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La Roma est-elle eurosceptique ?
Alors qu’elle fait partie des favoris de cette édition de Ligue Europa, si la Roma veut aller au bout, elle devra démentir sa propre histoire qui la voit constamment échouer dans les compétitions continentales. En effet, les chiffres font mal.
Coupe des coupes contre Coupe des villes de foire. Dans la capitale italienne, on débat comme on peut sur la chose européenne. La Lazio agite fièrement l’ex-C2 conquise lors de sa dernière édition tout en discréditant l’ancêtre de la C3 que la Roma a remportée en 1961. Alors ? Qui a la plus grosse ? On s’en moque un peu, mais si la Lazio a régulièrement connu des périodes sans dans son histoire, la Roma, elle, a quasiment toujours pris part aux compétitions UEFA. Or, elle ne s’y est jamais vraiment trouvée à son aise. Une finale de Coupe d’Europe des clubs champions perdue à l’Olimpico et aux tirs au but contre Liverpool en 1984. Rebelote six ans plus tard avec l’Inter qui sort gagnante de la double confrontation italienne (retour à la maison) en finale de Coupe de l’UEFA. Depuis, le Milan, l’Inter, la Juve, la Lazio, Parme, mais aussi le Torino et la Sampdoria ont atteint ce stade de la compétition, mais pas la Roma, malgré vingt et une autres tentatives.
Un board OTANsceptique ?
Une street credibility sur la scène européenne est assurément un des points cardinaux du programme des propriétaires américains de la Roma. Seulement voilà, depuis leur débarquement en 2011, Di Benedetto, Tacopina, Pallotta et compagnie ont enchaîné les cuisantes désillusions. Résultat : 19 % de victoires, soit cinq petits succès. Les victimes ? CSKA Moscou, Feyenoord, Bayer Leverkusen, Astra Giurgiu et Austria Vienne. Mais aussi cinquante-deux buts encaissés en vingt-six matchs, soit deux tout rond par match et seulement deux sans encaisser le moindre but. Les défaites ont parfois été très lourdes comme contre le Bayern (1-7) et à Barcelone (6-1), mais aussi deux 0-3 contre la Fiorentina et Porto synonymes respectivement d’élimination en C3 et C1. Dans ce laps de temps, la Roma est également tombée contre le Slovan Bratislava et le Bate Borisov. En décembre dernier, un poisseux 0-0, en refusant le jeu, à domicile, contre les Biélorusses, avait permis de passer la phase de poules de la C1 par la porte de service. L’Olimpico avait d’ailleurs accueilli cette qualification par une bronca. Voilà aussi pourquoi la Louve ne figure qu’au 40e rang du classement UEFA par club.
Pour l’honneur de Totti
Néanmoins, ce bilan déficitaire ne concerne pas seulement l’ère US. La Roma a été européenne durant seize des dix-huit dernières saisons. En Italie, seule la Juventus tient un pareil rythme. Une période qui concerne la Roma de Capello (1999-2004) et de Spalletti 1er (2005-2009). Deux générations capables de se mêler régulièrement à la lutte pour le Scudetto en plus du gain de celui de 2000-01. Parallèlement, les campagnes européennes ont régulièrement été décevantes, la Roma de Batistuta, Totti, Montella et Cassano n’a jamais fait mieux que des « Final 16 » , que ce soit en C1 (deux 2es phases de poules) ou en C3 (deux 8es). Certes, les bourreaux s’appelaient Liverpool, Villarreal, Arsenal ou le Barça, mais sur le papier, cette équipe avait une victoire finale dans le bide. Paradoxalement, la team Spalletti, faite de bric et de broc, a fait mieux avec deux quarts de C1 consécutifs en 2007 et 2008 contre Man U. Depuis, la Roma n’a jamais poussé aussi loin.
Une incroyable « régularité » qui tend à valider la théorie parfois capillotractée de l’ADN d’un club. Celui de la Roma manquant d’un gène fondamental pour être compétitif hors de la Botte : la personnalité. Résultat des courses, un certain Francesco Totti n’a même jamais connu l’ivresse d’un dernier carré de Coupe d’Europe. Peut-être bien le seul dans ce cas parmi les joueurs de sa trempe. Bref, raison de plus pour aller chercher une demi-finale, voire une finale. Le must étant de ramener enfin une « vraie » C3 sur l’étagère à trophées afin de poursuivre le concours de « qui a la plus grosse » avec les cousins.
Par Valentin Pauluzzi