- CAN 2017
- Gr. B
- Algérie-Tunisie (1-2)
La Tunisie fane les Fennecs
Sauvée par ses talents individuels contre le Zimbabwe, l'Algérie n’a pas retrouvé cette réussite face à la Tunisie qui lui a donné une leçon de collectif.
Algérie 1-2 Tunisie
Buts : Hanni (90e) pour l’Algérie // Mandi csc (50e), Sliti (66e sp) pour la Tunisie
Une tête carrée. Impossible de trouver un autre terme pour décrire le geste improbable de Faouzi Ghoulam. Suivi par Khazri alors qu’il doit simplement couvrir le ballon quelques mètres dans son camp avant de le céder à son gardien, le défenseur de Naples balance une lamentable bobèche qui n’a d’autre conséquence que de lancer l’attaquant tunisien en profondeur. On a dépassé l’heure de jeu, l’Algérie est déjà menée, mais Ghoulam n’hésite pas à plaquer son voisin au sol. Le problème, c’est qu’il le fait un peu trop tard. En deux mots : c’est dans la surface. Jauni, le Fennec voit le Lillois Sliti placer son penalty sur sa droite, c’est 0-2 et l’Algérie est au fond. Pointés parmi les favoris du tournoi, les protégés de Georges Leekens n’ont utilisé qu’un gros quart d’heure pour légitimer ce statut. La suite, c’est une liste infinie d’à-peu-près, de services manqués, de têtes baissées et de fautes de mecs complètement dépassés. Le 47e derby du Maghreb tombe logiquement dans l’escarcelle tunisienne.
Quart d’heure warholo-algérien
Tout semblait réglé sur le bouton « on » , côté algérien. Après quinze secondes, Slimani commet sa première faute. Mais c’est plutôt signe du déchaînement du Fox : en quelques instants, il provoque deux coups francs dont un, frappé par Brahimi, est détourné du majeur par Mathlouthi. Sur le corner, Mandi claque une aile de pigeon pour trouver Slimani au deuxième poteau… Le gardien tunisien est encore là pour dégager du tibia. Les Fennecs forcent à nouveau le gardien de l’ES Sahel à jouer à « Tête, épaules et genoux-pieds » via un boulet de Guedioura avant de laisser leur côté terriblement entreprenant de côté. Ils lèvent ensuite le pied, laissent la possession à leurs voisins et procèdent en contre en profitant du no man’s land créé par le onze tunisien au milieu du terrain. Mais l’avant-bras de Mathlouthi se montre à son tour décisif sur une tentative de Mahrez pour le reste décevant. Finalement, c’est grâce au seul Slimani que l’Algérie reste au contact de son adversaire parce qu’à part ça, le pressing ne fonctionne pas et les approximations sont légion. Plus le match avance, plus les gars de Georges Leekens sombrent et laissent les Rouge et Blanc assurer un succès facile. Seule éclaircie : l’entrée en jeu de Sofiane Hanni, qui booste les siens dans le jeu et au tableau d’affichage d’une superbe prune dans les arrêts de jeu.
Collectif de Carthage
Du côté tunisien, il faut attendre la dixième minute pour que les Aigles déploient leurs premières ailes : pas d’originalité pour autant, c’est sur phase arrêtée que Khazri échauffe Asselah. Le même Khazri profite ensuite d’un corner pour montrer qu’en 2017, il existe encore des gardiens qui ne jugent pas utile de placer un homme au premier poteau. Le ballon, parfaitement bien donné, flirte avec la ligne, Msakni et Akaichi avant de sortir en faveur d’Asselah qui feint d’avoir tout maîtrisé depuis le début. Meneuse et joueuse, la Tunisie monopolise le ballon face à des Algériens au mental singulièrement fébrile. Trois d’entre eux en particulier vont d’ailleurs salement le payer en seconde période. Alors qu’ils sont en train de défendre en pleine acrasie, ils vont ainsi se faire mettre dans le vent comme des bleus. Il faut dire que la louche qui les cocufie est magnifique. Et c’est le seul moyen que Ferjani Sassi a trouvé pour se débarrasser efficacement du ballon à quelques mètres du coin droit de la surface. Isolé, Msakni en profite pour poinçonner la défense algérienne. Son centre, vicieux, est dévié de l’intérieur du pied par Mandi, la Tunisie est devant. Une fois meneuse, elle continue de maîtriser le ballon et Abdennour de sourire après chacune de ses grossières poussées. La donne ne change pas après le 2-0. Les gars d’Henryk Kasperczak prouvent à nouveau qu’ils auront leur mot à dire dans cette CAN. Et ce malgré la triste tentative de reborn du cirage sous les yeux de Rami Jeridi, le keeper remplaçant de Mathlouthi, blessé.
Par Émilien Hofman