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La saison du Lopes nouveau
Toujours dans les mauvais coups, agressif, provocateur, Anthony Lopes jouit d'une image particulière depuis ses débuts en Ligue 1. Mais cette saison, le gardien lyonnais veut que ça change.
Une praline de Memphis Depay dans la lucarne d’Alphonse Areola à la 94e minute. Voilà comment s’est terminé le dernier match entre Lyon et Paris au Parc OL. Soit par une victoire éclatante des hommes de Bruno Génésio. Mais, malgré cette très belle performance, ce n’est pas la seule image que l’on retiendra du match. À la demi-heure de jeu, Kylian Mbappé sort sur civière complètement sonné après un gros choc avec Anthony Lopes. Un fait de jeu qui relance une fois encore le débat sur une supposée agressivité exacerbée du gardien lyonnais. « Mon jeu est basé sur l’agressivité. Je n’ai pas une envergure exceptionnelle et, si je subis, je deviens un gardien lambda. Je ne vais pas changer mon jeu pour plaire à certains, car il y a des polémiques » , expliquait en septembre dernier Anthony Lopes. D’ailleurs, son style aventurier l’a desservi quelques jours plus tard au Parc des Princes, lorsqu’il a concédé un penalty à la suite d’une sortie en retard dans les pieds de… Kylian Mbappé, encore.
Pas de fumée sans feu
Dans le fond, Anthony Lopes est dans le vrai. C’est dans son rôle de gardien de ne pas subir le duel avec l’attaquant. Face à Kylian Mbappé, il cherche à jouer le ballon. Et ce type de choc face à un joueur qui arrive lancé, tous les gardiens en ont déjà vécu quelques-uns. Mais c’est seulement lorsque c’est Anthony Lopes qui est dans le coup que cela fait scandale. Parce que le Portugais jouit d’une image très négative. Celle d’une brute et d’un petit con toujours enclin à chercher la bagarre. « On m’a même reproché des événements dans lesquels je n’avais aucune responsabilité. Comme lorsque je reçois ce pétard à Metz (le 3 décembre 2016) ou lors des incidents face à Beşiktaş (13 avril 2017). Mais je ne peux m’en prendre qu’à moi-même, car j’ai souvent été dans la mêlée… » Le problème, c’est ça. À force de faire parler de lui, Anthony Lopes est devenu la cible préférée des : « S’il est toujours dans le coin quand ça part en vrille, c’est qu’il y a une raison. »
S’il estime n’avoir rien à se reprocher concernant son style de jeu, Anthony Lopes regrette tout de même l’image qu’il véhicule et est conscient d’en être responsable. Le déclic, il l’a eu après le 18 mars dernier, lorsque dans les altercations au Vélodrome, il décoche un pain à Oualid Baaloul, un intendant de l’OM. « Après le match, il y a eu une semaine de trêve internationale difficile à vivre, car j’étais coupé de ma famille, alors que j’avais besoin d’elle. J’ai connu un très, très gros bas mentalement, confie le portier lyonnais. À travers certains actes, je n’ai pu qu’amener des problèmes et inciter des personnes qui ne me connaissent pas à me pointer du doigt. Pourtant, dans la vie de tous les jours, je suis à des années-lumière de ce que j’ai parfois pu dégager sur le terrain. » Après un match avec le Portugal à Genève, Bruno Génésio et Grégory Coupet viennent le chercher et tentent de le remettre d’aplomb sur le chemin du retour. Mais Lopes se renferme sur lui-même et vit une fin de saison très compliquée, coupé du foot par sa suspension.
Une claque, déclic
Alors à partir de l’été, le gardien se remet en question et entame un travail sur lui-même, avec l’aide de ses proches et des conseillers, notamment Xavier Bernain. Son objectif : démarrer une nouvelle carrière en matière d’image. « À la fin de ma carrière, je n’ai pas envie qu’on dise que j’étais un taré complet, présent dans toutes les mêlées. Ce que je suis dans la vie de tous les jours et ce que je renvoyais sur le terrain, ce sont deux facettes très différentes. C’est aussi important pour la tranquillité des miens. Je sais que ça va prendre du temps, car les gens ne changent pas facilement d’avis. Mais le temps, je vais le prendre » , assure-t-il. Et pour l’instant, l’opération est réussie. Totalement focus sur le terrain, le gardien n’a connu aucun accroc cette saison. Et cela s’en ressent dans ses performances puisqu’il est clairement le meilleur Lyonnais de ce début de saison, en atteste son match incroyable dans le derby. « J’ai un jeu où j’ai besoin d’un maximum de gaz pour m’exprimer et j’en laissais beaucoup à travers ces bêtises » , explique-t-il. À 28 ans, en voilà un qui a peut-être pris du plomb dans la tête.
Par Kevin Charnay
Propos d'Anthony Lopes tirés de L’Équipe.