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La promesse de Neymar
Le mercato a pris fin et Neymar n’a pas bougé. Mieux, il ne quittera pas Santos avant la Coupe du monde. C’est ce que le joueur a assuré à ses dirigeants lors de leur dernière réunion. L’Europe et le Barça attendront.
Contrairement à la mode française, Neymar n’a rien de « normal » . Tout, autour de lui, est démesure. Le bonhomme a 20 ans et chiffre déjà plus de 100 pions avec Santos. Il a remporté la Libertadores, terminé meilleur joueur sud-américain et 10e du classement du Ballon d’Or l’année dernière. Il est la figure du football brésilien, le cœur du projet de Menezes, la tête d’affiche d’une génération dorée. Il excite les foules, les médias, les sponsors, les cadors européens. Il est papa d’un petit Davi Lucca déjà présent dans les pubs de Nike. Il est détesté. Pour son style, son excentricité, son succès, ses simulations, ses dribbles de joueur made in futsal, son supposé égoïsme. Il est aimé. À peu près pour les mêmes raisons.
Dernière nouvelle, il est aussi exagérément dépensier, au point de se mettre dans le rouge. Maison, apparts, grosses bagnoles, yacht. Tout ça en quelques mois. De quoi épuiser sa petite fortune et terminer l’année solidement endetté. Bah, qu’est-ce qu’il fout, le papa-poule-gestionnaire ? Bon, vu le profil, pas vraiment de quoi s’inquiéter. Le garçon est autrement plus solvable que la Grèce. Au fond, il est simplement dans son personnage, une jeune superstar du football mondial, probablement un poil dépassée par son succès.
Des doutes, encore
Une star encore difficile à cerner en Europe, où il se fait attendre. Ok, il a des stats monstrueuses. Déjà 31 buts et 16 passes décisives avec Santos depuis le début de l’année. D’accord, Téléfoot (pour ceux qui regardent encore) consacre désormais plus de temps d’antenne à ses dribbles déroutants qu’aux reportages sur les Éléphants de Didier Drogba. Mais que vaudrait-il dans un championnat bien plus exigeant que le brésilien ? Dans l’une des meilleures équipes du monde, où il ne bénéficierait pas du même statut ni des mêmes libertés ? Face à davantage d’impact physique et de discipline tactique ? Est-il le successeur de Pelé ou plutôt celui de Robinho ?
Loin du Brésil, le phénomène Neymar fait encore débat. Les doutes persistent. Pourtant, il a déjà apporté des réponses, donné des certitudes sur le plan international, avec le maillot auriverde. 9 buts en 18 sélections, et cette même faculté à faire la différence. Dans son couloir gauche ou autour du numéro 9, il est déjà indiscutable. Le bilan de ses deux grands tournois est plus mitigé. L’année dernière, le Brésil, sorti en quart de finale par le Paraguay, n’a pas réalisé une grande Copa América. Mais, avec une équipe très jeune, Menezes a posé les bases de son projet mondialiste. Cet été, à Londres, ce projet a déjà bien avancé. Neymar aussi.
Objectif maintien
Aux Jeux Olympiques, toujours avec Menezes à la baguette, la Seleção a présenté une équipe-type proche de sa meilleure version. Jusqu’à cet échec en finale, les Brésiliens, pas toujours très équilibrés sur le terrain, ont fait parler leur puissance offensive en inscrivant trois buts par rencontre. Damião a planté six fois, Oscar s’est révélé. Mais l’attraction, c’était Neymar. Trois buts, deux passes et du spectacle. La pépite de Santos s’est montrée en Europe, a fait saliver Rosell et Leonardo, puis est rentrée illico presto à la maison pour prêter main forte à son club. C’était l’objet de la deuxième partie de son été. Éclaircir son avenir proche.
Santos est actuellement 13e du championnat brésilien, à 18 points du leader Fluminense, et sa priorité est d’assurer son maintien. À une semaine de la fin du mercato européen, le joueur, ses représentants et ses dirigeants se sont longuement réunis pour faire le point. Alors que le Barça était disposé à lui faire une place cet hiver, Neymar a décidé de rester au Brésil jusqu’au Mondial, date de fin de son contrat actuel. Pas de changement avec le mois de novembre dernier donc, quand cette même décision avait été prise. Sagesse ou frilosité, le plus grand espoir du football brésilien a préféré préparer son grand rendez-vous en jouant le maintien à la maison plutôt que les plus prestigieux trophées en Europe. Une bonne nouvelle à Paris, ça laisse du temps à Leonardo pour préparer le dossier.
Par Léo Ruiz