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La toupie d’Antony, c’est oui
Incendié pour avoir simplement tourné sur lui-même face au Sheriff Tiraspol en Ligue Europa ce jeudi (3-0), Antony est pourtant l’une des raisons pour lesquelles on aime le foot : il est lui-même.
On vient de dépasser la 37e minute de Manchester United-Sheriff Tiraspol, à Old Trafford ce jeudi soir, quand une clameur s’échappe des travées de la mythique enceinte des Red Devils. Un but de CR7 ? Une chevauchée fantastique de Marcus Rashford ? Rien de tout ça. Sur une passe en l’apparence anodine de Casemiro, Antony a profité du marquage large de son adversaire direct pour sortir de son chapeau sa spéciale : la toupie. Un mouvement où il tourne sur lui-même qu’il faisait déjà à l’Ajax, son ancien club, ou bien en équipe nationale avec le Brésil.
je suis mort, mais pk il a fait Antony ce fou #antony #ManUnited pic.twitter.com/SVXU8ioChi
— Ro & So (@Si__Ro_ytb) October 27, 2022
Une marque de fabrique pour certains, une « fantaisie » pour d’autres, qui a même poussé Erik ten Hag, le coach mancunien, à s’exprimer après cette affiche européenne : « Quand il y a un geste technique comme ça, c’est bien tant que c’est utile. Si vous ne perdez pas la balle, alors c’est OK. Mais si c’est un geste technique pour faire un geste technique, alors je le reprendrai. » Un discours attendu venant de son coach. Et plus cohérent que la pluie de critiques qui s’abat sur l’ailier brésilien depuis bientôt vingt-quatre heures.
Toupie or not Toupie ?
Lorsqu’on écoute les ayatollah de l’efficacité – précepte qui devrait prédominer en toutes circonstances sur un rectangle vert selon eux -, le geste d’Antony n’a absolument rien à faire sur un terrain de football. Ce sont certainement les mêmes qui s’offusquaient du sombrero gratuit de Neymar sur Corentin Jean, lors d’un PSG-Strasbourg de février 2018 ou encore des passements de jambes dans le vent de Cristiano Ronaldo époque Real Madrid (ou Manchester United, au choix). Pourtant, en assumant (et en réussissant) sa toupie devant les 74 000 spectateurs d’Old Trafford, Antony donne aux gens également ce qu’ils sont venus voir : du spectacle.
Si on veut même pousser la logique plus loin, on remarque sur l’action que cette « fantaisie » permet en réalité à Casemiro de se projeter dans la surface adverse. C’est ce temps d’attente, où le défenseur du Sheriff ne sait pas s’il doit sortir sur lui ou non, qui permet à l’ancien du Real de faire cette course. D’ailleurs, c’est ce qui est presque le plus cruel dans toute cette histoire : si Antony avait réussi à retrouver son compère brésilien, on aurait alors crié au génie. Et personne n’aurait pleurniché.
Laissez les artistes tranquilles
Il convient désormais de se demander quel football on souhaite, et surtout, quel football on tolère. On peut totalement attendre des grandes équipes de l’efficacité, du jeu en une touche de balle, des buts sur chaque action, 35 passes avant d’aller fusiller le portier adverse. Tout cela n’est en rien incompatible avec ces gestes qui sortent de l’ordinaire. Il y a cinq jours, Antony avait déjà fait sa toupie à Stamford Bridge face à Chelsea.
Cela ne l’a pas empêché de livrer un bon match dans l’ensemble et de voir Manchester United accrocher le point du nul. Comme cela ne l’avait pas empêché par le passé de marquer face à Arsenal ou Manchester City. Mais au-delà des statistiques et des performances, par ailleurs plutôt bonnes depuis son arrivée cet été de l’Ajax, Antony inspire. Car dans les cours d’école, c’est bien sa toupie que les jeunes gamins vont tenter de reproduire plutôt que des sprints sur vingt mètres. Tant mieux pour le foot.
Par Andrea Chazy