- Coupe du monde 2014
- Groupe E
- Suisse/Équateur (2-1)
La Suisse garde du crédit
Dans ce premier match du groupe E, la Suisse a obtenu une victoire dans le money time contre de valeureux Équatoriens (2-1). Une victoire grâce à Seferović et Mehmedi, mais surtout l'œuvre d'Ottmar Hitzfeld.
Pendant que la France se prépare à sa soirée de gala, la before a lieu au Stade National de Brasilia entre deux conquêtes potentielles. Dans le coin rouge, la Suisse, classée sixième au classement FIFA et tête de série du groupe. Dans l’ensemble, la Nati possède des arguments en sa faveur : des anciens de la maison comme Johan Djourou ou Stephan Lichtsteiner, un milieu de terrain habitué à jouer ensemble à Naples avec les inséparables Gökhan Inler-Valon Behrami et sa jeune génération offensive à la sauce kosovarde : la pépite Granit Xhaka et la valeur ajoutée Xherdan Shaqiri. Dans le coin bleu et jaune, l’Équateur. Le onze aligné par Reinaldo Rueda entend bien faire bonne figure dans un stade acquis à sa cause, mais aussi démontrer son abnégation avec un cœur gros comme celui de Cristian Benítez, en hommage à son défunt buteur. Au final, on aura eu le droit d’assister à ce qu’on attendait : un match équilibré entre deux équipes à la technique limitée. Et dans ce cas, c’est souvent la hargne qui prime. À ce jeu-là, la Suisse a arraché la victoire dans les dernières minutes, par Seferović et son Hitzfeld time.
L’âme d’El Chucho
Pas de suprise concernant les compos, le 4-2-3-1 helvète fait face au 4-2-2 des Sud-Américains, avec Antonio Valencia et Felipe Caicedo en pointe. Les premières minutes de la rencontre débutent sur un rythme haché, et seuls les débordements de Lichtsteiner sur son côté permettent de voir un peu de technicité dans ce début de match. Devant une introduction faiblarde, la Nati est la plus prompte à dégainer ses premiers missiles. Une ogive non cadrée de Xhaka, une première frappe cadrée de Shaqiri, et le jeune Rodríguez, qui n’a rien à voir avec les petites annonces d’Elie, voit sa frappe détournée par le portier Domínguez. Oui, les Suisses ont plus d’occasions au tableau des stats. Mais concrètement, ce qui change la physionomie d’une rencontre, ce sont les buts. Patient, l’Équateur attend son heure et provoque l’arrière-garde suisse, à la manière du très vif Montero. Walter Ayoví botte un coup franc excentré côté gauche et trouve la tronche de l’autre Valencia, Enner, pour un but aérien qui lance pour de bon les hostilités à Brasilia (22e). Dès lors, les Suisses courent après le temps et s’en remettent à leurs gars sûrs. Un corner de Shaqiri trouve la tête de Behrami, mais Domínguez est toujours vigilant. En bon capitaine, Inler règle sa mire, mais le portier repousse habilement. Rien n’y fait, les compatriotes de Sepp Blatter ne parviennent pas à revenir dans une partie qu’ils dominent en terme d’occasions. Pour l’instant.
Et Hitzfled montra la voie
Mais voilà, la Nati, c’est aussi un grand entraîneur qui prendra sa retraite à la fin de cette vingtième Coupe du monde. Avant la compétition, Ottmar Hitzfeld annonçait déjà son ambition : « J’ai auparavant un gros objectif à atteindre pour la Suisse. Mon rêve est d’écrire une page d’histoire. Et écrire l’histoire, c’est à partir des quarts de finale. » Technicien ambitieux, l’Allemand sait comment donner une bouffée de Ricola à son équipe. Exit Valentin Stocker alias l’homme invisible, place à l’athlétique Admir Mehmedi. Breitling en main, le choix met deux minutes à donner son verdict lorsque le joker catapulte de la tête un corner de Ricardo Rodríguez (47e). Le retard est fait, un partout balle au centre. Pour autant, la ferveur ne change pas de côté et le stade continue de chanter à la gloire de l’Équateur. Boosté par son peuple, Enner Valencia flirte avec le doublé en envoyant une frappe qui tutoie la lucarne gauche de Benaglio. Toujours dans le rythme après l’heure de jeu, Jefferson Montero danse avec les Suisses, mais sa frappe ne trouve que les jambes de Benaglio. La ola activée par les spectateurs donne un air de folie à ce match de Coupe du monde. Les défenses se disloquent tout doucement et peuvent laisser des espaces pour les attaquants. Mais non. Ni Shaqiri sur un trois-contre-un, ni Caicedo sans gardien ne peuvent finir le taff. On ne va pas se mentir, le réalisme offensif des deux équipes fait peine à voir. Sur une ultime action initiée par un sauvetage de Behrami, le centre tendu de Rodríguez arrive vers Haris Seferović, sur le pré depuis quinze minutes. Finition parfaite et explosion de joie : la Suisse a pris son temps, mais elle reste un très bon comptable.
Par Antoine Donnarieix