- Italie
- Serie A
- 10e journée
- Lazio/Cagliari
La porte n’est plus Klose pour Djordjevic
Arrivé timidement en provenance du FC Nantes, le Serbe Filip Djordjevic est en train de s'imposer sur le front de l'attaque des Biancocelesti. En devançant un certain Miroslav Klose dans la hiérarchie.
En près de 40 ans de carrière, Guido De Angelis en a vu passer, des buteurs. Commentateur officiel de la Lazio et fondateur de la revue Lazialità, « Guidone » était également là le 5 octobre dernier. Lazio-Sassuolo, 6e journée de Serie A. À la 25e minute, sur un centre de Candreva, Filip Djordjevic s’élève dans la surface et vient claquer un coup de casque victorieux. C’est là le premier (et jusqu’ici seul) but de l’ancien Nantais au stadio Olimpico. Alors que Djordjevic célèbre son but, au micro, De Angelis se laisse aller à un presque lapsus qui en dit long : « Djordjevic ! Celui-là, il les met au fond ! Super Djordjo… Djordjevic, excusez-moi. J’ai failli dire Giorgione Chinaglia. » La référence est élogieuse. Chinaglia, c’est l’un des plus grands buteurs de l’histoire du club, vainqueur du Scudetto en 1974 en tant que meilleur buteur du championnat. Évidemment, le Serbe a encore du chemin à parcourir avant d’atteindre l’aura de celui qui est décédé en avril 2012. Mais il est indéniable que dans son style « bélier » , il y a un petit quelque chose de Chinaglia en lui.
Il débloque son compteur avec un triplé
Pourtant, lors de son arrivée à Rome, ce n’était pas gagné. Lors de la première journée de championnat, le nouveau coach de la Lazio, Stefano Pioli, lui préfère Miroslav Klose, fraîchement auréolé d’un titre de champion du monde. Mais l’Allemand semble légèrement hors de forme. Du coup, pour le deuxième match, c’est bien Djordjevic qui est aligné à la pointe de l’attaque. Bilan : une victoire 3-0, mais un Filip muet. Et surtout, un Filip complètement hors du coup. Mais Pioli insiste, et continue de lui redonner sa chance. Après trois rencontres à errer sous sa nouvelle tunique, l’ex-Canari décide de prendre l’Aigle par les ailes. L’électrochoc a lieu en Sicile, sur la pelouse de Palerme. Le joueur se débloque, et inscrit trois buts. Un vrai tour de force, puisque le dernier triplé d’un joueur de la Lazio, signé Goran Pandev, remontait à janvier 2009 (entre-temps, Klose avait inscrit un quintuplé face à Bologne en mai 2013). Puis il récidive face à Sassuolo (3-2), et à nouveau sur le terrain de la Fiorentina (0-2).
Au terme de la 9e journée, celui qui est désormais le titulaire à la pointe de l’attaque en est donc à 5 réalisations. Soit le meilleur départ pour un joueur laziale depuis Mauro Zárate en 2008/09 (6 pions en 9 journées). Surtout, au sein de la Lazio, on se félicite d’avoir trouvé un mec enfin capable de suppléer, voire de succéder à Miro Klose. Car les données sont claires : l’Allemand a accompli sa mission, à savoir devenir meilleur buteur de l’histoire de la Coupe du monde. Désormais, pour lui, ce n’est que du bonus, et ce jusqu’à la fin de sa carrière. Pioli a bien compris, de toute façon, que Miro sera cette saison un joker de luxe, comme il l’a été dimanche dernier, en entrant en jeu en seconde période et en offrant la victoire aux Romains face au Torino (2-0). Mais en bon méticuleux qu’il est, Klose ne voulait pas dire ciao à la Lazio sans la certitude d’avoir adoubé son remplaçant naturel. Opportuniste comme lui, pas forcément beau à voir, mais efficace pour la mettre au fond, et surtout plus jeune (27 ans), Djordjevic possède quelques caractéristiques pour se mettre l’Olimpico dans la poche à son tour.
Déjà indispensable ?
De plus, l’ancien Nantais est arrivé dans un club qui a une jolie tradition avec les joueurs serbes. Dans les années 90-2000, à la grande époque, le club de Sergio Cragnotti a vu passer Jugović, Mihajlović et Stanković. Filip entend bien maintenir cette tradition, tout en évitant d’imiter Darko Kovačević, qui n’a pas franchement laissé un souvenir impérissable lors de son passage à Rome (0 but en 2001-2002). À Rome, les supporters l’ont déjà adopté, en le surnommant « Djo » , petit diminutif affectif. Il faut dire que depuis qu’il a débloqué son compteur buts, la Lazio ne perd plus. Quatre victoires et un nul, série en cours, qui ont permis aux Biancocelesti de remonter de la seizième à la troisième position. Capable de prendre davantage d’initiatives que la Lazio de Reja la saison dernière, notamment à l’extérieur où elle a généralement dominé les rencontres (même quand elle s’est inclinée, comme face au Genoa), cette Lazio n’est toutefois pas à l’abri d’un excès de suffisance. Cela s’est notamment vu face au Hellas Verone jeudi soir (1-1).
Alors qu’elle menait au score grâce à un but de Lulić en fin de première période, et qu’elle semblait se diriger vers une cinquième victoire de rang (série jamais atteinte depuis octobre 2010), elle s’est fait rattraper en seconde période, à cause d’une faute stupide commise par le Belge Cavanda dans la surface. Coïncidence ou non, Djordjevic ne marque pas, donc la Lazio ne gagne pas. Déjà indispensable ? Pas loin. En tout cas, et même s’il n’a plus marqué depuis deux matchs, le Serbe devrait être encore titulaire lundi soir, lors du dernier match de la 10e journée, face à Cagliari. En face, les Laziali retrouveront une vieille connaissance, un certain Zdeněk Zeman, entraîneur laziale entre 1994 et 1997. Une équipe sarde qui a battu l’Inter à San Siro avant de tenir en échec le Milan AC à domicile. Une équipe, donc, qui viendra crânement jouer sa chance au stadio Olimpico. Mais Djordjevic a de la chance : les équipes entraînées par Zeman ne sont pas forcément connues pour ériger des murailles en défense.
Par Mehdi Djebbari, avec Éric Maggiori