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La promenade de Lenglet
Auteur d'une remarquable saison avec Nancy, Clément Lenglet (19 ans) va visiblement changer d'air durant l'été. Si la Juventus Turin fait le forcing depuis plusieurs mois, le jeune défenseur, international Espoirs, est également pisté par Rennes.
Clément Lenglet avait le 33 en début de saison avec Nancy. Il a désormais remisé au placard ce numéro sans saveur réservé aux petits nouveaux et possède aujourd’hui le sien, le 2. Il a d’ailleurs pu largement l’étrenner cette saison, puisque Pablo Correa n’a pas hésité à l’aligner régulièrement en championnat (22 apparitions, 19 titularisations). Mais avant d’en arriver là, c’est à 300 kilomètres de la capitale des ducs de Lorraine que l’histoire a commencé : à Fresneaux-Montchevreuil plus exactement. C’est dans ce petit village picard que le solide défenseur d’1m85 a tapé ses premiers ballons. Pendant sept ans, avant d’embrayer vers Chantilly, toujours dans l’Oise, puis au Pôle Espoirs de Liévin, sorte de Clairefontaine du Nord. Ses compagnons de promo s’appellent alors Valentin Belon (Lens), Nolan Mbemba (Lille) ou encore Alexis Busin.
Des U16 aux Espoirs tricolores
Ce dernier l’a d’ailleurs rejoint aussi à Nancy. « On se voit tous les jours et on s’appelle régulièrement. Même quand on est en vacances, rigole Clem. Avec les autres, c’est moins fréquent, même si j’essaye de toujours garder un petit contact. On avait une belle équipe. Il y en a aussi qui sont en CFA. » Force est de constater que sa carrière a pris une autre ampleur que celles de ses petits camarades. Il fait désormais partie des Espoirs français en compagnie notamment d’Anthony Martial, Aymeric Laporte ou encore Adrien Rabiot. Avec le Parisien, ils se suivent d’ailleurs à la trace puisqu’ils ont démarré ensemble chez les Bleuets, en U16 le 26 octobre 2010 face aux Pays-Bas (1-2). Depuis, Lenglet a porté le maillot frappé du coq à 34 reprises et a évolué dans toutes les catégories d’âge ! U16, U17, U18, etc. jusqu’aux Espoirs. Et pourquoi pas les A dans deux ans si on suit la logique ? « Je suis encore très loin de ça. Déjà, revenir régulièrement chez les Espoirs, ce serait quelque chose de très bien. Après, si, par bonheur, tout se passe bien et que j’évolue bien, ce serait évidemment un rêve. Mais pour l’instant, c’est loin d’être un objectif. » Sa dernière apparition chez les Bleuets remonte à jeudi dernier où il avait été aligné d’entrée contre la Corée du Sud (1-1). Un match sans réelle saveur. « On a eu du mal à changer de rythme, analyse à froid le natif de Beauvais, qui pourrait de nouveau être de la partie ce mercredi face au Paraguay à Besançon. On a facilité la tâche des Coréens, mais on a fait de notre mieux, on s’est battus. C’est une nouvelle génération, on ne se connaît pas forcément tous sur le terrain. »
Trois millions d’euros pour un transfert
En revanche, il connaît bien Paul Nardi et Rémi Walter, tous les deux à Nancy également et présents chez les Espoirs. « Je suis dans la même chambre que Paul, explique-t-il. J’en profite une dernière fois (rires). » Car le gardien de but rejoindra pour de bon Monaco lors de la reprise. Clément Lenglet, lui, ne sait pas encore où il sera. Jacques Rousselot, le président nancéien, espère le vendre pour assainir les finances du club. On parle d’un transfert à hauteur de trois millions d’euros en comptant les bonus. « Je ne sais pas du tout ce que je vais faire, pose Lenglet. Tout le monde le sait, j’ai un contact avec la Juve. La finale de la Ligue des champions, forcément, je l’ai suivie. Mais je n’étais pas plus pour l’une ou l’autre équipe. Après, à Turin, j’y suis allé, j’ai visité, tout ça, mais j’ai aussi d’autres opportunités, notamment en Ligue 1. » Selon nos informations, Rennes serait très intéressé par son profil, mais Clem se tâte : « Je vais prendre le temps de la réflexion, car ce n’est pas un choix facile. Il peut dicter une carrière. Un club comme la Juventus, ça interpelle. Ça donne envie. J’essaye de peser le pour et le contre, mais, pour l’instant, mon choix n’est fait avec personne. » Joffrey Cuffaut, qui le côtoie au quotidien à Nancy, confirme que c’est un moment charnière dans sa carrière. « Si tu demandes à cent footballeurs s’ils seraient intéressés pour aller à Turin, y en a cent qui vont te dire oui… Ou au moins 99. Il est jeune, il a besoin de jouer aussi. C’est à lui de bien réfléchir et de prendre la bonne décision. Il est le mieux placé pour ça. »
« C’est vraiment rassurant d’avoir un défenseur central comme ça… »
La tête sur les épaules, Lenglet, titulaire d’un bac ES, sait qu’il a encore des progrès à faire. « On n’est jamais parfait. J’aimerais bien m’améliorer partout, peut-être davantage dans la gestion des temps forts et des temps faibles. Je ne suis pas encore au point là-dessus » , décrypte-t-il. « Il est très réservé, peut-être un peu trop » , analyse de son côté Cuffaut, latéral droit de son état. Il est très calme et vraiment agréable à vivre. Il s’est intégré progressivement dans le vestiaire, sans faire de bruit. Sur le terrain, il a de la prestance et une maturité importante pour son âge. Il a une bonne relance pied gauche et, dans les duels, il est très présent. Dans la lecture du jeu aussi. Je le trouve très, très fort malgré le peu d’expérience. En fait, au fur et à mesure des entraînements, il a été performant. Quand il a eu l’occasion d’entrer en jeu, il a été bon aussi. On va dire qu’il a acquis de la confiance et de la reconnaissance à travers ses performances. C’est vraiment rassurant d’avoir un défenseur central comme ça. » Un défenseur plutôt content de sa saison, d’ailleurs : « À la base, je partais comme troisième ou quatrième choix. Le coach m’avait dit que ce serait une année de transition, qu’il fallait que je travaille bien à l’entraînement pour pouvoir disputer quelques matchs de Coupe. Et finalement, ça s’est plutôt bien passé. J’ai réussi à jouer un peu plus que prévu, on va dire. » S’il ne devrait pas poursuivre une saison de plus du côté de Marcel-Picot, que les supporters se rassurent : l’un de ses trois petits frères est présent au centre de formation. D’ici à ce qu’il porte un jour le numéro 33…
Par Tanguy Le Séviller