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La seconde vie de Rolando
Contre Caen, Marseille a dû attendre les dernières minutes et une tête rageuse de Rolando pour s'imposer. Depuis l'arrivée de Rudi Garcia, le Portugais revit, au point d'en devenir l'un de ses meilleurs soldats.
Son sourire n’est pas le plus séduisant du monde, mais il est peut-être le plus sincère à ce moment précis. Il ne reste plus que dix minutes à jouer, et Rolando court dans tous les sens, la bouche grande ouverte, poursuivi par Bafé Gomis. Pendant ce temps-là, Rudi Garcia fait rebondir sa mèche sur le banc marseillais, et Frank McCourt savoure enfin le premier but de l’OM qu’il a la chance de voir depuis les tribunes. Sur un centre de son capitaine, le Portugais vient de délivrer les Marseillais d’une tête victorieuse contre le Stade Malherbe de Caen. Un joli cadeau pour l’anniversaire de son fils, et surtout le symbole d’une belle revanche. Mis au placard par Franck Passi qui cherchait à tout prix à le virer, Rolando est en pleine résurrection depuis l’arrivée de Rudi Garcia. Et ce n’est pas la première fois qu’il revient de nulle part à Marseille.
« Passi m’a dit que c’était mieux de chercher autre chose »
Cette saison, sous la direction de Franck Passi, Rolando ne foule les pelouses de Ligue 1 que sept petites minutes, contre Angers, le temps de concéder l’égalisation. En conférence de presse, le désormais ex-entraîneur de l’OM ne prend même pas la peine de masquer sa non-confiance en lui. « Je pouvais aligner qui je voulais, même des joueurs de CFA. Pourquoi Rolando plus qu’un autre ? » , rétorque-t-il sèchement à Guingamp, après la contre-performance de la défense marseillaise le 21 août. En fait, cela fait très longtemps que le Biterrois ne compte pas sur le Portugais. Depuis sa nomination le 19 avril, en fait. « En mai, je suis parti en vacances et je pensais aller au bout de mes deux ans de contrat. Quand j’ai repris l’entraînement, il m’a parlé. Il devait faire des choix techniques, je ne rentrais pas dedans. Rien de personnel. Il m’a dit que c’était mieux de chercher autre chose » , expliquait récemment Rolando à L’Équipe. Sauf que le défenseur est bien resté au mercato estival, faute de propositions, et doit se contenter du banc de touche, en attendant la prochaine fenêtre de sortie. Mais ça, c’était avant l’arrivée de Rudi Garcia le 20 octobre dernier. Le nouveau coach de l’OM a trois jours pour préparer le match contre Paris et n’a donc que très peu de temps pour connaître ses hommes. Alors autant s’appuyer sur ceux qu’il connaît déjà. « Je le connais bien parce qu’il jouait en Italie, il était à l’Inter quand je suis arrivé à Rome. Je savais que dans un bloc bas, dans un système à trois ou à cinq, il pouvait être intéressant avec son expérience » , explique Garcia après le 0-0 ramené du Parc des Princes.
De nouveau un cadre
Un match solide, où Rolando a été tout simplement « énorme » selon les dires de son coach. Il faut dire que sur cette rencontre, l’OM lui doit beaucoup tant il a été omniprésent. Depuis, le Portugais n’a plus bougé du onze de départ de Marseille, au point de devenir un des hommes de confiance de Rudi Garcia. « Il m’a d’abord parlé en italien, ça m’a rappelé des souvenirs. Quand j’affrontais la Roma, avec Naples ou l’Inter, il avait toujours la mâchoire serrée, il semblait dur. Or, il est assez sympa, il donne beaucoup d’importance à la relation personnelle » , se réjouit le coach. Avec Maxime Lopez et l’installation du 4-3-3, il est même l’incarnation des quelques choix forts de l’ancien entraîneur de la Louve. Finalement, le colosse du Cabo Verde est loin d’être mort. Déjà la saison passée, il avait très bien fini l’année, jusqu’à s’imposer comme le leader de la défense marseillaise, malgré les nombreuses moqueries des supporters concernant ses mauvais débuts. Avec Dória, Rekik et Sakai, Marseille a de quoi faire une belle défense de revanchards.
Par Kevin Charnay