- Coupe d'Asie des Nations
La revanche du Moyen-Orient ?
Onze ans avant le Mondial, le Qatar accueille la compétition continentale reine. L'occasion pour les nations de la région de reprendre le dessus après un passage à vide.
En Afrique du Sud l’été dernier, pour la première fois depuis 1974, aucune nation du Moyen-Orient n’était présente à une Coupe du Monde. Le champion d’Asie en titre, l’Irak, a rapidement échoué lors des qualifications. L’Iran, l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis se sont fait devancer par les deux Corées dans le tour final. Enfin, Bahreïn a dû s’incliner en barrage de zones contre la Nouvelle-Zélande. Depuis une dizaine d’années, l’épicentre de l’Asie du football semble virer à l’Est. Les nations phares de la région ont pourtant intérêt à vite reprendre le dessus, alors que le Qatar vient d’être désigné pour accueillir le monde du football en 2022. Dans un continent qui semble de plus en plus s’éveiller au football et où l’émergence progressive de nouvelles nations génère une homogénéité nouvelle, cette Coupe d’Asie, qui débute vendredi et se termine samedi 29 janvier, suscite la curiosité. État des lieux des forces en présence et des enjeux, groupe par groupe.
Groupe A
Sur le papier, c’est clairement le groupe le plus faible. A domicile, le Qatar aura forcément à cœur de se qualifier pour les quarts et de prouver aux sceptiques qu’il est en mesure de ne pas être ridicule dans onze ans, alors qu’il sera qualifié d’office à son Mondial. Entraînée par Bruno Metsu depuis plus de deux ans, la sélection est presque exclusivement composée de joueurs évoluant dans la Stars League locale, à l’exception du meneur Hussein Yasser, pièce majeure de l’actuel leader du puissant championnat égyptien, Zamalek. Avec le 82ème rang mondial, la Chine est la nation la mieux classée du groupe. Elle peut faire preuve d’ambition, après une année 2010 prometteuse (une Coupe d’Asie de l’Est gagnée contre le Japon et la Corée du Sud, six victoires sur onze amicaux disputés). Le Koweit, en perte de vitesse depuis les eighties, arrive avec une équipe rajeunie et un récent trophée régional conquis (la Coupe du Golfe, battant l’Arabie Saoudite en finale). Enfin l’Ouzbékistan, quart de finaliste lors des deux dernières éditions, est à la recherche d’un premier gros coup continental.
Groupe B
Deux grands favoris pour la qualification : le Japon et l’Arabie Saoudite. On a déjà parlé des Samouraïs Bleus. On se doit de parler des Faucons Verts, traumatisés par leur absence au dernier Mondial, une première depuis 94. En Coupe d’Asie, la dernière édition s’est également transformée en désillusion avec l’étonnante défaite en finale face à l’Irak. Le technicien portugais Jose Peseiro (ancien adjoint de Queiroz au Real) a la pression : la sélection n’a jamais figuré aussi bas dans la hiérarchie planétaire (81e, contre un 28e rang il y a encore six ans). Surprise de la Coupe d’Asie 2004 avec un quart de finale pour sa seule et unique participation à la compétition, la Jordanie fait figure d’outsider à surveiller, avec une équipe réputée offensive composée d’éléments ayant participé au Mondial U20 en 2007. Quant à la Syrie, son retour sur la scène continentale après quinze ans d’absence est déjà en soi une sacrée performance.
Groupe C
Comme pour le groupe B, deux sélections se détachent. L’Australie tout d’abord, qui s’impose de plus en plus comme une nation majeure du football. Les Socceroos sont les mieux classés de la Zone Asie d’après la Fifa et disposent de la plus grande délégation de joueurs évoluant en Europe : seize sur vingt-trois, parmi lesquels Tim Cahill, Brett Emerton ou Harry Kewell. Les Sud-Coréens visent également la victoire finale, eux qui n’ont pas remporté le trophée continental depuis 1960 (pas même une finale depuis 1988). Parmi les cadres, ne manque que le Monégasque Park, blessé. Bahreïn, qui a manqué de justesse de se qualifier en Afsud, peut surprendre les deux favoris du groupe. Ce sera en revanche nettement plus difficile pour l’Inde, qui n’en est encore qu’à l’ère préhistorique footballistiquement parlant. Il sera néanmoins intéressant de suivre la performance du deuxième pays le plus peuplé au monde, qui semble petit à petit vouloir s’ouvrir au monde du ballon rond. La I-League locale est en développement et des investisseurs étrangers (la compagnie américaine IMG worldwide) s’y intéressent de près.
Groupe D
Un groupe indécis que ce groupe D, même si l’Iran devrait logiquement pouvoir s’en dépêtrer. La sélection chère au président Ahmadinejad n’a pas franchement la cote auprès des instances de l’AFC mais sur le terrain, c’est incontestablement une valeur sûre du football asiatique, toujours placée mais peu de fois gagnante (dernière victoire en 76). Défaits 0-3 le 7 octobre dernier en amical face au Brésil, les Iraniens sont ambitieux en ce mois de janvier, avec en tête de gondole le duo d’Osasuna Nekouman–Shojaei, seuls expatriés parmi les 23. Les Irakiens, champions en titre, ne vont pas avoir la tâche facile pour sortir de ce groupe piège, malgré la présence du buteur et capitaine Younis Mahmoud en bonne forme. Les Émirats Arabes Unis et la Corée du Nord du Rooney d’Asie Jong Tae-se (qui brille en 2. Bundesliga et dont on vous reparlera) complètent la composition de ce groupe D.
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