- Ligue Europa
- 16e finale retour
- Feyenoord/AS Roma (1-2)
La Roma sort vivante de Rotterdam
Dans un match engagé et sous haute tension, le Feyenoord Rotterdam a dû s'incliner sur ses terres contre une AS Rome conquérante (2-1). Qualifiés en huitièmes de finale, les Giallorossi font le plein de confiance avant le retour à la Serie A.
Feyenoord Rotterdam – AS Rome (1–2)
E. Manu (57′) pour Feyenoord Rotterdam , A. Ljajić (45′), Gervinho (60′) pour AS Rome.
Sur le tableau du De Kuip Stadion s’affiche la 47e minute de jeu. En plein milieu du temps additionnel de la première période, l’AS Rome se dirige vers un premier acte solide et ponctué d’une belle domination collective. Oui mais voilà, l’important dans le football n’est pas de dominer. C’est de gagner. Après avoir concédé le nul à l’Olimpico (1-1), la Roma doit marquer à l’extérieur si elle veut accéder au prochain tour de la Ligue Europa. En bon opportuniste, Adem Ljajić comprend le message. Et pour cause : l’offrande de son camarade Vassilios Torosidis est aussi belle qu’un grec chaud en sortant de discothèque à cinq heures du matin. Ljajić profite de ce centre impeccable, mettant les siens devant, juste avant la mi-temps. Lors de sa célébration, le Serbe relâche la pression et n’oublie pas de rendre hommage à son pote Gervinho, victime d’un jet de banane gonflable quelques minutes auparavant. Au vu d’un tel comportement, une chose est sûre ce jeudi soir : sur le terrain comme en dehors, les plus intelligents sont sortis vainqueurs.
Exit Kazim
Six ans. Cela faisait depuis la saison 2008-2009 que le Feyenoord Rotterdam n’avait plus connu les joies d’une compétition européenne. Pour un aussi grand monument du football néerlandais, c’est une véritable éternité. Contre un autre grand nom du Vieux Continent, De Kuip veut accueillir avec la manière et aller aussi loin que possible dans la compétition. Comme il s’agit d’un match entre deux grandes entités, les légendes ont aussi leur mot à dire. Sur une perte de balle de Karim El-Ahmadi, c’est l’heure du geste de grande classe de Francesco Totti. D’une balle piquée, le numéro 10 romain voit sa balle effleurer le montant de Vermeer, spectateur plutôt qu’artiste-peintre pour l’occasion (15e). Deux minutes plus tard, un coup franc giallorossi permet au Capitano de s’illustrer une nouvelle fois, mais sa frappe heurte le poteau. Bousculé sur sa pelouse, Feyenoord va réagir dans la foulée : la frappe d’El-Ahmadi est mal bloquée par Lukasz Skorupski, et Kazim Richards arrive lancé pour se prendre un violent coup de coude de Daniele De Rossi. Pas vu pas pris, le Romain met tout de même le feu aux poudres avec son geste déplacé, comme le prouve un accrochage verbal entre Kazim et Mapou Yanga-Mbiwa. Peut-être trop dans son match, le Turc finit par se claquer sur une course et doit laisser ses partenaires se débrouiller sans lui dès la demi-heure de jeu. Caché dans sa parka les larmes aux yeux, Kazim-Kazim observe tant bien que mal les prouesses de ses coéquipiers sous la pluie torrentielle de Rotterdam.
Les caviars Torosidis
À travers les gouttes, les Transalpins se débrouillent mieux que leurs hôtes pour se créer des occases. Suite à un mauvais renvoi défensif, Totti dévisse sa reprise, et la balle atterrit dans les pieds de Miralem Pjanić, dont la frappe ne trompe pas Vermeer. Mais la Roma souhaite beaucoup trop rentrer aux vestiaires avec un avantage. Elle l’obtiendra grâce à Ljajić et Torosidis. Le reste, c’est un mélange de naïveté batave et de gestion de conflit digne d’un Jules César. Dix minutes après la reprise, le remplaçant de Kazim, Mitchell te Vrede, s’engage bêtement sur la cheville de Kostas Manolas. Une expulsion évidente sur les ralentis, mais visiblement pas au goût de certains supporters locaux, prêts à jeter des projectiles en tout genre sur le terrain. Résultat : arrêt du match par Clément Turpin, et de gros ennuis à venir pour Feyenoord. Après une dizaine de minutes à observer la verdure et les lignes blanches, le jeu peut enfin reprendre. Histoire de redonner espoir à son adversaire, la Roma concède une égalisation évitable sur une percée du jeune Elvis Manu (57e). Histoire de casser le moral de son adversaire, la Roma marque juste derrière. Sur un nouveau service de Torosidis, Gervinho ajuste Vermeer et prend un bain de foule rouge et jaune en guise de veni, vedi, vici (58e). À la place d’une banane, Gervais a lancé un sort au Feyenoord. Celui de se faire sortir de l’Europe par un Éléphant roi d’Afrique.
Par Antoine Donnarieix