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La vie de João

Par Maxime Brigand
La vie de João

Président de la FIFA de 1974 à 1998, João Havelange est mort ce mardi à l'âge de cent ans, alors que les compétitions d'athlétisme se tiennent actuellement dans le stade qui porte aujourd'hui son nom à Rio. L'ancien boss du foot mondial laisse derrière lui l'ouverture de la Fédération à l'internationale, mais surtout une culture de la corruption massive avec son plus beau représentant : Sepp Blatter.

L’histoire retiendra que João Havelange est mort en pleine fête, un matin d’août, alors que sa ville natale accueille actuellement les Jeux olympiques. Rio venait alors à peine de se réveiller quand elle a appris la perte de l’ancien président de la FIFA à l’âge de cent ans ce mardi matin. Il y a le choc de la disparition d’un homme qui a porté le football international entre 1974 et 1998, mais surtout le legs d’un empereur déchu dont l’image est étroitement liée à la folie économique, aux scandales de la FIFA et à l’affaire ISL qui lui a coûté sa place de président d’honneur d’une organisation dont il parlait dans les derniers souffles de sa vie comme d’un « monstre » tentaculaire. Une toute-puissance opaque qui n’a aujourd’hui plus de crédibilité et qui couve actuellement quelque 1,34 milliard de dollars selon les derniers chiffres publiés en décembre dernier.

Voilà ce que Havelange a laissé derrière lui, alors qu’il racontait en 1998 au Monde avoir récupéré une FIFA qui « n’avait pas un sou dans les caisses en 1974. C’était une vieille maison dont la politique économique manquait totalement de dynamisme. Avant d’être un amateur de foot, je suis un administrateur. Administrer, c’est ne jamais manquer de ressources. » Car, quand Jean-Marie Faustin Goedefroid de Havelange a débarqué pour succéder à Stanley Rous, la Fédération internationale logeait déjà à Zurich, mais dans un petit immeuble modeste. Les programmes de développement n’existaient pas, les coupes du monde de jeunes et les grosses réceptions non plus. Ce n’était alors qu’une micro-organisation qui s’occupait des affaires courantes du football international. Puis Havelange a fait tomber son slip de nageur qui a participé aux JO de Berlin en 1936 pour faire de la FIFA une nébuleuse où se croisent les sponsors et les intérêts avec, au premier rang de tous, Adidas et son PDG Horst Dassler.

Coca-Cola, les étoiles et le besoin de Sepp

Fils d’un ingénieur belge débarqué au Brésil en 1913, João Havelange a quasiment tout fait : il a joué au foot avec Fluminense, il a nagé, il a joué au water-polo à Helsinki en 1952 en menant en parallèle sa carrière d’avocat membre du Comité international olympique (CIO) entre 1963 et 2011. Havelange était avant tout un puissant, un dirigeant reconnu pour sa réussite avec la compagnie d’autobus Viaçao Cometa, puis à la tête de différentes sociétés dans le bâtiment, la publicité ou encore les assurances. Au point de se mêler à travers les réseaux, de fréquenter le parrain de la mafia de Rio, Castor de Andrade, mais surtout de se faire une place à la tête de la Confédération brésilienne de foot (CBF) de 1958 à 1973. Une période faste où le Brésil greffa trois étoiles à son maillot (1958, 1962 et 1970). De quoi s’assurer la carte de visite, la réputation et s’infiltrer doucement dans les arcanes de la FIFA où il pénètre définitivement dans les années 70 en couvrant les frais de déplacement de plusieurs fédérations votantes pour les élections de la Fédération.

Voilà la clé de son élection, la première pour un candidat non européen, en 1974, avec l’objectif affiché d’ouvrir la FIFA au-delà de l’Europe et de l’Amérique latine. C’est de là qu’est née la machine Havelange, en ouvrant la porte à Adidas qui a injecté sans compter dans l’administration sportive, en formant Sepp Blatter et le « parrain » du sponsoring Patrick Nally, à l’origine du partenariat entre la FIFA et Coca-cola, considéré aujourd’hui encore comme la bascule vers le foot-business. Voilà ce que Blatter confiait à So Foot en mai 2015 à propos de son mentor : « Pour Havelange, le sport devait être universel et il cherchait quelqu’un pour vendre cette idée… Je n’étais qu’un instrument à son service. »

L’homme de fer

Puis, il y a eu les choix : l’exclusion de l’Afrique du Sud en 1976, alors en plein apartheid ; le remplacement d’Helmut Käser, alors secrétaire général de la FIFA, par Blatter en 1981 ; et l’explosion massive des droits TV pour faire du football « un langage universel » . Havelange maîtrise tout, il contrôle tout et n’a pas d’opposants lors de ses différentes élections. C’est un homme « de fer » qui fait peur parce qu’il a le pouvoir. Celui de dessiner sa propre domination avant de laisser sa place en 1998 avec, selon ses mots, « quatre milliards de dollars » dans les caisses. La suite est connue : Blatter qui lui succède après avoir essayé de l’exterminer, les secrets de la société International Sport and Leisure (ISL) – chargée de vendre les droits marketing des compétitions mondiales de 1982 à 2001 et créée par le boss d’Adidas Dassler – et la bombe qui explose autour de 105 millions d’euros de pots-de-vin.

Pour l’histoire, l’affaire a été classée sans suite en 2010 par le parquet suisse de Zoug. Mais derrière, Havelange reste une culture de la corruption, l’héritage d’une bombe tentaculaire qui a maintenant explosé et qui a pourri définitivement les dernières années de sa vie, et jusqu’à ses successeurs à la tête de la CBF. L’histoire retiendra surtout que le 8 mai dernier, la FIFA avait refusé d’organiser une fête hommage pour l’anniversaire de son ancien président. Rio ne l’aura pas vu une dernière fois pour la cérémonie d’ouverture de ses Jeux. Mais le football lui a déjà fait un super cadeau pendant des années.

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