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La renaissance du Napoli : de l’enfer au ciel azzurro

Par Giuliano Depasquale
La renaissance du Napoli : de l’enfer au ciel azzurro

Si le Napoli campe dans le haut du classement depuis quelques années, il faut savoir que le club a connu une faillite qui l’a expédié tout droit en D3, en 2004. De Laurentiis, Reja, Calaiò, Pampa Sosa, tant d’acteurs qui ont fortement contribué à la construction de l’équipe flamboyante que l’on connaît aujourd’hui.

« Je ne connais rien du foot, mais mon père, mon grand-père, ma grand-mère, ma famille m’ont appris ce que c’est… » En bon cinéaste, Aurelio De Laurentiis n’arrive pas à retenir ses larmes et encore moins à terminer sa phrase en 2014 lors d’une journée rencontre avec les supporters du Napoli. Une poignée de représentants d’un public à qui il a ramené de la joie. Aujourd’hui, si le Napoli peut rêver d’un titre de champion d’Italie qui manque depuis 1990 et un certain Maradona, c’est entièrement grâce à son président qui lui a rendu une nouvelle jeunesse. Car, si les années 80-90 sont considérées comme l’âge d’or du football italien, avec de nombreux clubs s’affichant sur le devant de la scène européenne, les Napolitains souffrent et finissent par atterrir en Serie B en 1998. Les dirigeants s’enchaînent et jouent au yo-yo avec les comptes, ainsi que les résultats, jusqu’à ce que l’inévitable se produise.

À l’été 2004, le Società Sportiva Calcio Napoli fait faillite. C’est Aurelio De Laurentiis qui vient alors à son chevet.

De Laurentiis est devenu supporter avec le temps, mais là, il n’avait pas vraiment de raisons d’investir de l’argent dans une affaire aussi risquée.

Ce producteur de cinéma qui n’y connaît pas grand-chose au foot, voire rien, reprend le club pour 32 millions d’euros et promet de le ramener au sommet. « L’ancien président, Roberto Fiore, le connaissait » , explique Gianfranco Coppola, auteur de l’ouvrage La storia del Napoli. « Il lui a suggéré de reprendre le club qui était en faillite en lui disant que lui-même ne pourrait pas assumer ça. De Laurentiis avait déjà voulu reprendre le club quelques années auparavant, mais il n’était pas vraiment convaincu à ce moment-là. Il faut dire que c’est un investissement important, parce qu’il fallait injecter des millions d’euros à cause de la faillite. En plus, le choix était d’autant plus difficile qu’il n’a jamais été un supporter du Napoli. Il le deviendra avec le temps, mais là, il n’avait pas vraiment de raisons d’investir de l’argent dans une affaire aussi risquée. Finalement, il y a cru et il a eu le courage de prendre cette initiative. »

La naissance du Napoli Soccer

Faillite oblige, le club s’appelle désormais le Napoli Soccer et quitte la Serie B pour la Serie C1. « Avec le lodo Petrucci (une règle de la Fédération concernant les faillites de clubs, ndlr), le Napoli est relégué directement en troisième division. Mais il fallait acquérir un titre pour s’inscrire à la ligue amateur, et pour ça, il a fallu créer un nouveau blason » , précise Giancarlo Coppola.

Cette passion a toujours existé à Naples, mais avant il y avait quelque chose de plus pittoresque, de plus local.

Toutes les démarches prennent cependant énormément de temps, et l’effectif, recomposé principalement par des prêts, débute sans réelle préparation le championnat. Sur le banc, c’est Giampiero Ventura qui est chargé de guider le groupe dans ce nouveau défi. Et, bien que la désillusion soit énorme à Naples et que les premiers résultats ne soient pas à la hauteur des objectifs, le stade gronde de supporters. « Le public venait toujours au stade par milliers. Et il y avait une atmosphère différente d’aujourd’hui. Cette passion a toujours existé à Naples, mais avant, il y avait quelque chose de plus pittoresque, de plus local. »

Malgré cet engouement, la première partie d’exercice est jugée trop inquiétante pour De Laurentiis, qui décide de remercier Ventura au profit d’Edy Reja. Le groupe est alors dans le bas du classement et les rêves de playoffs ne sont qu’utopie.

Les autres équipes, qui n’avaient qu’une poignée de supporters et qui jouaient le match de leur vie contre le Napoli, faisaient tout pour arracher des points.

« Ventura a commencé avec beaucoup de passion, continue le Napolitain. Mais il a dû travailler avec une nouvelle équipe et ce n’était vraiment pas évident. Les joueurs n’arrivaient pas à tenir le ballon, il n’y avait pas de tactique. À vrai dire, il n’y avait pratiquement rien dans cette équipe quand il est arrivé. Il a eu beaucoup de courage de la reprendre. Ventura était vraiment aimé des supporters, mais les résultats faisaient que le club ne pouvait plus continuer avec lui. Il avait surtout perdu beaucoup de points à l’extérieur. Il faut aussi comprendre les autres équipes qui n’avaient qu’une poignée de supporters et qui jouaient le match de leur vie contre le Napoli faisaient tout pour arracher des points. »

La solution est toute trouvée au mercato hivernal avec, entre autres, les arrivées d’Emanuele Calaiò, Inácio Piá et Gaetano Fontana, en plus de Reja. Le premier joueur cité se révèle d’ailleurs rapidement un buteur en série. Acheté pour 2,85 millions d’euros à Pescara, celui que l’on surnomme « l’Archer » pour l’arc à flèches qu’il dégaine après chaque but, est le premier symbole d’un Napoli en passe de récupérer son dû.

