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La vache, Espanyol…

Par Antoine Donnarieix
4 minutes
La vache, Espanyol…

Au terme d’une saison foirée dans les grandes largeurs, l’Espanyol de Barcelone est la première équipe de Liga à descendre en deuxième division à l’issue de cette saison 2019-2020. Une énorme surprise dans un exercice à oublier pour des Pericos déjà tournés vers une reconstruction pour rebondir au plus vite.

Cela devait forcément se terminer de cette manière pour l’Espanyol. Sans public, sans réussite et sans but marqué, à l’image de la saison cataclysmique traversée par le deuxième club de Barcelone. Vingt-six ans après leur remontée au plus haut niveau national, les Pericos ont été taquinés par le destin. De fait, leur sort a été scellé au Camp Nou, l’antre de leur encombrant voisin blaugrana, à cause de qui ils évoluent dans l’ombre depuis de nombreuses années. Pourtant, l’Espanyol est très loin d’être un poids mouche en Espagne. La preuve ? Quatre-vingt-cinq saisons passées dans l’élite au cours de son histoire, soit le quatrième ratio (ex-aqueo avec le FC Valence) le plus important à l’échelon national. Seuls les trois irréductibles pensionnaires de Liga, le Real Madrid, le Barça et l’Athletic Club, font mieux. Hier soir, c’est un taulier de Liga qui a dit au revoir à la première division.

Le complexe de Cornellà-El Prat

Au revoir, mais pas adieu. C’est du moins ce que souhaitent les amoureux d’un football fait de lutte et de contradiction face à l’ordre établi. Supporter l’Espanyol, c’est avant tout s’apprêter à devenir le mal-aimé, l’indésirable, le laid. Et cette saison-là, les Catalans se sont sans doute trop approchés de leur identité. Dès le début du championnat, les affaires ont mal démarré : une défaite contre le FC Séville à domicile (0-2) qui n’annonçait que les prémices de la traversée d’un interminable tunnel pour l’Espanyol. Dans son stade de Cornellà-El Prat, l’hôte barcelonais va enchaîner six revers consécutifs avant d’empocher son premier point contre Getafe (1-1), le 24 novembre 2019. À la mi-saison, le club ne compte que cinq points et ne s’est toujours pas imposé à domicile. La situation est déjà désespérée, et les investisseurs tirent logiquement la tronche.

Obligée de réagir, la direction injecte des moyens financiers à forte dose dans des recrues hivernales avec les arrivées du gardien Oier Olazábal, du stoppeur uruguayen Leandro Cabrera, de l’ailier Adrián Embarba et du buteur Raúl de Tomás. Total : plus 40 millions d’euros. Mais malgré un sursaut d’orgueil qui permet aux Blanquiazules d’obtenir leur premier succès à domicile de la saison en championnat contre le Real Majorque (1-0) le 9 février 2020, le club ne parvient pas à décoller de son poste de lanterne rouge sur le long terme. Crise du Covid-19 ou pas, le destin de l’Espanyol était déjà tout tracé. « Le futur doit être comme celui de l’équipe que j’ai vue ce soir, explique Francisco Rufete, quatrième entraîneur de l’Espanyol durant la saison 2019-2020, en conférence de presse après la défaite de trop face au Barça (1-0). La situation est difficile et les conséquences en découlent. C’est une grande opportunité pour construire un nouvel Espanyol et combattre. Nous devons créer notre identité, faire le nécessaire pour se rapprocher de nos supporters. » Rideau.

Yansheng, capitaine en flammes

Cumulé à la relégation du FC Gérone la saison passée, la Catalogne perd une deuxième équipe de rang au meilleur niveau national, et la région autonome va probablement pâtir de ce coup de massue bien difficile à prévoir en début de saison. Pourquoi ? Parce qu’au départ, le club débordait d’ambitions, à l’image de sa qualification en Ligue Europa, compétition dont il a été finaliste en 1988 et 2007. Vaincu par Wolverhampton en seizièmes de finale (4-0, 2-3), l’Espanyol de Barcelone s’est probablement vu trop beau trop vite. En janvier 2016, l’homme d’affaires chinois Chen Yansheng rachetait le club et ambitionnait alors « la Ligue des champions dans trois ans ». Quatre années plus tard, voilà l’institution envoyée dans l’antichambre de la Liga. Forcément, il y a de quoi faire la grimace.

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