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« La première étoile est plus facile à obtenir »
Comment obtenir une deuxième étoile sur son maillot ? C’est la question que se pose depuis mardi l’équipe de France qui, 12 ans auparavant, la voyait lui filer entre les doigts. Si Dédé est né sous une bonne étoile, l’incertitude de la finale demeure. Donc quitte à ne pas répéter les mêmes erreurs, autant s’adresser à Dominique, directeur-technique de l’École de ski française aux Menuires, qui a quelques pistes à revendre.
Comment fait-on pour obtenir notre deuxième étoile ?Il est certain qu’il faut valider de nombreux fondamentaux. C’est avant tout une démonstration en exergue qui consiste en un virage parallèle d’ouverture chasse-neige plus précisément. Il n’y a pas de variations techniques, mais une assurance de l’élève pour faire le virage sur un tracé pédagogique.
Rassurez-nous, la première est plus difficile que la seconde à glaner ?Je suis désolé, mais la première est nettement plus facile. (Rires.) Aller chercher la deuxième, ça demande plus de technique comme toujours. Le virage joue énormément. C’est un pallier plus exigeant à passer.
Quels sont vos conseils en cas de raté lors du premier test ?Surpasser la difficulté sur le virage et opérer une accélération sur la ligne de pente. Quand on rate, l’élève a forcément beaucoup d’appréhensions par rapport à l’accélération. Il faut savoir dépasser ses limites.
Faut-il une touche de folie, ou rester droit dans ses bottes, sérieux et appliqué ? Le passage d’un test pour la seconde étoile n’empêche pas un petit peu de fun. Faut pas se prendre la tête, même quand ce jour-là est d’importance.
Un terrain bien préparé lors du grand jour de passage, qu’on se le dise, c’est primordial ? La qualité du terrain et de la neige, en cas de densité, c’est toujours plus agréable. Car l’élève peut avoir peur sinon. Il sera dans tous les cas moins effrayé par l’accélération. Plus glacé, le terrain rend ta deuxième étoile plus difficile mentalement à atteindre.
En 2006 en Allemagne, on a bien vu que ça ne nous réussissait pas. Pensez-vous qu’a contrario en Russie, le paysage peut être plus favorable ?Hormis peut-être à Sotchi, y a quoi ? Ce pays est davantage un pays de skieur de fond plutôt, voire de patin.
A-t-on vraiment besoin d’un coach qui l’a déjà eue, sa première étoile ?Il vaut mieux pour vous, voire bien au-delà de ça. Sinon ça ne marche pas, tout simplement. Il faut que les qualités éducatives soient adaptées aux capacités des élèves dans un groupe. L’expérience compte.
Entre nous, rester fort sur ses appuis, c’est en soi ne pas prendre de risque. Conseilleriez-vous à nos attaquants de ne pas s’effondrer pendant le match ?Il faut prendre des risques, toujours. Pas au-delà, mettre un peu de sel, la réussite sourit aux audacieux.
Slalomer entre les piquets, c’est comme slalomer entre des défenseurs ?Oui, on peut voir ça comme ça. Tout se joue sur le transfert de pied dans tous les cas.
C’est quoi une « pogdescente » selon vous ?C’est une très belle descente à vrai dire. Il y a beaucoup de variation de rythmes, de fulgurance, ce qui dépend du terrain bien évidemment.
Y a-t-il une part de chance dans le fait de remporter une seconde étoile ?Il y a toujours une part de chance. Sauf peut-être pour les très bons éléments. On est souvent surpris avec certains éducateurs de voir certains élèves qui skient bien toute la semaine, et explosent en plein vol au moment venu. Attention à la mauvaise surprise.
Avez-vous déjà vu des skieurs croates concourir puis remporter leur première étoile dans votre station ? Non jamais. Y a bien plus de Russes, Allemands, par exemple.
Donc, les Croates, ils ont une gueule à avoir une première étoile ?Loin de là. Je ne les vois pas mieux qu’au niveau du flocon.
Propos recueillis par Alexis Souhard