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La Suède bouffée par Zlatan
Son repositionnement en neuf et demi n'a pas changé grand chose, la Suède a encore déçu pour son entrée en compétition. Zlatan Ibrahimović cristallise pourtant autour de lui les espoirs du peuple suédois. Son immense aura gêne considérablement ses jeunes coéquipiers parfois inhibés à l'idée de jouer avec la star du pays. Et si le principal problème des Scandinaves se nommait Ibra ? Une théorie devenue de plus en plus crédible.
Victime d’un coup à la cuisse lors du match contre l’Ukraine, Zlatan Ibrahimović devrait bien être aligné d’entrée contre l’Angleterre ce vendredi. Certains supporters paraissent néanmoins déçus de cette annonce, eux qui rêvent depuis des lustres de voir leurs protégés qualifiés dans le dernier carré d’une grande compétition internationale. Zlatan, c’est pourtant la star du pays. Son pion contre l’Italie en 2004, son palmarès, ses coups d’éclat, ses statistiques cette saison (35 buts toutes compétitions confondues) plaident en sa faveur. Mais une théorie circule depuis quelque temps dans les couloirs de métro de Stockholm : et si le principal problème de l’équipe s’appelait Ibrahimović ? Son culte de la personnalité étoufferait certains de ses coéquipiers. Zlatan appelle le ballon ici, Zlatan veut recevoir le ballon-là. Ses gentils collègues baissent la tête et lui filent le cuir à la moindre attaque. Il est devenu le grand manitou du onze suédois, le capitaine qui aimante tous les ballons. Une « Ibrahimović dépendance » qui affiche ses limites le jour où le buteur d’origine serbe se perce.
Un brassard sujet à discussion
La décision de filer le brassard au Dieu suédois n’a pas fait l’unanimité au pays, où certains pensent que le joueur a plus l’âme d’une star individualiste plutôt que d’un meneur d’hommes prêt au sacrifice. N’est-il pas trop égoïste pour encadrer ses partenaires ? Kim Källström parle « d’un leader naturel, un joueur qui a la qualité de pouvoir faire basculer un match. L’un de ces mecs dont tu espères qu’ils vont te tirer vers le haut. » Les langues se délient plus facilement hors du groupe. Lassés des contre-performances répétées des Bleu-Jaune, les journaleux locaux s’appuient sur un exemple pour bourrer le crâne de certains de leurs compatriotes. La Suède a arraché son billet pour l’Euro face aux Bataves (3-2) sans le géant au nez crochu. Au cours des qualifications, « Ibra » n’a marqué aucun but contre le Portugal, le Danemark, l’Angleterre et les Pays-Bas. Un lien de cause à effet ? « S’il ne joue pas bien, c’est toute l’équipe qui ne joue pas bien. Parfois le groupe est bien meilleur sans sa présence » affirme Petra Thoren, journaliste au quotidien Aftonbladet. Un pavé jeté dans la mare.
« Ibra seul vrai buteur ? »
Ces remarques confortent l’idée selon laquelle « Ibra » se montre moins décisif dans les matches à fort enjeu. Mais Ibrahimović reste un buteur de classe mondiale : sa réalisation contre l’Ukraine est là pour le rappeler. L’attaquant de pointe évolue aujourd’hui dans un nouveau rôle : celui de neuf et demi. Le but ? Venir chercher les ballons plus bas, profiter de son aisance technique et libérer les autres attaquants de son génie. Mais Rosenberg s’est manqué sur la première rencontre du Groupe D. Elmander, lui, devrait être titularisé malgré sa volée foirée en fin de rencontre face aux Ukrainiens. Ces deux joueurs possèdent-ils les capacités physiques et mentales pour seconder, voire dépasser le buteur de l’AC Milan question leadership ? A priori non, mais ils doivent pourtant se faire violence pour briller et libérer Zlatan de quelques tâches ingrates. L’homme aux 78 sélections reste néanmoins un joueur imprévisible, un magicien du ballon rond dont très peu d’équipes pourraient se passer (excepté le Barça de Guardiola). « Ibracadabra » garde encore plus d’un tour dans son sac. À lui de le prouver face à l’Angleterre.
Par Romain Poujaud