- Euro 2012 – Groupe D – France/Angleterre (1-1)
La revue de presse de France-Angleterre
Entre la défense anglaise et le geste d'humeur de Samir Nasri, la presse des deux pays s'est quand même bien ennuyée hier soir pendant la rencontre phare du Groupe D...
Angleterre
Outre-Manche, on retrouve, grosso-modo, le même son de cloche dans tous les quotidiens de Sa Majesté, à savoir une satisfaction d’avoir obtenu le nul. « Job Donetsk » titre ainsi The Sun, pour souligner que le boulot a été fait, et plutôt bien fait, par les Roy’s Boys. Tellement bien que les notes données par le tabloïd au onze anglais ne descendent pas en-dessous de 6, avec une meilleure « mark » de 8 pour Lescott. Carrément… L’ancien joueur Chris Kamara, devenu consultant, se satisfait de la prestation défensive de haute volée des Three Lions : « Roy Hodgson s’est attaché à travailler à nous rendre difficile à battre. C’est exactement ce que nous sommes. » The Guardian reste dans le même ton, avec toutefois une réserve affichée sur les possessions de balle des Three Lions : « Si l’Angleterre a fait une prestation sérieuse, elle devra toutefois apprendre à mieux utiliser le ballon et à utiliser un style de passes plus incisif. » D’ailleurs, dans la liste des cinq enseignements à retirer de la rencontre, le quotidien de centre-gauche insiste sur le fait que Roy Hodgson doit être moins frileux et mettre plus en valeur les talents d’Ashley Young. Selon Dominic Fiffield, la subtile ouverture du Mancunien pour Milner en début de match est « une indication du niveau que peut atteindre un joueur qui a marqué et a été créatif dans ses dernières sorties internationales. »
Du côté de la BBC, on titre aussi « L’Angleterre tient bon le nul » . Avec toutefois un sentiment contrastant que tout le monde aura sans doute partagé : « C’était un match qui a terni le scintillant début de tournoi (…), joué par deux équipes qui se sont satisfaites d’un point pour leur première sortie. » Un nul qui permet à Wayne Rooney de gagner du temps en vue de son retour lors du troisième match contre l’Ukraine. Enfin, à l’image de The Independent, les canards british ont loué à peu près de la même façon l’opposition des Froggies. Offrant une mention particulière à Mathieu Debuchy, le quotidien parle de l’échec du « triumvirat offensif » composé de Ribéry, Nasri et Benzema dans sa prise d’assaut de la défense. Enfin, comme l’a remarqué la BBC, « la lourdeur de la paire défensive française » n’a pas rassuré. Voilà bien la faille qu’il aurait fallu exploiter pour que le double-rideau anglais nous tringle, à en croire nos confrères britons. Mais est-ce une nouveauté ?
France
Les premiers pas des Bleus à l’Euro 2012, contre l’Angleterre (1-1), ont inspiré des sentiments mitigés à la presse française. D’un côté, un ouf de soulagement : menée au score (30e), la France a égalisé à peine neuf minutes plus tard et aligne du coup son 22e match sans défaite. De l’autre, ce sentiment de frustration : hier soir, au bout de l’ennui, il y avait moyen de battre les sujets de Sa Majesté. « La France n’a pas trouvé la clé anglaise » , résume Libération. Même diagnostic à l’égard des Français – et même jeu de mots – en provenance du Figaro: « Ils auraient pu arracher la victoire en fin de rencontre avec plus de réussite : sur une frappe de Ribéry renvoyée par Hart (75e) et deux tirs de Benzema (88e et dans le temps additionnel). Au final, les Bleus ont remporté le match des tirs 19-3 (dont 15 cadrés) sans trouver la clé anglaise. » Malgré cette domination française, le spectacle (un bien grand mot) fut… Comment dire ? D’un ennui mortifère. Comme tout le monde, le quotidien L’Équipe a dû assister au pensum. « Il y a longtemps qu’on n’avait pas vu un match de l’équipe de France en phase finale aussi dépourvu de passion, de rythme et de qualité. Avant, même quand les Bleus ne montraient rien, leur adversaire s’en chargeait. Pas hier soir, sur la pelouse médiocre et sèche de Donetsk, par une chaleur étouffante qui sera une excuse commode aux intentions alanguies. » Peu de jeu, peu d’entrain, donc.
Tout compte fait, de cette entrée en matière de l’équipe de France, on retiendra peut-être (surtout ?) le geste d’humeur de Samir Nasri à l’encontre des médias, au moment de son but égalisateur. Principal visé, le journal L’Équipe décrit « un Nasri fixant du regard la tribune de presse de la Donbass Arena, un doigt sur la bouche, après un mouvement des lèvres qui laissait comprendre la rage qu’il avait à évacuer en trois mots :« Ferme ta gueule ». » Il y avait la langue tirée de Dugarry en direction des journalistes au Mondial 98, il y aura désormais « le mouvement des lèvres » de Samir Nasri. Le milieu de terrain de Manchester City s’est vengé à sa manière des médias (L’Équipe en tête) qui critiquaient, ces dernières semaines, sa propension à déserter le couloir droit pour aller papillonner dans l’axe. Pas rancunier, le quotidien sportif lui a attribué aujourd’hui la meilleure note de la sélection tricolore (7/10), au même titre que Mexès, car, « discipliné et concentré, le défenseur central français a rassuré, après trois matches de préparation inquiétants » . En voilà un qui n’aura pas à leur dire de fermer leur bouche s’il venait à marquer…
Arnaud Clement & Adrien Pécout