La vie de Konstantin Zyrianov

Pour faire court, Zyrianov serait un peu l’anti-Arshavin du Zénith. Un bon joueur de club, dont le talent ne s’exprime que dans un collectif bien huilé.

Elu meilleur joueur russe en 2007, avant l’explosion de son coéquipier, Zyrianov est le stéréotype du footballeur russe old-school : coupe de merde, dents jaunes, teint laiteux. Une sorte de Serguei Semak en plus doué et en plus patriote que l’ancien Parisien : « Beaucoup de joueurs russes partent vers l’étranger pour ne rien faire. Ils préfèrent l’argent à leur pays. Moi je considère la Russie comme le premier pays du monde, et ce dans tous les domaines. Je suis heureux ici alors pourquoi je partirais ailleurs ? » .

Konstantin est un bon petit soldat, vous l’aurez compris. Mais pas un visionnaire. Sélectionné dans l’équipe russe du dernier Euro, Zyrianov avait déclaré que l’Espagne ne battrait jamais la Russie. Et malgré les deux défaites contre les Ibères, il ne se démonta pas : « Le meilleur joueur espagnol de tous les temps est Raul. C’est pas grand-chose…D’ailleurs je ne vois pas l’Espagne gagner l’Euro contre les Allemands » . Visionnaire on vous dit…

Si la perception du monde et du football est un peu floue pour le milieu de terrain du Zénith, c’est avant tout à cause des quatre tranquillisants qu’il s’enfile par jour (dont un avant les matchs).

En 2003, les médecins du Torpedo Moscou lui prescrivent des petites pilules pour lutter contre ses angoisses et ses penchants suicidaires. Il faut dire que la vie de famille de Zyrianov a été quelque peu agitée.

En 2001, son père meurt tragiquement dans un accident de voiture. Quelques mois plus tard, c’est son frère, poignardé en pleine rue par un inconnu, qui passe l’arme à gauche. La vie est décidément une belle salope avec Konstantin. Zyrianov encaisse, pour mieux déguster quelques mois plus tard.

A l’été 2002, tout semble pourtant revenir à la normale. La vie reprend donc son cours. Il est l’une des pièces maîtresses du Torpedo ; ses dirigeants viennent de le prolonger avec une augmentation de salaire à la clé.

En rentrant chez lui, néanmoins, le rêve va une nouvelle fois virer au cauchemar. Sa femme Olga a avalé un cocktail Molotov à base de médicaments et d’alcool et fait le saut de l’ange du huitième étage avec la petite Irina, quatre ans à peine…

Sa fille est tuée sur le coup. Olga, elle, décèdera un mois plus tard à l’hôpital. Officiellement des suites de ses blessures. Officieusement, ce serait le joueur qui aurait débranché lui-même le respirateur de sa femme (à la demande d’Olga), pour abréger ses souffrances et ainsi “stopper” les procédures judiciaires en cours pour l’assassinat de la petite Irina.

Beaucoup auraient alors plongé et abandonné le football. Pas Konstantin : « Si j’étais resté chez moi, je me serais vraiment suicidé. Taper dans un ballon, c’est la seule chose qui me permettait d’oublier ce cauchemar » .

A force de s’acharner sur le cuir, Zyriakov multiplie les bonnes prestations et file en 2007 vers l’équipe de la ‘Venise du Nord’, tout en se gardant de vendre l’appartement moscovite où a eu lieu le drame : « Après la mort de ma femme et de ma fille, j’ai continué à y vivre. Ce n’est pas macabre de le conserver, c’est une question de respect » .

Sur les rives de la Néva, il devient le meilleur joueur du pays et savoure sa consécration en annonçant ses fiançailles avec Natasha, sa nouvelle compagne. « La femme qui m’a redonné confiance en la vie » .

Question foot en revanche, Konstantin n’a jamais perdu la foi, comme l’attestent les victoires en championnat et en Coupe de l’Uefa du Zénith. En juin dernier, sa deuxième femme a donné naissance à son premier fils. Du coup, Zyriakov s’est un peu relâché sur le terrain…Vraiment des branleurs ces Soviétiques !!!

Par Javier Prieto Santos