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La tumultueuse vie de San Iker de l’autre côté de la péninsule
Arrivé en héros du côté du FC Porto l’été dernier, Iker Casillas a déjà offert de jolis succès à son nouveau club, mais aussi pas mal de boulettes. Soutenu par une grande partie du public portista, l’Espagnol est quand même loin de faire l’unanimité. Pas forcément une super nouvelle avant son probable dernier Euro.
25e journée de Liga Nos. Braga reçoit le FC Porto d’Iker Casillas et mène 2-1 dans les arrêts de jeu, devant des Dragons réduits à dix. Perdu pour perdu, l’international espagnol appuie sur la touche triangle de sa manette et sort loin, très loin de sa surface dans l’espoir de récupérer un ballon haut pour offrir une dernière occasion aux siens et pourquoi pas égaliser. Mal lui en prend. San Iker a deux secondes de retard sur le vieil Alan qui a tout son temps pour l’éliminer et l’humilier d’un tir lointain. La vidéo de l’action ne tarde pas à faire le tour du monde. Sortie de son contexte – celui d’une action désespérée pour éviter une défaite probablement synonyme d’adieu au titre de champion portugais -, l’action devient la parfaite illustration de l’inexorable déclin de Casillas dont se délectent ses détracteurs. Casillas est nul, Casillas n’est plus ce qu’il était, Casillas a bien fait de partir du Real Madrid, Casillas n’a plus sa place en équipe nationale, Casillas va partir en MLS… Les journaux portugais en viennent même à faire fuiter une pseudo discussion du président Pinto da Costa au cours d’un dîner lors duquel ce dernier aurait grosso modo déclaré qu’il en avait marre des bourdes de l’ancien gardien du Real Madrid et que son transfert en MLS était déjà programmé pour l’été 2016. Polémique balayée par le boss des Dragões quelques heures plus tard. Iker est très bien là où il est, et il ne partira pas après une pauvre escale d’un an. Kaká, qui a essayé de l’enrôler du côté d’Orlando City, est apparemment bien placé pour le savoir. « J’espère pouvoir le faire venir ici (aux États-Unis), mais il m’a dit qu’il voulait continuer de jouer au Portugal » , a déclaré le Brésilien à la Cadena Cope. Info ou intox ? Réponse cet été.
Stock de maillots écoulé en 24 heures
La vérité, c’est que la plus grande star de l’histoire récente du championnat portugais a fait couler l’encre dès son arrivée sur le littoral portuense. De l’opacité de son transfert au présumé refus de venir vivre à Porto de Sara Carbonero, Casillas est devenu le centre de toutes les attentions avant même de disputer son premier match pour son nouvel employeur. Mais la folie engendrée par la présence de San Iker dans la deuxième ville du Portugal n’est pas seulement négative. Au contraire. La plupart des Portistas réservent un accueil chaleureux au nouveau gardien du temple et lui disent tout leur amour quand ils ont la chance de le croiser dans les rues de la cidade invicta. Et puis il y a cet Espagnol bien avisé qui, au lendemain de la signature du légendaire merengue chez les azuis e brancos, achète tout le stock de maillots Casillas disponible chez New Balance (l’équipementier du FCP). Résultat, le record de vente pour des maillots de gardien du club est explosé. Sans parler des fidèles du saint portier qui multiplient les allers-retours entre l’est et l’ouest de la péninsule Ibérique pour voir comment s’en sort leur idole sous ses nouvelles couleurs. L’euphorie se propage même jusqu’à certains supporters des formations rivales, contents de pouvoir accueillir un homme de cette envergure sur leur sol tout en espérant le voir échouer avec sa nouvelle équipe. Bref, à part les anti-Espagnols et les groupies d’Hélton (l’ancien gardien titulaire de Porto), tout le monde était à peu près heureux de voir débarquer Iker Casillas au Portugal.
Mauvais endroit, mauvais moment
Sur le plan sportif, il est difficile d’évaluer le passage de l’ex-Merengue au FCP, tant celui-ci a oscillé entre l’excellent et le mauvais. Outre la sortie gênante à Braga, l’Espagnol aura coûté cher contre Guimarães en championnat et le Dynamo Kiev en Ligue des champions. Ce n’est ni plus ni moins que ce que faisait Hélton par saison quand il occupait assidûment les buts des Dragões. Le hic, c’est que les supporters ne veulent pas avoir San Iker pour faire du Hélton. Autant remettre le Brésilien, sa détente féline et ses dribbles fous dans les cages si c’est pour obtenir les mêmes résultats. D’un autre côté, le Casillas des grands jours sème le doute dans l’esprit des observateurs du football portugais. Car pour contrebalancer ses trois énormes bourdes, l’international espagnol a eu la géniale idée de dégoûter Benfica en championnat à l’aller et au retour et d’éviter le naufrage contre le Sporting et le Borussia Dortmund, entre autres. D’ailleurs, avant sa rechute à Braga, le gardien portista avait remonté la pente après un mois de décembre laborieux, à tel point qu’il était redevenu difficile de deviner qui, de lui ou De Gea, garderait les poteaux de la Roja. De plus, la rechute est relative. Il est difficile pour un dernier rempart de briller sans discontinuer avec une défense aussi friable que l’est celle de Porto depuis plusieurs mois. Entre Maicon (déjà parti à São Paulo), Marcano, Martins Indi, Layún – excellent offensivement, mais souvent à la ramasse derrière – et le jeune Chidozie (19 ans) que l’on lâche dans la nature pour pallier les blessures des derniers cités, on imagine mal comment Casillas pourrait être serein. Finalement, le plus gros défaut de l’Espagnol, c’est d’avoir posé ses valises à Porto au moment où le club traverse la plus grave crise de l’ère Pinto da Costa. Mauvais endroit, mauvais moment.
Par William Pereira