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La seconde vie de Kevin Nolan
Figure de la Premier League du début du siècle, le fils sportif de Sam Allardyce a changé de costume depuis quelques semaines du côté de Londres et de Leyton Orient, en League Two. Suivant les méthodes de son père et avec quelques dernières foulées.
Au fil du temps, ils sont devenus des synonymes. L’histoire a décidé de les confondre, de les unir et de ne jamais les séparer. Jamais le nom de l’un n’est évoqué sans le prénom de l’autre. Un regard dans le rétro laisse apparaître les courses communes de Kevin Keegan et John Toshack. Une balade aux abords du Pride Park Stadium de Derby voit les yeux se poser sur une statue hommage représentant Brian Clough et Peter Taylor. Les deux hommes se sont suivis pendant la quasi-totalité de leurs carrières respectives, d’Hartlepool à Nottingham en passant par Brighton. Comme des alter ego malgré les ego massifs. Les quatre hommes ont marqué leur époque, à deux, et le XXIe siècle a décidé de laisser émerger un autre lien humain, intime et invisible entre deux destins. Entre un gamin de Liverpool et son entraîneur de toujours.
L’homme d’un brassard
Kevin Nolan n’a que dix-sept ans lorsqu’il rencontre Sam Allardyce pour la première fois, à Bolton. Il n’en a que dix-huit ans lorsqu’il dispute l’intégralité de la finale d’accession à la Premier League avec les Trotters contre le Preston North End de David Moyes en 2001. Durant quatorze années, Kevin Nolan survole l’Angleterre de son talent, de sa classe naturelle. À Bolton, à Newcastle, puis à West Ham jusqu’à l’été dernier où il a été l’une des premières recrues d’Allardyce il y a quelques années. « Sam est comme une figure paternelle pour moi. Il m’a emmené partout, m’a nourri et m’a donné des claques quand j’en ai eu besoin » , expliquait Nolan il y a quelques mois dans les colonnes de l’Independent. « Il me comprend et, pour moi, il est l’un des tout meilleurs. » Au point de s’en servir aujourd’hui de modèle. Car Nolan a depuis quelques semaines enfilé un nouveau costume. Celui d’entraîneur, à son tour, du côté de Londres, avec le Leyton Orient FC.
La nouvelle est tombée le 21 janvier dernier, cinq jours après une nouvelle défaite des O’s au Matchroom Stadium face à Exeter City (1-3) dans une League Two où le club ne devrait pas avoir sa place. Leyton Orient est attendu plus haut, pour son histoire et par ses moyens financiers. Débarqué il y a deux ans sur un lit de quatre millions de livres, Francesco Becchetti, un entrepreneur italien qui a gonflé son portefeuille grâce aux énergies renouvelables, a fait d’un retour en Championship du club, un objectif prioritaire. « Après le départ de Barry Hearn de la présidence, le club a pas mal changé. Hearn, c’était un personnage de l’Est de Londres, alors que le président Becchetti est étranger, comme dans plusieurs clubs en Angleterre aujourd’hui » , détaille le Français Mathieu Baudry, arrivé au club en juin 2012 et capitaine des O’s. Ian Hendon a donc été viré pour installer Kevin Nolan à sa place. Un homme à qui Hendon avait tendu la main il y a quelques mois, alors que le contrat de Nolan à West Ham n’avait pas été prolongé.
« Je veux travailler pour Nolan »
L’ancien homme de brassard s’entraînait pour garder la forme, offrait ses conseils aux jeunes du club, alors que le Sunderland d’Allardyce lui faisait la cour. Baudry : « Il est venu avec nous pendant près de trois mois. Il habitait dans le coin et on va dire que plus il restait, plus on sentait que l’histoire allait continuer. Le président a essayé de le faire signer, mais il a refusé. Reste qu’à l’entraînement et dans le vestiaire, c’était quelqu’un qui nous impressionnait, par sa simplicité et sa capacité à devenir un leader en quelques semaines. Le niveau d’entraînement s’est rapidement élevé. » Sur la pelouse, Leyton Orient galère et voit les play-offs s’éloigner malgré l’excellente saison du buteur Jay Simpson, meilleur buteur du championnat. Reste que depuis l’arrivée de Nolan, les O’s ont relevé doucement la tête avec trois victoires lors des cinq derniers matchs et se retrouvent à deux points des play-offs. Une série minée par une gifle reçue à domicile, ce week-end, face à Northampton Town (0-4).
Coach, Kevin Nolan entre également parfois sur la pelouse pour filer un coup de main, comme à Portsmouth et contre Northampton. « Son arrivée a créé une espèce de buzz dans le vestiaire. C’est quelqu’un qui possède un gros charisme, complète Baudry. Au niveau du jeu, il veut nous emmener doucement vers les méthodes de la Premier League tout en assurant avant tout défensivement. Il prend souvent l’exemple d’Allardyce dans son travail. » L’apprentissage de Nolan passe par l’application de ce qu’on lui a enseigné. Toujours de la voix du même homme, en permanence sur les mêmes méthodes. Au point que dans un entretien donné au Daily Mail, Big Sam a affirmé « vouloir travailler à son tour avec Kevin Nolan. Il peut gérer toutes les situations sur le terrain, et si, pour le moment, il peut continuer à marquer des buts… » Ensemble, toujours.
Par Maxime Brigand