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La saison où Mazzarri a sauvé la Reggina
Ce soir, Walter Mazzarri, sur le banc de l’Inter, va défier l’invincible Roma de Rudi Garcia. Un match au sommet, entre deux formations qui n’ont jamais perdu. Or, il y a tout juste sept ans, Mazzarri avait déjà affronté et battu une Roma qui semblait invulnérable. Il était alors sur le banc de la Reggina.
Nous sommes à la fin de l’été 2006. L’Italie vient de vivre deux évènements totalement opposés. D’abord, le scandale Calciopoli, avec la relégation administrative de la Juve et la pénalisation de nombreux clubs de Serie A. Puis, plus gai, le titre de champion du monde, obtenu au terme de la finale contre la France. C’est dans cette ambiance mi-figue mi-raisin que débute la saison 2006-07. Parmi les clubs pénalisés, on trouve la Fiorentina (-15), le Milan AC (-8), la Lazio (-3), mais aussi la moins connue Reggina, avec, initialement, 15 points de pénalité. Le club de Reggio di Calabria est alors entraîné par Walter Mazzarri, jeune entraîneur prometteur, qui vient d’obtenir deux maintiens consécutifs avec cette formation. Mais là, avant même que la saison ne débute, cela s’annonce compliqué. Obtenir le maintien, d’accord, mais avec 15 points de pénalité, c’est quasiment mission impossible. Mazzarri retrousse alors ses manches, et se plonge dans la réalité. La saison commence toutefois mal, avec une rocambolesque défaite 4-3 sur la pelouse de Palerme qui n’augure rien de bon. Quelques semaines plus tard, le 15 octobre 2006, la Reggina dispute son premier gros match de la saison, avec la réception de la Roma. Les Calabrais affichent -10 points au compteur. Les Romains en ont déjà 12. Le grand écart.
Une victoire qui lance la saison
Pourtant, ce jour-là, la différence entre l’avant-dernier de la Serie A (la Fiorentina, initialement pénalisée de 30 points, était derrière) et le deuxième du classement ne va pas se ressentir. Car s’il y a bien une constante dans la carrière de l’actuel coach de l’Inter, c’est de réussir à inculquer à ses joueurs une mentalité de guerrier, et de ne jamais craindre son adversaire, aussi fort soit-il. Sous un déluge, la Reggina va réaliser un match tout au courage. Après un arrêt décisif de Pelizzoli sur De Rossi, et une grosse occasion manquée par Amantino Mancini, c’est Nicola Amoruso qui donne l’avantage aux Calabrais, d’une magnifique reprise de volée. Les joueurs de Mazzarri défendent ensuite bec et ongle leur but d’avance, et s’imposent 1-0 dans ce qui restera « le plus mauvais match de la saison » pour l’entraîneur de la Roma, Luciano Spalletti. En revanche, côté Reggina, c’est la victoire qui lance définitivement la saison.
Le club amaranto fait du stade Granillo sa forteresse. Le 12 novembre, après une victoire 1-0 sur la pelouse de Sienne, Mazzarri atteint enfin la barre symbolique de 0 point. Son effectif est pourtant loin d’être pléthorique. Les stars de l’équipe se nomment Amoruso, Bianchi, Leon, Tedesco, Lucarelli, Aronica, Missiroli ou Mesto. Mais Mazzarri sait tirer le meilleur de ses joueurs et essaie tant bien que mal de les convaincre que le maintien est possible. Le 12 décembre, la commission d’appel réduit la pénalisation de la Reggina, et lui restitue quatre points, ce qui porte alors le total à neuf. Grâce aux trois points obtenus lors des trois derniers tours de l’année 2006, l’équipe de Mazzarri fête Noël avec onze points au compteur. Ce qui est presque déjà un miracle compte tenu de la pénalité de début de saison.
Milan battu, maintien assuré
Mais c’est surtout lors de la deuxième partie de saison que la Reggina va réaliser des merveilles. On se souvient ainsi d’une victoire 2-1 sur la pelouse du Torino ou d’un succès 4-1 à Catane. Mais malgré cela, à cinq journées de la fin, après un nul 1-1 contre l’Udinese, la situation semble désespérée. La Reggina ne compte que 31 points. Il faut au moins prendre neuf points lors des cinq derniers matchs pour espérer se sauver. Le sprint final commence bien, avec un succès 3-2 sur la pelouse d’Ascoli. La Reggina enchaîne ensuite trois matchs nuls : 0-0 contre la Sampdoria, 1-1 face au Chievo et 3-3 contre Empoli. Il reste alors 90 minutes et tout est possible. Ascoli et Messine sont déjà mathématiquement relégués. En revanche, cela se tient dans un mouchoir de poche pour sept équipes : Sienne, Reggina (37 points), Catane (38), Parme, Chievo (39), Torino et Cagliari (40). L’une des sept descendra en Serie B au terme des 90 dernières minutes. Or, cela semble mal barré pour la Reggina, qui reçoit au stadio Granillo le Milan AC, qui vient de remporter quatre jours plus tôt la Ligue des champions face à Liverpool.
Ce match va rester dans l’histoire du club et dans la carrière de Mazzarri. Dès la 7e minute, Amoruso, encore lui, invente un but magnifique, en jonglant dans la surface milanaise et en trompant Kalac d’une frappe du gauche. 1-0. Milan a visiblement l’esprit ailleurs, et la Reggina ne se fait pas prier. Après avoir globalement dominé la rencontre, les Calabrais doublent la mise par Amerini, un joueur que Mazzarri venait de faire entrer en jeu. 2-0, le maintien semble tout proche. Mais des autres pelouses arrivent des nouvelles incroyables. Sienne et Catane, les deux concurrents directs de la Reggina, se sont imposés aussi. Idem pour Parme. Heureusement, le Chievo s’est incliné, et la Reggina peut célébrer son maintien, pour un point. Mazzarri a gagné son pari. Sans la pénalité, son équipe aurait eu 51 unités et se serait qualifiée pour l’Intertoto. Quelques semaines plus tard, l’entraîneur est engagé par la Sampdoria. Puis le Napoli. Puis l’Inter. Et le revoilà face à la Roma avec, forcément quelque part dans son esprit, les images de ce 15 octobre 2006. Jour où la Reggina s’est mise à croire que certains miracles pouvaient se réaliser. D’ailleurs, encore aujourd’hui, Mazzarri le dit : « Le Scudetto ? Je l’ai déjà gagné en 2006-07, avec la Reggina. » Tout est dit.
Eric Maggiori