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La revanche de Joachim Eickmayer
En échec à Sochaux et Amiens, Joachim Eickmayer broyait du noir lorsqu'il a débarqué en Vendée l’été dernier. Une saison plus tard, le Ch’ti de 25 ans est en train de lancer sa carrière. Enfin. Alors, il profite. À fond.
Depuis sa chambre du château de Clairefontaine, à la veille de disputer une finale de Coupe de France contre le PSG, entre la photo officielle et un dernier entraînement à la découverte du Stade de France, Joachim Eickmayer est « en plein kiff ! » En retournant Laval 3-2 vendredi dernier, l’équipe des Herbiers s’est délestée du costume de relégable en National 1 avant d’aborder ce match d’une vie. Le maintien ? « Les gens ne calculent pas trop le championnat. C’est la finale dont ils nous parlent. Même mon proprio ! À chaque fois qu’il me croise, il m’en parle… En début de saison, on ne gagnait pas un match. La Coupe de France a rendu les gens fiers » , énonce Eickmayer avec son accent ch’ti. Parce qu’avant de fouler la pelouse de Saint-Denis, le milieu de terrain des Herbiers a arpenté jusqu’à 18 ans le stade Duflot de Calonne-Lievin, et sa piste en stabilisé.
PH, Ligue 1, National 1
Petit-fils de mineur, le gamin grandit à Lens à la belle époque des Sang et Or. « La Ligue des champions, Sibierski, (Seydou) Keita, Moreira, Utaka… je me souviens d’un 7-0 contre Auxerre à Bollaert. » L’opportunité d’intégrer un club pro arrive finalement grâce à son coach en PH à Calonne-Lievin, Frédéric Cochez, qui travaille en parallèle comme recruteur pour le FC Sochaux-Montbéliard. Quelques mois plus tard, à l’été 2013, le Nordiste fait ses débuts en Ligue 1 sur la pelouse de l’Évian Thonon Gaillard, le club qui enverra les Lionceaux en Ligue 2 au match retour, lors de la dernière journée, à Bonal. Mais, depuis le départ d’Éric Hély et l’arrivée d’Hervé Renard, Eickmayer est passé de titulaire à remplaçant du remplaçant. Le club descend, le joueur se trouve un essai à Luzenac. « Ça se passait super bien, j’avais l’impression de jouer avec mes nouveaux coéquipiers depuis longtemps, mais vous connaissez la suite… »
La suite, c’est Luzenac qui multiplie les recours contre la décision de la DNCG pour finir par plonger en DHR. Début septembre, l’effectif entier se retrouve à la recherche d’un emploi. « Je suis revenu habiter chez ma mère à Lens, confie Eickmayer. Pendant un mois et demi, je n’avais rien à faire. Rien. Je regardais la télé et je voyais des potes que j’avais perdus de vue à cause de la distance. » Le joueur se relance finalement à Arras, là où joue son frère, en CFA. Puis rejoint rapidement l’ancien coach de Luzenac, Christophe Pélissier, qui a rebondi à Amiens. La montée en Ligue 2, Eickmayer la vit sur le terrain. La montée en L1, il l’a vécue devant sa télé, à Lens. « Chez moi, j’ai crié quand Emmanuel Bourgaud a marqué ! On ne peut pas être dégoûté parce qu’on ne joue pas, ça serait égoïste. » Comme à Sochaux, le Ch’ti n’entre plus dans les plans de l’entraîneur. « Je n’ai parlé avec personne, je suis parti. » Direction la Vendée.
« Peu de mots sortaient de sa bouche »
À la reprise de l’entraînement avec Les Herbiers, Frédéric Reculeau – le prédécesseur de Stéphane Masala – découvre un joueur « blessé dans son orgueil. Peu de mots sortaient de sa bouche. Il se dévalorisait. » « Quand un joueur pense qu’il est nul… » Se met alors en place toute une approche psychologique du staff pour lui redonner confiance et l’intégrer au groupe, a fortiori car son jeu est tourné vers le collectif. « Il a fallu le responsabiliser sur le terrain. C’était toujours des discussions informelles, on sentait qu’il ne fallait pas mettre la pression » , précise Reculeau. S’amorce alors petit à petit une évolution positive jusqu’à ce que Eickmayer prenne les clés du milieu des Rouge et Noir. « C’est un joueur complet, technique et athlétique. Il aime travailler pour les autres et il a les capacités pour jouer au moins en Ligue 2 » , s’emballe le coach qui s’est fait remplacer en janvier dernier au profit de son adjoint, qu’il considérait « comme son frère » .
Depuis le 32e de finale à Angoulême, Eickmayer a joué en intégralité tous les matchs des Herbiers en Coupe de France. Et, ce mardi, en finale, le Ch’ti pourrait avoir face à lui Lassana Diarra, un joueur qu’il apprécie particulièrement, une forme d’inspiration, aussi : « Il revient de loin, mais quand il joue, c’est la classe. » Le Jo n’a plus qu’à faire ce qu’il sait faire de mieux. S’il est sympa, le proprio de son appart’ lui fera une ristourne sur le prochain loyer.
Par Florian Lefèvre
Tous propos recueillis par FL.