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« La Suisse peut emmerder pas mal d’équipes »
Les Suisses de The Animen viennent de sortir leur deuxième album. L'occasion pour Théo, le chanteur, de nous parler de l’Étoile Carouge, de son amour pour Manchester United, de sa haine du foot espagnol et de patinage de vitesse néerlandais. Le tout autour d'une bière, bien sûr.
Tu supportes le club suisse de l’Étoile Carouge depuis combien de temps ?Vingt-huit ans. Et j’ai vingt-huit-ans. C’est là que je suis né. C’est une équipe qui joue en bleu, à un très bas niveau, la troisième division suisse. J’aime le foot comme un Anglais. C’est-à-dire que je suis très attaché au club de ma commune, même s’ils sont très mauvais.
L’Étoile Carouge a eu une période faste ?Non, jamais. C’est un très grand club, mais ils sont nazes. L’Étoile Carouge est la seule équipe amateur qui s’est retrouvée en Première Ligue suisse. Le stade n’était pas aux normes, donc ils jouaient ailleurs.
On trouve quel type d’ambiance, au stade de l’Étoile Carouge ?Alors déjà, le stade n’a pas de nom. Mais ce qui est génial, c’est qu’il est à côté de la piscine communale.
Donc depuis la piscine, tu peux voir les matchs. Il faut imaginer un stade très petit, champêtre, avec le resto italien à côté, où tu peux manger avec les joueurs. Il n’y a que trois tribunes, parce qu’à la place de la quatrième, il y a une rivière. Par rapport aux gros stades, c’est un endroit où tu peux toujours boire de la bière et fumer des clopes. Et à l’entrée des joueurs, la sono crache du Liquido.
C’est quel type d’endroit, Carouge ?C’est une petite ville enclavée dans Genève. Avant, c’était très ouvrier, mais ça se gentrifie de plus en plus.
Les supporters ont un surnom ?Non, pas plus que le stade. Supporter Carouge, c’est une question de fidélité, de loyauté. Comme en Angleterre. Quand tu nais dans un quartier, tu restes fidèle au maillot du club local, peu importe ce qu’il se passe. Et à force de voyager, je suis de plus en plus fier d’être associé à ce petit club, qui est certes très nul, mais qui est le mien.
Qu’est-ce qui te plaît, dans le foot anglais ?C’est très simple : je suis allé à Liverpool, c’est une ville qui vit pour ses deux clubs. J’y étais au moment où Gerrard a annoncé son départ.
Deuil dans toute la ville, magasins fermés, les gens en larmes. Malgré les millions que brassent ce sport, il y a encore des endroits qui vivent le truc à fond. Tous les dimanches, je suis devant la Premier League. Je suis pour Manchester United, mais on est fâchés depuis trois ou quatre ans. Ils n’arrêtent pas de déconner. Van Gaal, c’est de la merde. Mourinho va reprendre l’équipe, mais ce sont des gens qui ne veulent pas courir. Regarde Stoke, ou surtout Leicester. C’est une belle leçon qu’ils ont donnée aux grosses équipes. Pour moi, le foot, c’est anglais. Je déteste le foot espagnol, ces mecs qui se font des passes jusqu’à ce qu’ils puissent marquer de la tête sur la ligne de but. J’aime les Anglais qui courent. « On perd, mais on court. » C’est vrai qu’il y a de moins en moins d’Anglais dans le championnat, mais il y a tous les meilleurs joueurs.
Pourtant le championnat espagnol est meilleur…Tu trouves ?
Les équipes espagnoles écrasent tout le monde en Coupe d’Europe.Tu me parles de résultats, je te parle d’investissement, de don de soi. Le football espagnol, c’est chiant à regarder, il ne se passe rien. Les mecs font leurs triangles à la con, là…
Quel est ton meilleur souvenir de foot ?Le 2-1 de Manchester United contre le Bayern (en 1999, United gagne la Ligue des champions en marquant deux buts dans les arrêts de jeu, ndlr). J’étais chez moi, avec mon père et tous ses potes, c’était extraordinaire.
En Suisse, les gens suivent quels championnats étrangers ?Un peu tous, en fait. Il y a beaucoup de Suisses d’origine espagnole ou italienne, et on n’est pas très loin de Turin, donc la Juve est suivie. Les Francophones suivent la Ligue 1, et les Germaniques la Bundesliga.
Jusqu’où peut aller « la Nati » , l’équipe nationale suisse, à l’Euro ?
Elle peut emmerder pas mal d’équipes. Elle a un style de jeu assez putassier, lent, bloquant. C’était écrit qu’on allait se battre à distance avec la Roumanie pour la seconde place. Et si on sort des poules, on ne passera pas les quarts.
Quel est ton favori ?C’est de toute façon l’Allemagne. Ça me fait mal au cœur, mais ils sont bons, putain. Si la France ne déconne pas, elle peut aussi aller très loin. L’Espagne, c’est non.
Il y a des joueurs de foot qui sont fans de The Animen ?Probablement, mais on connaît surtout des joueurs de hockey sur glace. On sait que Philippe Senderos a écouté notre album, et surtout, on s’est fait re-tweeter par un patineur de vitesse néerlandais.
Tu as joué en club ?
Oui, j’ai joué avec Johan Djourou, au FC Champel, jusqu’à être appelé en sélection genevoise. Ensuite, j’ai découvert la guitare et les filles. Djourou jouait milieu défensif. Il était tellement bon, qu’il avançait jusqu’à distribuer le jeu. À quinze ans, il était vraiment plus grand que tous les autres. Il n’y a que contre l’Inter Milan, lors d’un tournoi, qu’il a galéré. Les mecs avaient de la barbe à treize ans.
Et en tournée, vous jouez au foot ?Plus depuis que l’ancien batteur a paumé le ballon. Les batteurs ne sont jamais bons avec les pieds, le nouveau est aussi mauvais que l’ancien.
Il peut vous arriver d’aller voir des matchs, lorsque vous passez dans certaines villes ?Malheureusement, on n’a pas le temps. Mais c’est toujours intéressant de savoir s’il y a un match le soir où on est sur scène, parce que cela à une influence sur l’ambiance dans la salle. Quand on a joué à Brighton, il y avait un match super important, toute la ville était tendue. Pendant le concert, on sentait que le public était inquiet du résultat de son équipe, il y avait une grosse intensité. En 2014, l’horaire d’un de nos concerts a été décalé pour que les gens puissent voir France-Suisse. La Suisse a pris une volée (5-2, ndlr), et pas mal de gens sont partis (rires).
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Propos recueillis par Mathias Edwards