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La Premier League n’a-t-elle vraiment jamais été aussi relevée?
L'arrivée de Van Gaal à Manchester United a déclenché un véritable torrent de déclarations quant au niveau extrêmement élevé du championnat anglais. La Premier League, meilleur championnat du monde ? Une rengaine potentiellement vérifiable cette saison.
C’est bien simple, depuis que Louis van Gaal s’est installé au chevet des Pauvres Diables (même s’ils sont riches), tout le monde le prévient que la tâche sera plus difficile que jamais. On parle quand même d’un homme qui vient de mener des Oranje qu’on annonçait sans jus à une troisième place de Coupe du monde. Et surtout, qui a triomphé aux Pays-Bas (trois fois avec l’Ajax), en Espagne (deux fois au Barça, et dès sa première saison) et en Allemagne (avec le Bayern, toujours pour sa première au pays). Mais non, la Premier League, c’est encore autre chose, un peu comme l’Inde dans la bouche de ceux qui en reviennent : « Une expérience à part, profondément différente, où les gens ne raisonnent pas de la même manière et où tout est possible si tu le veux vraiment. » Parmi ces hippies, on retrouve Brendan Rodgers, alors même que son Liverpool venait d’être battu 3-1 par les Red Devils en amical : « Je pense que la compétitivité va probablement le surprendre, si j’en crois ce que m’ont dit des entraîneurs étrangers avec qui j’ai pu discuter au fil des années. Je pense qu’il va trouver que la compétitivité de ce championnat est bien différente de celle des autres championnats où il a travaillé. Dans la plupart des autres pays, il y a une ou deux équipes et c’est celles-ci qu’on s’attend à voir gagner. Mais ici, l’équipe du haut peut jouer contre celle du bas et perdre à tout moment. Vous ne trouvez pas vraiment cela ailleurs. »
Mieux que tout, même la J-League
Dans le rang des apôtres de la Tougher League, on retrouve aussi Carlo Ancelotti, titré avec Chelsea d’entrée de jeu, mais aussi en France, en Italie, et pas en Espagne : « La Premier League est un championnat très compétitif. Cela ne sera pas facile de gagner la première saison, parce qu’il y a beaucoup d’équipes qui le veulent. » Même si le Mister sous-entend que lui a réussi, on peut penser que la Serie A, la Liga et la Ligue 1 ne sont pas aussi relevées. Même son de cloche du côté d’Arsène Wenger (qui a tout de même connu la redoutable J-League) : « Je pense honnêtement que la Premier League est le championnat le plus difficile au monde parce que le niveau y est très bon de la première à la vingtième position. Et c’est le seul en Europe. » Qu’en est-il de la Bundesliga alors ? Comme souvent, il faut se tourner vers un type qui n’y connaît rien pour avoir un avis, en l’occurrence José Mourinho : « La Premier League n’est pas comme le championnat allemand où tout le monde sait qui sera premier et deuxième. En Angleterre, on ne peut pas savoir qui sera premier ou sixième. La Premier League est difficile. » Le pire – ou le meilleur, c’est selon – c’est que cette saison, ils ont probablement raison. Alors que la Bundesliga et la Ligue 1 se résument à un duel déséquilibré entre deux clubs, la Serie A et sans doute la Liga des triangulaires, impossible de recenser les prétendants en Angleterre.
Les grandes manœuvres
Déjà, il y a un champion sortant dont l’ingénieur de coach a fini les plans, et au banc gentiment renforcé par Caballero, Sagna, Fernando et Lampard. Ensuite, un Chelsea revanchard, toujours mené par le Happy One, qui ne veut plus jamais se planter contre West Ham ou Crystal Palace et a donc rapatrié la moitié de l’Atlético (Courtois, Filipe, Costa), son ancienne idole (Drogba) et un traître (Fàbregas). Le tout en refourguant son DC remplaçant (Davis Luiz) 50 patates et son quatrième attaquant (Lukaku) 35. Dauphin l’an dernier, Liverpool a certes perdu son franchise player, mais s’est racheté une équipe (Lovren, Can, Lallana, Marković, Lambert et Origi pour plus tard). Autre équipe bizarrement bien présente dans la lutte à l’armement, Arsenal, où Wenger a mis le paquet pour enrôler Sánchez, Debuchy et Chambers, un peu moins pour Ospina, rien du tout pour récupérer le très enthousiasmant Joel Campbell, tout en se débarrassant de bon nombres de ses boules noires (Fabiański, Djourou, Park, Bendtner…). Et donc le nouveau cycle du Manchester United de Van Gaal, avec Herrera et Shaw, sans Évra, Vidić, Ferdinand ou Giggs. Sans même Büttner. À ne pas négliger non plus, Tottenham, où Pochettino récupère un effectif plus à la mesure de son talent, voire Newcastle et sa nouvelle colonie française (Cabella et Rivière) ou encore Everton, qui s’est donc officiellement saigné pour un quintal belge. Et comme si tout cela ne suffisait pas, Leicester a aligné 10 millions pour Leonardo Ulloa de Brighton & Hove Albion. La saison s’annonce officiellement plus que jamais indécise.
Par Charles Alf Lafon