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La possibilité Tottenham
Ce soir à Santiago Bernabeu (20h45), Tottenham va défier le Real Madrid pour une première manche qui en annonce une autre encore plus grandiose à White Hart Lane. A condition d'y revenir en vie...
Le 17 août, aux alentours de 21h30, si quelqu’un nous avait dit que Tottenham jouerait pour une place en demi-finale de Ligue des champions, on aurait envoyé le malheureux en désintox. A ce moment-là, les Spurs étaient en train de se faire laminer 0-3 sur la pelouse des Young Boys de Berne en play-off aller de la C1. Pourtant, le fait est là : sept mois plus tard, les Londoniens ont non seulement fini par ramener les Suisses à la raison mais ils se sont aussi ensuite extirpés en pole d’un groupe où figuraient pourtant l’Inter Milan et le Werder Brême avant d’officialiser en huitièmes de finale le jubilé de quelques vieillards du Milan AC (1-0 ; 0-0). Voilà donc Tottenham aujourd’hui face à un défi encore plus grand : le Real Madrid. Et personne pour parier que la bande à Harry Redknapp n’a aucune chance de créer une nouvelle sensation. En soi, c’est déjà une performance.
Harry vs José
Evidemment, la configuration de cette double confrontation, avec le retour dans un White Hart Lane incandescent, est une carte en plus dans la manche de Tottenham. A condition de revenir « en vie » de Santiago Bernabeu ce soir. Pas impossible mais pas gagné. Bien sûr, les Madrilènes ont peut-être pris un petit coup derrière la caboche en disant adieu à la Liga mais côté anglais personne n’est dupe : José Mourinho a été embauché non pas pour gagner une course de fond impossible avec ce monstre de régularité qu’est le FC Barcelone mais pour remettre le Real sur le toit de l’Europe dans la compétition qui a fait la gloire de l’entraîneur portugais et du club madrilène. C’est donc un challenge immense qui attend les Spurs. Mais si le Real compte sur Mourinho pour renouer avec son histoire, Tottenham tient en Harry Redknapp un autre faiseur de miracles dont la gouaille mâtinée d’un putain d’accent cockney n’a rien à envier à celle du « Special One » . Oui, pour une des premières fois de sa carrière en Europe, Mourinho ne va pas nécessairement gagner la bataille médiatique. Mais réduire « Dirty Harry » à sa grande gueule serait une faute grossière. Sous couvert de la jouer old school entre permissivité diététique et schémas de jeu très traditionnels, celui qui est peut-être le prochain sélectionneur de l’équipe d’Angleterre (si la FA veut bien fermer les yeux sur sa réputation sulfureuse) est en fait un vrai roublard. Capable de demander à son équipe de prendre Milan à la gorge avant de les punir en contre à San Siro. Capable aussi de demander à ses hommes de défendre hyper bas au retour et de balancer direct dans la boîte adverse vers le double mètre de Crouch sans risquer de déséquilibrer son propre bloc défensif. Risqué mais le fait est que Pato n’a jamais eu d’espaces et on sait de quoi est capable ce garçon quand on lui en donne une once, demandez aux Interistes… Oui, cette équipe de Tottenham est définitivement moins primaire que beaucoup auraient pu le supposer.
Concours de vitesse
Mais on ne va pas essayer d’enfumer qui que ce que soit : le favori, c’est le Real. « C’est fifty-fifty mais fifty plus pour Madrid et fifty moins côté Tottenham » , a même précisé Arsène Wenger en fin connaisseur. Pourquoi ce très léger avantage espagnol ? Déjà, les Spurs ont leur comptant de blessés en tout genre : trois défenseurs centraux (King, Kaboul et Woodgate, ndlr) sur le carreau, un autre (Gallas) limite-limite, un latéral droit (Hutton), un milieu défensif (Palacios), une denrée très rare dans l’équipe, un milieu offensif (Pienaar) sans oublier surtout que Gareth Bale, même s’il devrait finalement être aligné, enchaîne blessure sur blessure depuis plus de deux mois et sera vraisemblablement à court de rythme. Bien entendu, le Real aussi connaît son lot de casses mais quand Cristiano Ronaldo est out, il y a Di Maria, quand c’est Benzema, on lance Higuain, idem avec Marcelo remplacé par Arbeloa. Mais si Bale se pète ? Le genre de détails qui situent la différence qui existe encore entre un monstre continental et un joyeux trublion encore inexpérimenté à ce niveau. Et puis il y a la lisibilité tactique des Londoniens. Si Redknapp varie la hauteur de son bloc-équipe, celui-ci reste d’une grande constance : 4-4-2 à donf’ ! Lennon toujours à droite, Bale toujours à gauche, Crouch toujours dans la boîte et Van der Vaart toujours autour de lui. Et, il faut bien le dire, une telle simplicité ressemble à du cousu-main pour un Mourinho. En tout cas, le clash promet entre les deux formations peut-être les plus rapides d’Europe en contre. Mais ce soir, on saura définitivement si Tottenham peut être autre chose que la meilleure raison de regarder du football anglais depuis bientôt deux ans. Ce n’est déjà pas si mal mais les Spurs aspirent sans doute à plus. Après tout, l’ambition est le point de départ des plus belles œuvres…
Par Dave Appadoo
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