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La remise en question tactique du Barça
Un temps sonné par la claque reçue au Parc des Princes, le Barça s’est sorti de son cauchemar grâce à ses affaires domestiques. Si bien que, depuis, le changement de système orchestré par Luis Enrique, d’un 4-3-3 vers un 3-4-3, fait naître dans les travées du Camp Nou un fol espoir de remontada.
Jamais depuis son éclosion, les traits de Sergi Busquets n’ont semblé si tirés. Lessivé par l’effort parisien, chamboulé par l’ampleur de la débâcle, le dépositaire de l’ADN blaugrana n’élude pas les nombreux problèmes de son Barça une fois assis devant les journalistes : « Ils ont beaucoup pressé, ils ont été bons, meilleurs que nous à bien des égards. Ils avaient un plan… Nous nous attendions à autre chose. Cela sera très compliqué de renverser le score au retour. » Le constat, dramatique autant que limpide, n’empêche pas ses acolytes de se prendre à rêver d’une folle remontada, illusoire même pour les plus optimistes. Pour s’y atteler, Luis Enrique, en plus d’officialiser son départ en juin prochain, remodèle son onze et son système. Désormais, ses Culés évoluent dans un 3-4-3 qui n’est pas sans rappeler l’avènement de la dream team de Johan Cruyff ou les rares remontadas de Frank Rijkaard. Un changement payant, puisqu’en l’espace de quatre rencontres, ils empilent quinze buts et n’en concèdent que trois. Surtout, ils rendent à Sergio Busquets de sa superbe et à Lionel Messi sa liberté. Suffisant pour rêver ?
De Cruyff à Pep, le 3-4-3 fait recette
De rêve, il n’en est pourtant pas question trois semaines plus tôt. Groggy comme jamais par la déferlante parisienne, le Mes que entame le deuil de son hégémonie au milieu de terrain. Une tendance qui dure depuis la formation de la MSN – dont le protagonisme exacerbé prend le pas sur l’influence du trio du centre du pré –, mais qui éclate au grand jour sur la pelouse du Parc des Princes. D’Iniesta à Busquets en passant par André Gomes, ils coulent tous à pic face à leurs vis-à-vis et traumatisent leurs supporters. Dès lors, la crise azulgrana passe de la pelouse aux offices du Camp Nou, Luis Enrique officialisant quelques jours plus tard sa non-prolongation de contrat et, donc, son départ en juin prochain. À l’instar de l’après-Anoeta de janvier 2015 – conduisant au licenciement de Zubizarreta et au départ de Puyol –, l’après-Parc des Princes a tout de même des effets positifs sur le groupe. Même si la courte victoire face à Leganés (2-1) rappelle que la crise est bien là, les succès suivants sur la pelouse de l’Atlético de Madrid (1-2), puis face au Sporting de Gijón (6-1) et au Celta de Vigo (5-0) l’adoucissent.
Ce soudain changement de dynamique trouve racine dans le système mis en place par Luis Enrique. L’Asturien, conscient de tous les maux qui frappent son équipe, dégaine sur le pré du Vicente-Calderón un 3-4-3 qui n’est pas sans rappeler les heures bénies de la dream team du Hollandais volant. Car plus qu’un renouveau, ce passage à un milieu plus densifié est un retour aux origines de la culture du jeu du FCB. Quand Johan Cruyff articule son onze sur un axe à quatre composé de Koeman, Guardiola, Bakero et Laudrup, Lucho s’apprête à aligner un quatuor made in la Masia avec Busquets, Iniesta, Sergi Roberto et Rakitić (le seul non formé au club). En 2007, pour renverser une situation de Coupe bien compromise à la Romareda, Frank Rijkaard n’hésite également pas à aligner une défense à trois. Une réussite qui fait alors dire à un jeune Leo Messi qu’il n’a « jamais couru autant de {sa} vie » . Bref, l’héritage historique est respecté par Luis Enrique, qui n’en est pas à son coup d’essai : le 10 décembre 2014, il avait utilisé une première fois ce 3-4-3 pour terrasser le… Paris Saint-Germain.
Luis Enrique : « Un système qui nous renforce »
De fait, cette nouvelle configuration rend aux Blaugrana des certitudes qu’ils égarent depuis le coup d’envoi de la saison. Avec une possible défense composée par trois centraux – Piqué, Umtiti, Mascherano –, le milieu de terrain retrouve de sa superbe, en particulier Sergio Busquets. Incapable de retrouver son niveau depuis bientôt deux saisons, ce système lui permet d’être enfin connecté avec ses comparses du milieu alors que son arrière-garde doit, elle, être bien plus proche de lui. Moins d’espaces à couvrir, donc, pour un rayonnement enfin à la hauteur de sa tâche. Surtout, ce système permet à Leo Messi de retrouver de sa liberté sur le front offensif tout en lui rendant son influence sur le jeu azulgrana. Dans les faits, ces trois dernières sorties le montrent dans une position bien plus axiale, bien plus décisive. « C’est un système qui nous renforce, dans lequel nous trouvons plus souvent Messi » , juge pour sa part Luis Enrique qui, à défaut d’une remontada, peut au moins rendre au Camp Nou sa fierté perdue sur le pré du Parc des Princes.
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Par Robin Delorme