- CDM 2018
- 8es
- Suède-Suisse (1-0)
La Suisse regagne son perchoir
Portée par une opinion publique enthousiaste, la Nati s'était lâchée en ouvrant ses ailes face à la Serbie en phase de poules, à l'image des célébrations de l'aigle bicéphale de Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri. Et avait annoncé qu'elle déboulerait avec des sérieuses ambitions face à la Suède ce mardi, pour arracher son premier quart de finale en Coupe du monde depuis 1954. Avant de finalement redescendre sur terre, plombée par ses limites offensives.
« Je pense qu’on a vraiment une équipe de vainqueurs. Quelque chose est possible. Ce n’était pas toujours le cas dans le passé. Je suis forcément à fond. » Roger Federer a beau avoir entamé son tournoi de Wimbledon, il ne manque pas une miette du Mondial de sa Nati, en qui il affiche un degré de confiance inédit. Un optimisme plutôt partagé en Suisse, où l’équipe nationale a impressionné en phase de groupes, notamment en tenant en échec le grand Brésil. La Suède, adversaire considéré comme dangereux, allait bien finir par plier : sur le papier, la Suisse avait après tout plus de qualités aux quatre coins du pré. Sur le papier seulement.
Domination stérile
La Nati est-elle pour autant vraiment à blâmer ce mardi, après s’être fait sortir sur la plus petite des marges par les Suédois ? Difficile à dire. Côté pile, la Suisse a essayé de tenir le ballon et de donner le tempo du match. Suivant ainsi la directive de son sélectionneur, Vladimir Petković, qui avait annoncé d’entrée : « C’est un match que nous voulons dominer. » L’intention est louable, mais la mise en pratique fut laborieuse. Complètement inoffensifs en première période, les Suisses se sont fait quelques sueurs froides en offrant de belles situations de contre aux Suédois, qui n’attendaient que ça. Bien conscients de leurs limites, les Blågult ont avant tout misé sur la solidité de leur bloc défensif. Privés de ses leaders défensifs, Stephan Lichtsteiner et Fabian Schar, tous deux suspendus, la Nati avait, elle, perdu en assurance derrière et se retrouvait obligée de courir après le score après le but de Forsberg, peu après l’heure de jeu. Un scénario piège dont elle n’a pas pu se dépêtrer, notamment à cause de ses limites évidentes pour construire des attaques placées, face à un bloc suédois imperméable.
L’ambition sans les moyens
La Suisse avait pourtant de bonnes raisons de croire en ses possibilités offensives : face à la Serbie en phase de poules, elle avait offert quelques séquences de jeu séduisantes, tenté 20 frappes et même tenu le ballon plus de 60% du temps. Mais les nombres ne disent évidemment pas tout et l’incapacité des Suisses à forcer le coffre fort suédois prouve qu’ils manquaient sans doute de pouvoir offensif pour maîtriser la rencontre de ce mardi. Face aux Serbes, c’est d’ailleurs en contre qu’elle avait frappé par l’intermédiaire de Granit Xhaka et Xherdan Shaqiri. Des phases de jeu évidemment difficiles à reproduire face aux Suédois.
De fait, Shaqiri, qui manquait de profondeur, n’a que trop peu tenté de provoquer dans son couloir et s’est contenté d’enchaîner les centres. Drmić n’a, lui, pas existé en pointe face à la charnière centrale jaune et bleu, beaucoup plus aérienne et puissante. Xhaka et Behrami, en manque de solutions, n’ont alors fait que multiplier les passes latérales. Seul Ricardo Rodríguez, omniprésent sur son côté gauche, a semblé en mesure d’allumer quelques départs de feu. Mais les initiatives du joueur de l’AC Milan n’étaient que trop rarement soutenues par ses partenaires. Qui ont quand même bien dû se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond, alors que leur latéral gauche était finalement d’assez loin leur joueur le plus dangereux. Un bug dans la matrice que Petković a bien tenté de régler en faisant entrer en jeu Embolo et Seferović, mais il était déjà trop tard. La Suisse, dont la célébration de l’aigle bicéphale de Shaqiri et de Xhaka avait ambiancé politiquement le groupe E du Mondial, ne peut que quitter la Russie, en regagnant piteusement son perchoir.
Par Adrien Candau