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- Russie-Arabie saoudite (5-0)
La Russie réussit son entrée en roulant sur l’Arabie saoudite
La Russie, qui doutait au moment d'aborder « son » Mondial, a écrabouillé l'Arabie saoudite en match d'ouverture, ce jeudi à Moscou (5-0). Au stade Loujniki, les Russes ont surmonté la sortie prématurée d'Alan Dzagoev. D'ailleurs, son remplaçant Denis Cheryshev a claqué un doublé. L'Égypte et l'Uruguay, qui s'affrontent demain, sont prévenus : il va falloir compter avec la Sbornaya.
Russie 5-0 Arabie saoudite
Buts : Gazinsky (12e), Cheryshev (43e, 90+1), Dzyuba (71e), Golovin (90+3) pour la Russie
Si la Russie était un jeune cadre dynamique surmené, on lui conseillerait de détacher le premier bouton de sa chemise et de souffler. C’est bon, elle peut respirer. Elle qui ne savait pas si son équipe nationale allait lui infliger une honte en mondovision a finalement vu ses représentants battre l’Arabie saoudite (5-0), ce jeudi en fin d’après-midi, en match d’ouverture du Mondial 2018, dans un stade Loujniki rempli de 78 011 âmes, dont celle de Vladimir Poutine. Mieux encore, elle n’a jamais tremblé, menant déjà de deux buts à la mi-temps et consolidant son succès après la pause.
Deux chefs-d’œuvre pour Cheryshev
L’idée était donc avant tout de ne pas rejoindre l’Afrique du Sud, seul pays hôte à ne pas être sorti des poules en 2010. La mission n’est pas encore accomplie, mais l’ampleur de ce succès pourrait faciliter la vie aux joueurs de Stanislav Cherchesov dans la suite de l’aventure. Bon, face à une équipe saoudienne extrêmement faible et naïve à souhait, la Russie n’est pas non plus dans une position qui lui permet de pavoiser. Disons que ce succès tranquille acquis dans un groupe A également composé de l’Égypte et l’Uruguay (qui s’affrontent vendredi 15 juin à Ekaterinbourg – 14h) lui donne le droit de rêver raisonnablement à un 8e de finale.
Disons la vérité : allez, pendant cinq minutes, la Russie n’a pas été bien brillante, mise à mal par les combinaisons saoudiennes. Il n’a toutefois pas fallu attendre très longtemps pour deviner que l’Arabie saoudite était alors en surrégime et que les masques allaient tomber.
Le problème de la sélection coachée par l’Espagnol Juan Antonio Pizzi, c’est qu’elle a été bien trop joueuse par rapport à ses moyens. On attendait des fulgurances de la part de Mohammed Al Sahlawi et de Yahia Al Shehri, on les attend encore. Au contraire, Al Shehri, comparé dans son pays à Lionel Messi, avait plutôt les pieds de Nicolas Pallois quand il s’est embarqué dans une série de dribbles dans sa surface qui a fini par offrir un corner pour la Russie. À force de concéder des corners à cause de ce genre de gamineries, les Saoudiens ont logiquement fini par passer à la caisse.
Golovin, services gagnants
Un corner joué en deux temps a alors permis à Aleksandr Golovin de trouver la tête de Yuri Gazinskiy au deuxième poteau (1-0, 12e). On n’avait plus vu un service de Golovin aussi réussi depuis son quart de finale à l’US Open 2006. D’ailleurs, à l’inverse du joueur du CSKA Moscou pisté par la Juventus, qui est né à Kaltan (Sibérie), Tatiana est née à Moscou. Trêve de démographie, la Russie a parfaitement maîtrisé son entrée en matière. Enfin presque. Quand son génie Alan Dzagoev (il n’a pas inventé de vaccin, mais bon, Albert Einstein savait-il faire un extérieur du pied ?) s’est écroulé après s’être claqué l’arrière de la cuisse gauche (23e), le stade Loujniki a eu peur. Mais comme il ’est écrit sur pas mal de tatouages dégueulasses que l’on devrait vite revoir cet été sur les plages : « Dans le mal se cache toujours du bien » . Alors Denis Cheryshev a remplacé Dzagoev et a profité d’un mouvement initié par Smolov et relayé par Zobnin pour égayer le monde entier : une balle piquée pour éliminer deux Saoudiens parfaitement synchronisés sur leur tacle, puis une praline du gauche sous la barre d’Al Muaiouf (2-0, 43e). Un bijou qui allait en appeler un autre en toute fin de match, quand le joueur de Villarreal, toujours un peu plus glouton, envoyait un amour d’extérieur du gauche dans la lucarne saoudienne (4-0, 90+1). Le suspense reposait en paix depuis déjà pas mal de temps…
Dans une deuxième période où les Saoudiens ont un peu plus montré leurs limites, les Russes, emmenés notamment par un Smolov particulièrement solide en pointe et par un Golovin solaire au mileu, ont fait ce qu’ils avaient à faire. Cette équipe n’a pas prévu d’aller particulièrement loin dans la compétition et il faut relativiser ce succès compte tenu de la faiblesse saoudienne, mais ce ne sont pas toujours les gens les plus ambitieux qui réussissent le mieux dans la vie. Force est de reconnaître que cette équipe a joué avec suffisamment d’âme pour ne pas être la risée de son pays.
Parce qu’un des thèmes de la soirée était « je sors du banc, je marque » , Artem Dzyuba a aussi profité de la soirée pour marquer une minute après son entrée en jeu (3-0, 71e). Sur une passe de qui ? Aleksandr Golovin. Toujours lui, toujours sans sa jupette. Fabuleux de bout en bout, Golovin a parachevé le succès des siens d’un coup franc en lucarne (5-0, 90+3). Ça n’avait pas spécialement de nom en Russie, alors on appellera ce 5-0 une manitov.
Russie (4-2-3-1) : Akinfeev – Fernandes, Kutepov, Ignashevich, Zhirkov – Gazinsky, Zobnin – Samedov (64e, Kuzaiev), Dzagoev (24e, Cheryshev), Golovin – Smolov (70e, Dzyuba). Sélectionneur : Stanislav Cherchesov.
Arabie saoudite (4-1-4-1) : Al Muaiouf – Al Burayk, Omar Hawsawi, Osama Hawsawi, Al Shahrani – Otayf (64e, Al Muwallad) – Al Shehri (72e, Babhir), Al-Jassim, Al-Faraj, Al-Dawsari – Al-Sahlawi (85e, Asiri). Sélectionneur : Juan Antonio Pizzi.
Par Matthieu Pécot, au stade Loujniki