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La seconde jeunesse de Kolarov
Jugé en fin de course par Pep Guardiola et Manchester City où il a passé sept saisons avant de signer à la Roma, Aleksandar Kolarov s’éclate en Italie. Un pays qui l’a fait grandir et qui est ravi de le voir toujours aussi en jambes.
On ne saura jamais si la fontaine de Trevi, qui a subi en 2015 un petit liftingde 2,12 millions d’euros, a un jour été considéré comme une fontaine de jouvence. Ce qui est en revanche plus probable, c’est qu’Aleksandar Kolarov y a jeté deux pièces lorsqu’il évoluait à la Lazio de Rome entre 2007 et 2010. La tradition romaine veut que cet acte assure un retour certain dans la ville éternelle. Le premier lancer, lui, permet de formuler un vœu. Celui du Serbe était peut-être de revenir à Rome dans la même forme que lors de son départ. Car tous les chemins mènent peut-être à la capitale de la région du Latium, mais rien ne prédit dans quel état on y atterrit.
Aleksandar 2007 vs Kolarov 2017
Kolarov a donc quitté la Lazio en 2010, pour y revenir sept ans plus tard, chez le voisin honni. Et autant le dire franco : pour le moment, c’est une réelle réussite. Au point que les tifosisont bien incapables de dire quel est le meilleur Aleksandar : celui apparu trois saisons sous le maillot laziale, qui avait tout juste quitté sa Serbie en 2007 à l’âge de 22 piges pour 800 000 euros, ou celui bien plus expérimenté qui défend actuellement la Louve ? Celui qui envoya un jour de septembre 2007 une praline de quarante mètres dans les filets de la Reggina ou celui qui régale les Giallorossi par de somptueux coups francs ?
C’est bien simple : depuis le début de la saison, Kolarov est un pion essentiel du onze d’Eusebio Di Francesco. Titulaire lors des huit journées de Serie A, le garçon n’a raté qu’un petit quart d’heure de jeu (lorsqu’il est sorti contre Udinese alors que le score était déjà de 3-0 pour lui et ses potes). Idem en Ligue des champions, compétition dont il n’a pas encore loupé la moindre seconde. Dans son rôle classique de latéral gauche, le natif de Belgrade montre qu’il a encore le coffre pour enchaîner les allers-retours. Mieux : sa qualité de frappe et sa justesse technique offrent à son équipe une puissance offensive décisive plus qu’intéressante. Ainsi, ses deux pions inscrits en championnat (un coup franc à l’Atalanta Bergame en août, un autre au Torino ce week-end) ont donné six points à la Louve. Ajoutez à ça un autre caramel à Chelsea pour faire revenir la Roma dans la rencontre (but du 2-1 ; 3-3 score final) combiné à trois passes décisives toutes compétitions confondues, et vous avez le profil d’un latéral moderne de 31 ans qui en paraît 25.
Chose que n’avait pas vu venir Pep Guardiola, qui n’a pas estimé utile de retenir son ancien joueur à Manchester City. Et qui, après la blessure de Benjamin Mendy, se retrouve obligé de placer Fabian Delph, milieu de terrain à l’origine, à son poste. Bon. Après tout, pourquoi pas. Rien ne dit d’ailleurs que Kolarov aurait récupéré sa jeunesse en Premier League, championnat bien plus exigeant physiquement que la Serie A. Mais on ne peut s’empêcher de penser que le Catalan n’a pas franchement été très inspiré sur ce coup. Il faut dire que l’entraîneur espagnol n’a jamais considéré Aleksandar comme une priorité. Oui, il le préférait à Gaël Clichy la saison dernière (27 titularisations contre 24 en Premier League, huit contre quatre en C1). N’empêche que Kolarov, qui ne jouait pas toujours à son poste privilégié, n’a jamais ressenti un grand intérêt à son égard de la part du technicien. Lequel n’avait déjà pas poussé pour le conserver en 2016.
Kompany et Guardiola n’en voulaient pas
« Nous sommes en septembre, donc nous avons du temps. Ce que je veux, c’est que Kola soit heureux ici. Bien sûr, nous allons lui parler. Mais ce que je veux, c’est qu’il soit heureux et qu’il se sente à l’aise sur le terrain tous les jours, déclarait Pep face à la presse. Nous avons le temps de discuter, mais, à la fin, ce sont les joueurs qui décident. S’il veut rester, il restera. S’il veut partir parce qu’il souhaite un changement, il changera. » Pas vraiment une déclaration d’amour. Selon certaines sources, cette période correspond également à une prise de bec avec le capitaine Vincent Kompany. Alors, un an plus tard et voyant que Guardiola souhaitait faire table rase des latéraux, Kola s’en est allé. Ou a signé son retour, plutôt. Dans une ville où il se sent bien et qui le lui rend bien. C’est peut-être ça, le secret d’une cure de jouvence réussie.
Par Florian Cadu