- Ligue des champions
- 4e journée
- Groupe B
- Bâle/Ludogorets
La surprise Ludogorets
Lâché, comme toutes les autres équipes, par le Real Madrid dans ce groupe, le bizut bulgare reste toujours en course pour la qualification, avant le début des matchs retours. Tout est encore possible
Et si, en football, tout n’était qu’affaire de réussite ? Ce petit soupçon de chance qui sert à transformer une bonne prestation en exploit ou à éviter qu’un match en demi-teinte ne se concrétise par une désillusion. Si les dieux du foot avaient été bulgares, Ludogorets, plus petit budget de cette Ligue des champions, trônerait en tête d’une poule composée du Real Madrid, du FC Bâle et Liverpool à mi-parcours. En ouverture, le triple champion de Bulgarie s’est incliné 2-1 à Anfield sur un penalty à la 93e, après avoir égalisé deux minutes plus tôt. Deux semaines plus tard, c’est carrément le champion d’Europe madrilène qui a failli vaciller et qui s’est sorti du bourbier de Sofia sur le même score grâce à la générosité de l’arbitre, mais après avoir concédé le premier but. Finalement, il aura fallu attendre la venue des Suisses au pays de Kostadinov pour que les hommes de Georgi Dermendzhiev n’inscrivent leurs premiers points dans la compétition. Avec, cette fois, le coup de pouce du destin de leur côté puisque le but de la victoire fut inscrit dans les arrêts de jeu, plaçant ainsi les trois concurrents pour la deuxième place sur la même ligne de départ avant la phase retour, loin derrière le Real et ses neuf unités.
Qualifié sans gardien
De quoi rêver secrètement à une qualif’ surprise ? On n’en est pas encore là, mais après tout, le club de Razgrad – petite bourgade de 30 000 âmes de l’Est du pays – a bien le droit d’y croire, tant sa présence à ce stade de la compétition tient déjà du miracle. Rappel des faits : en tour préliminaire, les Bulgares sont venus à bout du Steaua Bucarest aux tirs au but avec un joueur de champ, Cosmin Moți, dans les bois. Et tout ça après avoir marqué le but synonyme de prolongation à la 93e. Pour autant, ne pas comparer l’équipe avec un vulgaire petit poucet habité par la foi, la chance et par la hype à la Calais. Les actuels résultats ne sont qu’une conséquence logique d’une progression constante depuis trois saisons. Ils sont tout simplement davantage mis en lumière aujourd’hui du fait de la renommée de la C1. « Attention, à part le PSG, je pense qu’on peut rivaliser avec n’importe qui en Ligue 1. Et en Ligue Europa, on a quand même tapé la Lazio l’an dernier, le PSV Eindovhen… » , note le défenseur français Alexandre Barthe, au club depuis trois ans.
Entraîneur kleenex
Si les perfs du club bulgare détonnent autant, c’est pour deux raisons. La première, c’est que les joueurs composant l’équipe sont des inconnus pour qui ne pratique pas Football Manager avec acharnement, là où Famagouste en son temps – autre petit poucet qui a eu son quart d’heure de gloire en Europe – alignait par exemple l’ancien Madrilène Savio. Alexandre Barthe n’a jamais joué en Ligue 1. Marcelinho, la star brésilienne de l’équipe, sort de nulle part. La seconde, c’est que Ludogorets est un club sans passé, construit de toutes pièces, pour ne pas dire à la va-vite, par une fortune locale, et qui se permet de faire la nique aux clubs de Sofia. Malgré les titres, l’essentiel de l’effectif est quasiment renouvelé pour moitié chaque saison. Les entraîneurs, eux, sont jetés par le proprio Kiril Domuschiev tels des Kleenex avec une implacable régularité. Malgré cela, les Verts continuent de gagner, à l’heure où l’on clame partout qu’il faut du temps et de la stabilité en coulisses pour que ça se traduise sur le terrain. Peut-être que c’est à ce niveau-là que les dirigeants du club peuvent se dire qu’ils ont une bonne étoile…
Par Marc Hervez