- C3
- Finale
- Francfort-Rangers (1-1, 5-4 aux TAB)
La revanche de Kevin Trapp
Il fallait un héros. Au bout de la nuit sévillane, alors que cette finale de Ligue Europa entre les Glasgow Rangers et l'Eintracht Francfort hésitait encore pour savoir de quel côté basculer, Kevin Trapp s'est chargé de faire pencher la balance. D'un arrêt miraculeux au bout de la prolongation d'abord, puis en détournant un tir au but lors de la séance fatidique. Un magnifique retour de manivelle pour l'ancien portier du PSG.
Au moment de voir le centre millimétré de Kemar Roofe foncer vers lui, Ryan Kent pensait sûrement déjà être le héros de tout un club, de toute une ville. Au fin fond de la prolongation, l’attaquant des Rangers se voit offrir une véritable balle de match dans cette finale, mais l’Anglais n’était pas destiné à devenir le héros de Séville. Face à lui, un homme, ou plutôt un rempart : Kevin Trapp. Battu au départ du ballon, l’Allemand surgit de nulle part pour réaliser un arrêt miracle. Quelques minutes plus tard, c’est encore du pied qu’il repousse le tir au but du malheureux Aaron Ramsey. Quarante-deux ans après la Coupe de l’UEFA remportée contre le Borussia Mönchengladbach, l’Eintracht Francfort peut exulter : le gang d’Oliver Glasner s’adjuge la Ligue Europa version 2021-2022.
C’est son histoire
Au moment de recruter un jeune gardien prometteur de 21 ans à l’été 2012, l’Eintracht Francfort était loin de s’imaginer vivre une telle histoire avec Kevin Trapp. 255 sorties sous le maillot des Aigles plus tard, l’international allemand est chez lui sur le Main. Parti au PSG après trois belles saisons, Trapp est revenu en arrière pour mieux briller en 2018. Avec réussite. Le « capitaine de vestiaire » , comme le désigne son entraîneur Oliver Glasner, avait besoin de se sentir important pour repartir de l’avant. À le voir jouer les sauveurs sur la pelouse du stade Sánchez-Pizjuán, impossible de nier que le pari est amplement réussi. Pas un hasard non plus si l’Eintracht est parvenu à remporter cette Ligue Europa sans concéder la moindre défaite, devenant ainsi la troisième équipe à réaliser une telle performance.
« Vous pouvez voir ce que cela signifie pour le club et les supporters. Atteindre une finale européenne après 42 ans est quelque chose de vraiment spécial, s’émerveillait-il déjà après avoir éliminé West Ham en demi-finales. Jusqu’à présent, c’est le plus beau match et le plus beau jour de ma carrière. J’ai déjà quelques années derrière moi. J’ai traversé des épreuves. Mais vous pouvez constater cette joie. L’atmosphère et le fait d’arriver en finale, c’est quelque chose que je n’ai jamais connu au niveau européen. » Le seule finale de la carrière du bonhomme jusqu’à présent ? En Coupe de France face aux Herbiers, en 2018.
Comme un air de revanche
Une revanche, voilà comment pourrait être qualifié ce sacre pour celui qui n’aura jamais vraiment réussi à convaincre à Paris, où ses boulettes face au Bordeaux de Wahbi Khazri ou sur la pelouse du Real Madrid restent les principaux souvenirs qu’il ait laissés. Reste qu’à 31 ans, le voilà qui rejoint désormais des noms comme Carlo Ancelotti, Kevin Gameiro, Zlatan Ibrahimović, Kingsley Coman, Thomas Tuchel, Thiago Silva ou encore Unai Emery au palmarès des anciens du PSG version Qatar vainqueurs d’une Coupe d’Europe après leur départ de Paris.
Malgré cela, Trapp ne garde aucune amertume de ses trois ans en Ligue 1. « Je pense que ma personnalité a beaucoup évolué, parce que j’ai mûri et j’ai gagné en expérience, affirmait-il ces derniers jours dans un entretien accordé à Canal+. Mon passage à Paris m’a sans doute aidé à me développer parce que j’y ai joué avec des grands joueurs qui ont accompli beaucoup de choses et qui avaient beaucoup d’expérience. (…) Ce club a certainement contribué à faire de moi le gardien que je suis. Chaque arrêt que j’ai fait, chaque club et chaque équipe y a contribué. » Qu’attendent les supporters du PSG pour aller faire la fête ?
Par Tom Binet