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La Serbie, entre suffisance et insuffisances

Par Adel Bentaha
3 minutes
La Serbie, entre suffisance et insuffisances

Accrochée par le Cameroun après avoir mené de deux buts (3-3), la Serbie a une nouvelle fois fait preuve de suffisance. La triste marque de fabrique d’une sélection n’ambitionnant pas grand-chose.

Au sortir d’une sublime action collective, Aleksandar Mitrović plantait le troisième but serbe pour mettre le Cameroun K.-O. à l’heure de jeu. L’Al Janoub Stadium s’extasiait, et le scénario de la partie semblait pratiquement scellé en faveur des Aigles. Problème, cette séquence sera l’une des seules étincelles du onze blanc, rejoint en fin de rencontre (3-3). Car ce que l’on a oublié, c’est que la Serbie ne sait pas gérer un score, et encore moins faire preuve de constance.

 Faire preuve d’autant de naïveté n’est pas justifiable. On perd trois points, par nous-mêmes.

Jouer à la baballe

Une analyse criante et rapidement faite, pour une sélection semblant se complaire dans un stéréotype de jeu collectif, annihilant toute volonté mentale. Car le mal serbe ne se situe pas balle au pied, loin de là (60% de possession), mais bien entre les deux yeux. Symbole de cette suffisance (ou insuffisance finalement), les prestations en deçà du capitaine Dušan Tadić. Déjà transparent face au Brésil, le meneur de jeu s’est, ce lundi, mué en tricoteur irritant au possible. Une multitudes de passes, parfois inutiles, au cœur même de la surface de réparation adverse – cinq tirs cadrés sur quinze tentatives – couplée à une série de mauvais choix et autres mésententes avec le géant Mitrović.

Pris dans l’euphorie du break réalisé, les hommes de Dragan Stojković ont également pêché par leur trop grande gourmandise. Lancés dans un « chacun pour soi » offensif, les Serbes ont en effet ouvert des boulevards à l’abnégation camerounaise, portée par l’entrée de Vincent Aboubakar. Des Lions totalement libres dans le dos d’une défense déséquilibrée, venus croquer leurs adversaires en cinq minutes, dans la profondeur (treize fautes commises, dont huit dans le dernier quart d’heure). « Faire preuve d’autant de naïveté n’est pas justifiable. On perd trois points, par nous-mêmes », détaillait Mitrović en zone mixte. Ces 96 minutes ont ainsi dessiné à elles seules les défauts caractéristiques de la Serbie.

 C’est dommage, car nous avons plutôt bien joué et maîtrisé le jeu. Mais nous avons fait des erreurs incompréhensibles.

Le derby suisse

Des attaquant solistes, des milieux moins travailleurs et une défense attentistes : le sempiternel exemple démontrant la stérilité d’un amoncellement d’individualités, opposé à une volonté réelle de l’emporter. Élément que le Cameroun a idéalement su exploiter, en s’appuyant sur l’infime espoir apporté par Aboubakar. Surtout, les Serbes ont laissé entrevoir cet ensemble lacunaire durant des temps supposément forts. Paradoxalement revenue dans une partie mal embarquée, la bande à « Piksi » s’est ainsi laissée griser au moment où tout semblait rouler pour elle. « Les laisser revenir à 3-3, c’est extrêmement frustrant. La prestation de notre défense n’est pas digne de ce niveau, pestait d’ailleurs le sélectionneur en conférence de presse. C’est dommage, car nous avons plutôt bien joué et maîtrisé le jeu. Mais nous avons fait des erreurs incompréhensibles. » Le joli résumé de cette même équipe parvenue à faire corps en barrages face au Portugal, qui explose donc de nouveau une fois dans son tournoi. Comme un surplus de talent trop difficile à assumer.

Désormais dos au mur avec une seule unité au compteur, le sursaut d’orgueil sera obligatoire contre la Suisse, vendredi prochain, pour l’ultime journée de ce groupe G. Une opposition âpre sportivement, mais pas que, au détour des tensions existantes entre les joueurs serbes et les Helvètes originaires des Balkans – Granit Xhaka, Xherdan Shaqiri, Ardon Jashari, Haris Seferović – déterminé à faire honneur à leurs racines. Comme en 2018. Une bataille à disputer dans une rugosité absolue, et durant laquelle les Aigles devront se montrer plus combatifs que jamais, peu importe l’esthétisme. La victoire ou la porte.

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