- Ligue 1
- J18
- Saint-Étienne-PSG (1-1)
La révolution Pochettino attendra
Pendant que le Capitole de Washington était le théâtre de scènes aussi hallucinantes qu’historiques, une autre révolution était attendue à Saint-Étienne, portée par des hommes vêtus de tuniques bordeaux. Mais celle-là n’est jamais arrivée. Le constat est clair après la grande première de Mauricio Pochettino du côté du PSG : plus que l'électrochoc de ce changement d'entraîneur, il faudra à cette équipe du temps pour corriger ses faiblesses et se remettre complètement sur pieds.
Bien des qualités ont été prêtées à Mauricio Pochettino depuis la signature de son contrat au Paris Saint-Germain. Malheureusement, il n’a jamais été question qu’il fasse des miracles. Pour sa première sur le banc parisien mercredi soir, sur la pelouse froide du stade Geoffroy-Guichard de Saint-Étienne, le technicien argentin a tenté des choses, mais n’a pu être que le témoin de l’impuissance du PSG à arracher mieux que le point du nul aux Verts de Claude Puel. Il y avait, malheureusement, encore un peu trop du PSG de 2020 dans ce premier PSG de 2021 : trop timorés, trop fragiles derrière, trop minés par les blessures et pas aidés par leurs génies offensifs en mode zombie.
Verratti, dix sur dix
Parce qu’il faut quand même essayer de voir le verre à moitié plein, notons déjà le positif. S’il a fait se lever quelques sourcils – et pas forcément à tort, vu le passif –, ce choix de la Poche de confier les clés du camion à Marco Verratti dans un rôle plus offensif qu’à son habitude aura été l’une des rares, mais franches satisfactions de la soirée parisienne. Sans qu’on sache trop si c’était ce nouveau rôle ou ses récentes fiançailles qui l’ont mis dans cet état, mais Petit Hibou était absolument partout en première période. D’abord un peu trop collé à ses attaquants, il a ensuite laissé sa faim de ballon le guider de haut en bas du terrain, pour aller chercher le cuir derrière et se mettre face au jeu comme pour accompagner les offensives plus haut. Résultat : s’il a moins œuvré à la récupération, il a quand même touché 144 ballons (de très loin le plus haut total de la rencontre) pour 119 passes (idem, avec 92% de réussite), dont une passe décisive pour Moise Kean. Et si la sortie de Gueye à l’heure de jeu l’a fait revenir à une position plus habituelle, l’expérience n’aura sans doute pas déplu à Pochettino. Et l’idée de voir ce que l’association avec Neymar donnerait une fois le Brésilien de retour a sans doute dû le titiller.
Un Neymar dont, justement, l’absence se sera cruellement fait ressentir ce mercredi. Il était l’un des neuf forfaits côté parisien (avec Bernat, Florenzi, Icardi, Kimpembe, Kurzawa, Paredes, Pereira et Rafinha) qui ont, comme lors de la première partie de saison, contraint l’entraîneur parisien à bricoler une équipe avec ce qu’il avait sous la main, et pas toujours des joueurs en pleine bourre. Pour la première d’un Pochettino qui disait ambitionner de soigner la manière avec son nouveau groupe, ça n’a pas aidé. Derrière, Dagba, Kehrer, Bakker ou Gueye notamment, des joueurs souvent en ballottage dans la hiérarchie, n’ont clairement pas marqué de points et ont incarné la fébrilité défensive des Parisiens. Devant, ni Di María, sur courant plus qu’alternatif depuis le Final 8, ni Mbappé, qui marche toujours sur une très fine ligne entre le génie et le médiocre, n’ont réussi à prendre la relève d’un Neymar qui semble être le seul à pouvoir amener un peu d’audace dans cette attaque ces derniers temps.
Des fondations à retaper
Parfois, le changement est un électrochoc suffisant pour qu’une équipe retrouve un peu de vie. À Paris, les plombs ont sauté et il faudra sans doute encore attendre avant que Pochettino ne parvienne à rallumer la lumière. Il aurait, à vrai dire, été surprenant que deux semaines de vacances et trois jours d’une nouvelle gouvernance n’effacent les stigmates d’une première partie de saison sinon abominable, au moins très éprouvante. La mission de l’Argentin est d’autant plus claire après ce premier match : rééduquer ce groupe, lui donner une véritable identité, une façon d’être, qui puisse se manifester aussi sans dépendre – et c’est sans doute le plus compliqué – des individualités offensives et de leurs éclairs de génie sur lesquelles Paris se repose trop pour masquer ses carences. Retaper entièrement les fondations, le réseau électrique et la tuyauterie avant de s’attaquer aux moulures et aux ornements qui font joli. Autrement dit, ce chantier a plus besoin d’un architecte que d’une Valérie Damidot.
Par Alexandre Aflalo