La soirée de l’étrange

« Le PSG, un club pas comme les autres » . Lorsqu’on est fan parisien et que le club pointe à la treizième place de la Ligue 1, voici une porte ouverte qu’il est toujours bon d’enfoncer. Par ces quelques mots en apparence comiques, le fan de la capitale laisse en fait transpirer toute sa frustration. Pire encore, pour tenter de décrypter le chemin difficilement parcouru jusqu’ici, il va même parfois jusqu’à employer les termes « poisse » , « lois des séries » , ou encore « fatalité » . À en croire la plèbe rouge et bleue, cette série en cours de cinq matches sans victoire relèverait donc du paranormal. Depuis la réception de Lille au Parc (victoire 3-0), quelqu’un, quelque part, s’amuserait à cribler d’aiguilles la poupée PSG. Mais alors qui au juste ?

On a d’abord cru à un sort jeté par un sorcier moustachu sur le rocher monégasque, avant ensuite de pencher vers le grand chamane lyonnais et ses sbires du corps arbitral, pour enfin finir sous la serpe d’un druide breton. En vain. À chaque fois, le mage Kombouaré trouvait une explication rationnelle. « Manque de réalisme » à Monaco, « erreurs d’arbitrage » contre l’OL, ou encore « pas assez d’envie » au Moustoir. “Casque d’or” ne laissait que très peu de place au doute. Jusqu’à ce dernier match face à Toulouse et cette deuxième défaite de la saison, où pour la première fois, ce bon Antoine invoqua la fameuse chkoumoune. Défait par un but d’Albin Ebondo sur un terrain qui n’avait de pelouse que le nom, le coach de Paris dut se rendre à l’évidence. Ce soir-là, c’était la faute à pas de chance. Simpliste ? Pas si sûr, car cette saison le chat noir parisien porte un nom, Mevlut Erding.

Mevlut Erding, trèfle à quatre matches

Censé former la paire d’attaque idéale avec Guillaume Hoarau (autre poissard notoire), Erding n’a encore jamais été associé au géant réunionnais. Dès les premiers matches, il est aligné aux côtés de Peguy Luyindula. Un choix par défaut, étrange d’un point de vue tactique, qui fit d’abord frémir les chantres de la complémentarité offensive. À tort, car dès ses premières minutes en L1, le duo détonne. Là où “Peguy la chaloupe” décroche à s’en faire péter les ischio-jambiers, Mevlut s’accroche à la pointe de l’attaque et joue quasi tous ses ballons dans le dos des défenseurs. Lui qui, à Sochaux, avait pris l’habitude de prendre de l’élan pour mieux griller son défenseur, évolue désormais dans un registre de sprinter dévoreur d’espaces. Et le pire, c’est que ça marche. En quatre rencontres, Erding c’est deux buts et une passe décisive. Un excellent bilan qu’il faut depuis relativiser. Car Erding, c’est surtout quatre matches…

La faute à son épaule gauche, et une blessure au nom un peu barbare. Une “instabilité douloureuse de l’épaule gauche persistante” qui nécessite pêle-mêle chirurgie, soins intensifs, et surtout deux mois d’indisponibilité. Vestige de sa préparation déjà tronquée par une blessure aux adducteurs. C’est bien simple, depuis qu’il squatte l’infirmerie, le PSG n’avance plus. Certes Hoarau a bien tenté un come-back en son absence, mais son physique d’échassier a une fois de plus montré ses limites. Pire encore, lorsque “Mev” tousse, c’est tout le PSG qui chope la grippe. Et pas n’importe laquelle en plus. La A, la porcine, la H1N1, la merde quoi ! Preuve de cette poisse monumentale, son retour anticipé contre Marseille. Attendu comme la clé de la rédemption par toute la capitale, ce match se transforme en un fiasco retentissant. « Un mal pour un bien » , préfèreront finalement se répéter les supporters parisiens, tant cette rencontre puait la déroute. Qu’importe, c’est encore une occasion gâchée de rompre le signe indien.

H1N1 quand tu nous tiens…

Mais Mevlut a trouvé une solution quelque peu underground pour conjurer le sort. C’est Francis Gillot qui a vendu la mèche dans la semaine au micro de RMC. Interrogé par Luis Fernandez sur l’alerte à la grippe survenue suite au match de CFA disputé à Marignane le samedi 24 octobre. À l’aéroport, la réserve sochalienne a croisé l’effectif parisien. Du coup Gillot balance : « Certains joueurs connaissaient Mev et sont allés le saluer. […] Étant donné les circonstances, on a dû mettre tout le monde en quarantaine » . C’était donc ça la solution du Turc, refiler sa poisse à son ancien club, en pleine bourre actuellement qui plus est (trois victoires consécutives). Pas con. Sauf que dans le Doubs, les résultats épidémiologiques se sont avérés négatifs. Du coup, va plutôt falloir faire ça dans les règles. Coller un pion ou deux à ses anciens partenaires pour dégripper la machine parisienne. Traitre ou poissard, ce soir Mevlut doit choisir…