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La Serie A reniée par les Bleus ?

Par Alexandre Pauwels
La Serie A reniée par les Bleus ?

En 1998, les joueurs de l’équipe de France remerciaient leur fournisseur italien pour leur succès en Coupe du monde. Depuis lors, le nombre de sélectionnés « made in Italy » n’a cessé de chuter. De telle sorte qu’aujourd’hui, il n’y a plus un seul Français d’Italie chez les Bleus. Alors, pourquoi ?

Mondial 98, sept joueurs. 2002, cinq joueurs. 2006, trois joueurs. 2010, aucun. Puis Philippe Mexès. Et enfin, plus rien. Aujourd’hui, il n’y a plus un seul joueur de Serie A en équipe de France. Là où l’Italie a forgé les plus grands champions de l’histoire des Bleus, elle n’a désormais plus un seul représentant. Une évolution logique ? Bof. Certes, la Serie A n’est plus le meilleur championnat du monde. Pour être clair : aucune star française n’y évolue désormais. Pourtant, dans le Calcio, du talent français, il y en a. Mais ces joueurs, qui sont tout à fait sélectionnables du fait de leur potentiel et/ou de leurs performances, payent aussi pour la crise du foot italien, à savoir les problèmes économiques, les scandales, les tribunes vides, le manque de visibilité… Tout ce qui fait qu’aujourd’hui, le football italien n’est plus ce qu’il était. À l’heure où l’EDF se « nationalise » , les sélectionneurs privilégient les gueules de Ligue 1, ou du moins, celles qui ont un passif hexagonal. Et c’est aussi ça, le problème de nos compatriotes en Serie A.

« Si tu ne joues pas dans un grand club, c’est mort »

« Ça a commencé avec Domenech, ça s’est perpétué avec Blanc, puis avec Deschamps. Il y a plusieurs variables, la principale étant le côté économique, qui fait que les clubs italiens ne peuvent plus acheter les grands joueurs français. Par contre, le côté jeune joueur qui peut aspirer à du temps de jeu dans des clubs mineurs, c’est toujours le cas. Mais si ces joueurs percent, ils choisiront plutôt l’étranger pour poursuivre leur carrière » , assure Alessandro Grandesso, journaliste à la Gazzetta dello Sport. Selon lui, la crise économique explique l’absence de joueurs de Serie A en équipe de France. Les grands clubs du championnat ne peuvent plus se permettre de lâcher les millions pour attirer des stars mondiales, comme ce fut le cas par le passé. « Le fait est qu’en Italie, les clubs pensent davantage à vendre des joueurs qu’à en acheter » , résume Nicolas Frey, latéral droit du Chievo, et huit ans d’Italie dans les pattes. « Avant, l’Italie était une référence, c’était l’endroit où il fallait atterrir pour être reconnu internationalement. Et c’est vrai qu’aujourd’hui, ce n’est plus le cas » , complète Jonathan Zebina, actuel central de Toulouse, qui cumule quant à lui treize ans d’expérience de l’autre côté des Alpes. Sans énormes stars internationales, le niveau du championnat en a logiquement pris un coup. Voilà donc le cercle vicieux dans lequel se trouve le Calcio. Seul grand championnat à ne pas avoir encore attiré pétrodollars ou oligarques, la Serie A ne présente actuellement pas une image très vendeuse pour les investisseurs étrangers. Sans pognon, point de stars. Sans stars, baisse de niveau. Et vice versa.