La révolution Reja

La sauce Reja prend immédiatement, et les Partenopei remontent chaque week-end un peu plus au tableau.

Pour la deuxième saison, l’équipe est déjà mieux qu’un an auparavant. Les joueurs ont eu le temps de la préparer, et chacun est déterminé à rejoindre la Serie B cette fois.

Le nouveau coach ne subit qu’une seule défaite en quinze journées et finit par accrocher des playoffs qui demeuraient inatteignables pendant une bonne partie de la saison. « Reja avait une façon de jouer très malléable, se souvient Giancarlo Coppola. Il pouvait mettre en place un 3-5-2 comme un 4-4-2, selon les circonstances. À la maison, souvent, il utilisait cinq défenseurs dont les latéraux, très offensifs, pouvaient rejoindre le milieu de terrain. En déplacement, il préférait jouer un peu plus couvert dans un 4-4-2. Reja était vraiment un excellent entraîneur, très talentueux. Et même sur le plan humain, il s’intéressait beaucoup aux joueurs, parlait avec eux. » La demi-finale contre le Sambenedettese se passe très bien avec un match nul et une victoire, mais c’est l’ascenseur émotionnel par la suite, dans un derby intense contre l’Avellino.

Le Napoli n’arrive pas à décrocher mieux qu’un 0-0 à la maison et se fait surprendre par plus fort au match retour, 2-1. La désillusion est de nouveau importante pour toute la cité et le club, mais pas question de se laisser abattre, car la saison 2005-2006 sera la bonne. Le plan « retour vers la Serie A » est entamé. Mais d’abord, objectif Serie B. « Pour la deuxième saison, l’équipe est déjà mieux qu’un an auparavant. Les joueurs ont eu le temps de la préparer et chacun est déterminé à rejoindre la Serie B cette fois. L’effectif a été assez bien renforcé, le public était toujours autant présent, même en déplacement, donc le club lui-même allait déjà mieux. »

Calaiò tire des flèches à foison, le gardien, Iezzo, n’encaisse que 18 buts et le Napoli file tout droit vers la promotion en survolant cette année. Un épisode souvent méconnu est tout de même à souligner : pendant ces deux années, le numéro 10, normalement banni en l’hommage du dieu Maradona, refait son apparition.

Cette journée devait être la mienne et j’en suis encore fier, je m’en souviendrai pour toujours. Marquer avec ce maillot floqué du numéro 10 a été un souvenir inoubliable pour ma carrière.

« En Serie C, on ne joue pas avec des maillots personnalisés, les numéros sont préétablis » , explique toujours Giancarlo Coppola. « Il n’y a pas de 99, de 57 ou de 44, les numérotations vont du 1 au 11. Donc, le Napoli était obligé de faire jouer quelqu’un avec le 10. Mais, ensuite, quand le club est retourné dans les divisions professionnelles, il n’a plus été attribué à personne. » Et ils seront deux à le porter : Pampa Sosa et Bogliacino. « J’ai attendu deux ans. Je l’ai toujours laissé à Bogliacino le temps de la Serie C. Mais, pour la dernière journée au San Paolo, j’ai voulu qu’il soit à moi, alors j’ai parlé avec l’entraîneur et les assistants. Cette journée devait être la mienne et j’en suis encore fier, je m’en souviendrai pour toujours. Marquer avec ce maillot a été un souvenir inoubliable pour ma carrière » , déclarait Sosa en 2011 dans un documentaire sur cette même période.

Retour en Serie A

Les Azzurri sont remontés à bloc. De retour en Serie B, le Napoli Soccer n’est plus qu’un mauvais souvenir, et le club reprend son nom de SSC Napoli. Un problème de taille atterrit tout de même sur le chemin vers la division maximum : la Juventus reléguée à la suite du scandale du Calciopoli. Pourtant, les hommes de Reja tiennent tête à ceux de Didier Deschamps alors que le début de saison n’est pas très prolifique. À partir de là, le Napoli monte en puissance, mais surtout en confiance, et enchaîne dix-neuf journées sans la moindre défaite. La dernière est déterminante. D’après les règles de la Serie B, les deux premiers classés bénéficient d’un accès direct à la Serie A, tandis que les six postes suivants doivent se battre dans des playoffs pour le dernier ticket.

Aujourd’hui, l’équipe fait partie des meilleures depuis plusieurs années et elle a remporté des trophées, deux Coupes d’Italie et la Supercoupe.

Il existe néanmoins une échappatoire : posséder dix points de plus que le quatrième. Alors que la Juventus est déjà championne, le Napoli, deuxième, et le Genoa, troisième, s’affrontent à l’ultime journée. Un match nul suffit pour que les deux équipes terminent à dix longueurs de Piacenza. Pas de bol pour les Piacentini, les Azzurri et les Rossoblù sont jumelés et donc amis. Score final : 0-0, les deux vont en Serie A, et De Laurentiis a atteint son objectif. « Sa gestion du club ne peut être contestée, vu ce qu’il en a fait. Aujourd’hui, l’équipe fait partie des meilleures depuis plusieurs années et elle a remporté des trophées, deux Coupes d’Italie et la Supercoupe. » Le rêve d’un nouveau Scudetto continue…

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