujours plus de poids au sein de l’attaque rouge et blanc.
Alors le transfert de Farès – conclu le jour de la saint Martial – n’a vraiment rien d’une surprise, et son montant non plus. Dans une proportion moindre, le cas du jeune Lyonnais peut même être comparé avec celui de Bernardo Silva. Le Portugais, délaissé dans son club du Benfica Lisbonne, avait fini par signer à l’ASM contre 15,75 millions d’euros après y avoir d’abord passé une année en prêt. Le point commun entre Martial et Silva ? Ils ont tous deux réalisé une saison pleine et ainsi démontré l’ampleur de leur talent. À Farès Bahlouli d’être désormais aussi consciencieux que ses prédécesseurs et de fournir le travail nécessaire pour s’insérer dans un onze déjà bien en place, mais auquel il pourrait apporter un peu de sa technique au milieu de terrain. Une chose est certaine, ce transfert s’inscrit parfaitement dans la stratégie assumée du club de la principauté, qui vient sans doute de réaliser un des bons coups du mercato. À moins que cette fois-ci, la magie n’opère pas. Bien que son talent soit indéniable, bien des rumeurs circulent sur Farès Bahlouli et son manque de temps de jeu à Lyon.
Un crime d’Aulas majesté ?
À Lyon, rarement un joueur avait autant agité les conversations que Farès Bahlouli. Il faut dire que ceux qui ont eu la chance de le voir évoluer du côté de la plaine des jeux de Gerland ont pu prendre la mesure de sa technique et de son potentiel. Pour certains, il n’y a aucun doute possible, la vente de cette pépite est un crime de lèse-majesté, une erreur incroyable dont l’OL finira par se mordre les doigts. D’autant que nombreux sont ceux qui pensaient qu’après son tournoi de Toulon avec l’équipe de France espoirs, l’heure de Farès avait enfin sonné. Sur les réseaux sociaux, la mesure n’existe pas et certains médias locaux, comme Le Libero Lyon, compositeur d’une chanson à son égard, se sont mus en fervents défenseurs du joyau Bahlouli. En bref, autour de Gerland, les gens sont aujourd’hui plus nombreux à voir le verre à moitié vide. Vide d’un talent muselé qui aurait dû avoir sa chance depuis déjà longtemps. Seulement, s’il ne l’a pas eue, c’est qu’il doit y avoir une raison. Voire plusieurs.
Pour commencer, Bahlouli a dû affronter à Lyon une concurrence de qualité à son poste de prédilection, comme l’expliquait Hubert Fournier en conférence de presse, lundi : « C’est un joueur qui a peut-être du talent, mais qui n’a pas pu l’exprimer du fait de la concurrence avec des joueurs internationaux. » Des joueurs internationaux, comme Nabil Fekir, Clément Grenier, Yoann Gourcuff, etc. Le problème, diront certains, c’est qu’avec Grenier et Gourcuff blessés, Bahlouli aurait dû avoir sa chance. Et il aurait sans doute pu l’avoir après la trêve hivernale, mais, accusant une surcharge pondérale d’au moins 8 kilos, Farès Bahlouli avait été envoyé une semaine dans l’Espace Henri Chenot du Palace Merano, au nord de l’Italie, en cure d’amincissement. Enfin, si Farès n’a pas convaincu, c’est peut-être simplement qu’il n’a pas fait les efforts nécessaires lors des entraînements. En janvier dernier, notamment. Maintenant, il ne reste plus qu’à s’habituer à la vie sans Farès. Et il est certain que la plaine des jeux de Gerland vibrera un peu moins sans ses dribbles précis et ses instants frisson. Mais 3,5 millions d’euros pour un joueur de la réserve, ce n’est pas si mal, non ?
Par Gabriel Cnudde, à Lyon