- Euro 2016 – Éliminatoires – Groupe C – J9 – Slovaquie/Biélorussie
La Slovaquie n’a plus qu’à finir le travail
Grâce à un début de campagne parfait et malgré une petite baisse de régime sur les deux derniers matchs, la Slovaquie est tout proche de se qualifier pour le premier Euro de son histoire. Avec leur bon niveau affiché depuis un an, les tombeurs de l'Italie au Mondial 2010 ne devraient pas venir en France pour enfiler des perles.
9 octobre 2014, 9 octobre 2015. Le calendrier des qualifications offre la possibilité aux Slovaques de transformer ce vendredi le magnifique essai marqué très exactement un an auparavant. Le 9 octobre 2014, donc, la Slovaquie reçoit l’Espagne à Žilina. A priori une rencontre déséquilibrée, d’autant que les visiteurs déboulent avec une équipe presque type, où ne manque que Sergio Ramos. Sauf qu’en face, les locaux sont survoltés, galvanisés par leur entame de campagne qualificative et cette victoire surprenante 1-0 obtenue en terre ukrainienne un mois avant. Si Paco Alcácer croit offrir aux siens l’égalisation en marquant le but du 1-1 à la 82e après l’ouverture du score précoce de Juraj Kucka juste après le quart d’heure de jeu, c’est finalement le remplaçant Miroslav Stoch qui, à la 87e minute de jeu, permet à la glorieuse Slovaquie de reprendre un avantage cette fois définitif. L’Espagne au tapis ! Incroyable. La chose est rare. Elle était même carrément inédite en match de qualification depuis octobre 2006 et une défaite en Suède. Alors ce succès de la bande à Jan Kozák est fêté comme un titre devant un public de Žilina en folie. Il lui offre aussi une sacrée belle dynamique pour enchaîner les victoires dans cette poule C : six en tout, lors des six premières journées. À tel point qu’au « retour » face à l’Espagne le mois dernier, un nouveau succès à Oviedo cette fois aurait pu sceller quasi définitivement la qualification. Mais la Roja se reprend et l’emporte 2-0. Elle a d’ailleurs réalisé le carton plein depuis son déplacement à Žilina et a repris la tête du groupe avec actuellement 21 points, à deux journées de la fin. La Slovaquie est quant à elle solidement classée deuxième avec 19 points, dont le dernier judicieusement gratté lors du nul 0-0 acquis lors du dernier match face à l’Ukraine à la maison. L’Ukraine, justement, est troisième avec 16 points. En clair, ça sent bon pour la qualification directe sans passer par les barrages pour les Slovaques qui terminent par deux oppositions faciles : à domicile ce 9 octobre face à la Biélorussie et, au cas où ça ne suffirait pas, en déplacement au Luxembourg lundi.
Le cauchemar des Italiens en 2010
On peut donc dire déjà sans trop anticiper qu’il est quasi acquis que la Slovaquie participera au prochain Euro, ce qui constitue une première pour cette sélection depuis la séparation de la Tchécoslovaquie en deux entités. Ce ne serait en revanche pas sa première participation à une grande compétition internationale puisqu’elle figurait au casting du Mondial 2010. Une belle réussite d’ailleurs, ce séjour sud-africain, prolongé à la surprise quasi générale jusqu’en 8es et une sortie avec les honneurs face aux Pays-Bas, après l’élimination fracassante des champions du monde en titre italiens en phase de poules. Le 24 juin à l’Ellis Park de Johannesburg, à l’occasion de la dernière journée du groupe F, la Slovaquie avait ainsi dominé 3-2 Cannavaro, Zambrotta, Gattuso et tutti quanti qui vivaient là d’une certaine manière un peu ce qu’avaient vécu Desailly, Thuram, Djorkaeff et Zidane en 2002… De cet exploit XXL de la jeune nation slovaque, il reste encore aujourd’hui pas mal de cadres : l’actuel capitaine Martin Škrtel bien sûr, ainsi que le capitaine en 2010 Marek Hamšík, mais aussi Juraj Kucka, Peter Pekarík, Miroslav Stoch, Stanislav Šesták, Ján Mucha et ce bon vieux Róbert Vittek. Certains ont pris du poids au sein de cette équipe nationale en cinq ans, tel le milieu Juraj Kucka, transféré cet été au Milan AC. D’autres, en revanche, se sont mis en retrait, comme Vittek, dont le rôle est aujourd’hui plus celui d’un joker, ou le portier Mucha qui s’est fait piquer sa place de titulaire par Matúš Kozáčik, le gardien du Viktoria Plzeň. Les derniers arrivés à s’être fait une place dans le groupe sont Viktor Pečovský, le milieu de Žilina, révélé sur le tard, l’ailier Róbert Mak, qui a flambé en ce début de saison avec le PAOK (7 buts déjà en C3 pour lui) et le défenseur Norbert Gyömbér, prêté cette saison par Catane à la Roma, où il n’a pas encore trop pu s’exprimer.
24 joueurs de 13 championnats différents
Trois leaders sortent évidemment du lot : les défenseurs Škrtel et Hubočan (ex-coéquipier de Valbuena au Dynamo Moscou), ainsi que l’incontournable Marek Hamšík. Hors ces trois-là, le groupe est assez peu connu, mais fonctionne bien ensemble. C’est une prouesse réussie par le sélectionneur Ján Kozák, en poste depuis deux ans et qui faisait partie de l’équipe de Tchécoslovaquie troisième de l’Euro 1980. Prouesse, car il doit composer avec des joueurs éclatés dans une multitude de championnats différents. Treize exactement sur les vingt-quatre joueurs de la dernière liste : championnats slovaque et tchèque bien sûr, mais aussi italien, turc, allemand, grec, hollandais, polonais, autrichien, anglais… Et même qatarien avec la pépite Vladimir Weiss parti monnayer son talent dans le Golfe. Et encore, il faut faire désormais sans Filip Hološko, un homme fort de l’attaque slovaque jusqu’au printemps dernier, difficilement sélectionnable depuis qu’il s’est engagé avec le Sydney FC dans le championnat australien… Quatrième des qualifications à l’Euro 2012, puis troisième de la campagne pour le dernier Mondial, la Slovaquie est cette fois bien accrochée à sa deuxième place. À très vite, la France !
Par Régis Delanoë