- Espagne
- Liga
- 27e journée
- Atlético Madrid/Real Sociedad
La Sociedad peut-elle le faire ?
À une unité de la Ligue des champions, la Real Sociedad est la cure de jouvence de cette Liga. Avec son jeu chatoyant et sa jeunesse enfin arrivée à maturité, les Basques de San Sebastián détonnent et étonnent.
C’est un Everest. Le genre d’exploit que l’on sait inavouable. En déplacement au bouillant Vicente Calderón, les ouailles de Philippe Montanier savent leur tâche plus que périlleuse. Depuis le début de saison, les Colchoneros restent sur la plus belle série européenne à domicile : en 13 coups d’envoi, les Madrilènes se sont imposés… 13 fois. Pourtant, pas de quoi faire flipper Claudio Bravo, portier chilien du fanion de San Sebastián : « Ce sera très compliqué, car l’Atlético est très fort, mais nous avons nos armes et l’équipe pour rompre leur série à la maison. Pour cela, il faudra que l’on fasse le match parfait. » Cet optimisme, les Basques le tiennent, eux aussi, d’une série stratosphérique. Ainsi, leur dernière défaite remonte au 6 janvier dernier sur une autre pelouse madrilène, celle du Santiago Bernabéu. Pis, depuis la dixième journée et un revers face à l’Espanyol Barcelone, ce 4-3 face au Real Madrid reste le seul zéro pointé de la bande à Montanier. Des statistiques qui en disent beaucoup sur l’état de forme des gars d’Anoeta. Mais pas tout.
Montanier : « Le plus dur reste à accomplir »
Au lendemain de la victoire historique face à l’Athletic Bilbao (3-1) – pour la dernière fois de son histoire, le derby basque se déroulait dans la cathédrale de San Mamés –, Philippe Montanier n’en faisait pourtant pas des caisses : « On confirme chaque week-end notre bonne période. Les jeunes ont gagné en maturité puisque désormais on arrive à maintenir un certain niveau de jeu. Tout n’est forcément pas parfait, mais lorsque nous sommes moins dedans, le niveau reste acceptable. Mais il reste encore beaucoup de points à distribuer d’ici mai et la fin de saison. On ne va pas se mettre à fanfaronner alors que le plus dur reste à accomplir. » À dire vrai, l’ancien coach de Valenciennes a bien failli passer à la casserole. En novembre dernier, après ladite défaite à domicile face à la lanterne rouge du championnat d’alors (1-0 face à l’Espanyol), la Real Sociedad pointe à une piteuse 16e place. La faute à un manque de réussite et des errements défensifs béants. Force de caractère ou simple hasard, les Basques se reprennent dès la semaine suivante pour aller s’imposer sur la pelouse de Málaga, quatrième force du pays. Depuis, les Txuri-urdin ne regardent plus que vers les sommets.
Avec l’un des effectifs les plus jeunes du championnat – la moyenne d’âge du onze titulaire oscille autour des 24 ans – la mayonnaise a pris. « Le fait de gagner à Málaga puis à domicile 4-0 face au Rayo nous a vraiment lancé. Ces deux victoires consécutives nous ont permis d’enchaîner » , nous confie le technicien originaire de Vernon. Face à Valence d’abord (5-2 à Mestalla), puis contre l’ogre barcelonais (3-2 à Anoeta). Entre ces deux performances, la défaite au Bernabéu (4-3) reste la « grosse déception » : « On devait au moins y faire un nul, sachant qu’on a joué pendant la majorité du match en supériorité numérique. Je ne vais pas nous chercher des excuses, mais on a eu une épidémie de gastro qui nous a émoussés physiquement. Le Real, c’est vraiment le match des regrets » , poursuit-il. Des regrets qui ont rapidement disparu. Car l’une des forces de cette Real est l’homogénéité de son effectif : « Le gros point positif est qu’on est capable de gagner avec tout le monde. Quelle que soit l’équipe alignée, le système utilisé, on reste au même niveau collectif. »
Le tabou européen
Question niveau, la Real Sociedad est donc aujourd’hui à seulement deux petits points de la zone Ligue des champions. Une chimère pour Philipe Montanier qui préfère quant à lui avancer masqué : « Tout cela reste anecdotique. On va rencontrer en trois journées le Betis Séville (match nul 3-3 le week-end dernier), l’Atlético de Madrid puis Málaga. Justement, ce qui reste intéressant pour nous est de rester sur notre lancée sans se poser de question, en prenant, et désolé pour la formule bateau, les matchs les uns après les autres. Pour le moment, cet état d’esprit nous réussit alors que si l’on commence à miser sur d’hypothétiques résultats, on risque de s’éparpiller. » Ce discours tout en sobriété ne trouve pourtant que peu de résonance du côté de ses poulains. À l’instar de la pépite de 21 ans Íñigo Martinez – « Nous sommes en lice pour l’Europe et nous espérons l’accrocher » – toute une ville se rappelle aux bons souvenirs de Reynald Denoueix. « Ici, il y a toujours beaucoup d’espoir. Le fait d’être sur une telle série renforce l’engouement. Mais on essaye vraiment de rester imperméable à cela et concentrés sur un jeu que l’on doit sans cesse améliorer » , conclut Philippe Montanier. En cas de victoire ce dimanche à Vicente Calderón, il deviendra bien plus difficile de se cacher.
Par Robin Delorme, à Madrid