Néanmoins, la fréquentation du championnat italien par les joueurs français n’a pas bougé. Ils étaient douze à évoluer en Serie A en 1998, ils sont treize aujourd’hui. Le problème pour les joueurs français d’Italie aujourd’hui, c’est donc de se faire remarquer. Mission difficile, lorsqu’on joue à Bologne, au Chievo Vérone, à Parme ou même au Genoa. « On a peut-être 3-4 matchs diffusés en France chaque année, alors c’est vrai que niveau visibilité… Et puis, la non-réussite des clubs italiens en Europe ces dernières années n’attire pas vraiment le regard sur l’Italie » , poursuit Nicolas Frey. Des propos corroborés par son acolyte du Chievo, Cyril Théréau : « Souvent, les joueurs de plus petits clubs étrangers sont sélectionnés sur la forme du moment. Mais si les gens de la Fédération ne suivent pas les petits clubs… Je sais que je ne pourrai prétendre à l’équipe de France que quand je jouerai dans un grand club. » La problématique est posée. Mis à part quelques cas isolés (Mexès et Flamini au Milan, Pogba à la Juve), la plupart des Français d’Italie évoluent dans des clubs de milieu, voire bas de tableau. Logique, dès lors, qu’ils aient du mal à se faire remarquer. « À moins que le sélectionneur ne vous connaisse et qu’il ait une grande estime de vous… Si vous jouez dans un petit club, c’est compliqué. Un joueur qui évolue dans un grand club étranger et qui joue régulièrement prouve en revanche qu’au quotidien il est capable de faire face à la concurrence, et ça offre plus de garanties à un sélectionneur » , explique Zebina. Avant de conclure de la manière la plus synthétique possible : « Si les joueurs actuels ne sont pas convoqués en bleu, ce n’est pas parce qu’ils jouent dans de petites équipes, mais parce qu’ils ne jouent pas dans des grands clubs. »

La Ligue 1, cette inconnue

Mais la crise économique et le manque de visibilité des joueurs actuels ne sont pas les seuls facteurs du phénomène. Non, la bête noire du Français de Serie A, c’est la Ligue 1. Une petite revue d’effectif met en relief ce détail important, qui joue autant dans la visibilité des joueurs, que dans leur reconnaissance auprès du public français : Cyril Théréau et Nicolas Frey (Chievo), Modibo Diakité et Abdoulaye Konko (Lazio), Jonathan Biabiany (Parme) et Paul Pogba (Juventus) ont tous en commun le fait de n’avoir jamais joué le moindre match en Ligue 1. Certains d’entre eux sont même de purs produits des centres de formation italiens ! Spahir Taïder (Bologne) peut se targuer d’une apparition en L1, ce qui fait passer le minet M’Baye Niang pour un baroudeur avec ses trente matchs dans l’Hexagone… Même, les vieux de la vieille que sont Sébastien Frey ou Mathieu Flamini n’en cumulent respectivement que 24 et 14. En gros, seuls Thomas Heurtaux (Udinese), Michaël Ciani ou Philippe Mexès présentent un nombre de présences respectable en L1. Et encore, c’est à relativiser dans les deux premiers cas, puisque ces joueurs débarquent à peine dans le Calcio.

En vrai, le Français lambda connaît-il Cyril Théréau ou Jonathan Biabiany ? Le public (et les médias) n’avaient-ils pas été étonnés lorsqu’Abdoulaye Konko avait été pré-convoqué en 2009 alors qu’il débarquait tout juste à Séville (certains citaient alors « l’effet Chimbonda » de Domenech…) ? Cyril Théréau au micro : « Quand je regarde les joueurs sélectionnés qui viennent de l’étranger, ils ne sont pas tous dans les grands clubs, mais ont tous déjà joué en Ligue 1, étaient déjà sélectionnés du temps où ils jouaient en France. Ce sont des visages connus. » Alors quand, en plus, on est anonyme dans son pays… Nicolas Frey étaye le propos : « C’est vrai que pour nous c’est difficile, parce qu’on est partis tôt à l’étranger, on est des inconnus chez nous, en fait. On est partis pour des raisons diverses, mais ça ne veut pas dire qu’on a tourné le dos à la France. La sélection, on y pense et y pensera toujours. » Chaque week-end, beaucoup de joueurs français se montrent à leur avantage en Serie A, dans l’espoir d’attirer un jour l’attention d’une grande écurie ou du sélectionneur français… « Il faut soit claquer 20 buts, soit être titulaire dans un grand club » , résume Cyril Théréau. Il n’y a plus qu’à…

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