- Euro 2016
- Gr. E
- Italie-Suède (1-1)
La Suède mal cadrée
C'est l'une des statistiques dingues de cet Euro jusqu'à présent : en deux matchs, la Suède n'a cadré aucun tir. Une attaque à l'inefficacité aberrante, et dont il n'y a pas grand-chose à tirer malgré un Zlatan en guise de figure de proue.
Le constat avait déjà fait mal lundi dernier au stade de France, après le nul de la Suède face à l’Irlande (1-1). Sur la pelouse de Saint-Denis, les Suédois avaient non seulement décidé de ne rien proposer, mais avait également réussi à se faire dominer par des Irlandais sans complexes, au point d’être menés dès le début de la deuxième période. Un timide réveil et quelques tentatives bancales de Forsberg, puis Ibrahimović plus tard, les Suédois ont donc fini par gratter leur match nul petitement, en profitant d’un contre-son-camp de Clark à la 71e. Au coup de sifflet final, la Suède établissait une performance un peu honteuse : elle venait de devenir la première équipe depuis l’Euro 80 à marquer un but sans avoir cadré le moindre tir. Zlatan aura beau dire qu’il est l’artisan principal de l’erreur de Clark après avoir fait paniquer la défense irlandaise par son slalom, personne n’est dupe, même pas le sélectionneur Eric Hamrén qui se désolait après le match : « Offensivement, l’équipe n’a pas été très bonne pendant les 45 premières minutes. Il n’y avait pas assez de mouvements, d’appels. Concernant Zlatan, comme tout attaquant, il a besoin de soutien. Nos attaquants n’ont pas reçu beaucoup de ballons. » Pas beaucoup de ballons, et ils n’en ont rien fait, un peu comme ce vendredi après-midi face à l’Italie. Même pas un coup franc stupidement tiré trop fort côté gardien par le Z, ni aucun pied qui traîne dans la surface pour embrouiller Buffon, uniquement des tirs dans le vent ou des actions inabouties.
Ibra résigné
Eric Hamrén avait pourtant pris les devants et avait ajusté son attaque pour plus d’efficacité. Exit Marcus Berg, cet après-midi. C’était au jeune John Guidetti qu’était laissé l’honneur d’animer l’attaque suédoise avec Ibra. Pour rien, Guidetti ne voulant sans doute pas froisser ses grands-parents italiens. Ekdal et Källström ont eu beau travailler comme des stakhanovistes pour verrouiller le milieu et récupérer un maximum de ballons, devant, le néant s’était installé. « Zlatan ? On le craint énormément » , s’affolait Buffon avant la rencontre, avec sans doute en tête les images de la talonnade en lucarne un peu dingue qu’il lui avait mise à l’Euro 2004. Mais avec une Suède aussi freluquette, Ibrahimović doit être au four et au moulin, construire les actions et les terminer. Impossible quand on est identifié comme la seule menace par les adversaires, qui arrivent tous sur le terrain avec la consigne de l’étouffer. Avant le début du match, Zlatan avait eu ces mots : « Au PSG, j’étais plus exigeant. En sélection, je dois être patient dans mes attentes envers mes coéquipiers » , qui montrent à quel point l’ancien Parisien avait conscience des lacunes de ceux qui l’entourent. Une déclaration qui explique aussi son absence de coup de sang ou de grosse colère sur le terrain, comme s’il savait que ça n’en valait pas la peine. « La Suède est à l’Euro pour gagner » , triomphait Ibra avant le tournoi, lui qu’on disait gonflé à bloc à l’aube de sa probable dernière grande compétition internationale. Une déclaration aujourd’hui devenue aussi absurde que les trajectoires des frappes de son équipe.
Par Alexandre Doskov