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La place de Clichy
Saison après saison, le temps de jeu de Gaël Clichy à City a diminué comme peau de chagrin. Sans jamais se plaindre, l'ancien Bleu a toujours accepté les choix de ses coachs, alors que son rôle à Manchester devient de plus en plus flou.
Sans Ziad Takieddine, mais tout de même à coups de grosses valises de billets, Manchester City a bâti son armada. Du monde, beaucoup, des noms en pagaille, du cher, du clinquant, mais pas toujours de l’efficace, surtout derrière. Car si City a déjà coché la case « choper des attaquants capables d’en planter plus de trente par saison » dans sa to do list, après des années à empiler les joueurs, le chantier principal des Citizens reste la défense. Pourtant, quelques belles performances ont été oubliées, et lors de leurs titres en 2012 et 2014, les maillots bleus de Manchester étaient soit la meilleure défense du championnat, soit la deuxième. Mais l’ombre rassurante et éternelle du pilier Vincent Kompany commence à être bien usée. Le Belge a encore quitté le terrain après un choc ce week-end en Premier League, et ne sera pas du déplacement à Mönchengladbach. Autour de lui, les dirigeants mancuniens ont souvent dépensé beaucoup pour pas grand-chose, s’attachant les services, en vrac, de Nastasić, de Stefan Savić, de Demichelis ou de Mangala, sans jamais s’offrir d’assurance tous risques. Et au-delà de la charnière centrale, City va devoir réfléchir à l’avenir qu’il veut pour ses ailes. Le quatuor Sagna-Zabaleta-Kolarov-Clichy tourne depuis l’été 2014, est plutôt costaud sur le papier, mais a déjà presque trente-deux ans de moyenne d’âge. Pire, certains éléments sont en fin de cycle, à l’image de Gaël Clichy, de plus en plus laissé sur le côté par Pep Guardiola, et qui n’est plus sous contrat que jusqu’à la fin de la saison.
La fin du rêve bleu
Sans trop se cacher, City et Clichy semblent envisager leur avenir l’un sans l’autre. Les Sky Blues commencent à lui montrer gentiment le chemin de la sortie en l’utilisant de moins en moins, lui préférant la plupart du temps Kolarov. Pour l’instant, cette saison, il n’a joué que cinq matchs, et sa contribution aux exploits de Manchester est allée en diminuant depuis son arrivée en 2011. Lors de sa première saison, il assurait plus de quarante matchs, dont vingt-huit en championnat. La saison dernière, il jouait vingt-huit matchs, mais toutes compétitions confondues, dont seulement quatorze en Premier League. Une solde à 50%, qui devrait se confirmer sous le règne de Pep Guardiola. L’âge de Clichy est-il incriminé ? Pas vraiment, puisque Kolarov est né la même année que lui, à trois mois et demi près. Mais en coulisses, il se murmure que même le Serbe ne donne pas entière satisfaction à Guardiola, et que ce dernier rêve d’un bon coup de balais en amenant du sang neuf au poste de latéral gauche. Alex Grimaldo du Benfica est cité un peu partout comme cible prioritaire, avec des chiffres dépassant les quarante millions d’euros se baladant ici et là. Face à ça, Clichy ne réplique pas, confirmant sa nature réservée, et se contente de jouer à fond son rôle de coéquipier modèle. À peine une semaine après son retour de blessure, Kompany sort à la mi-temps du derby mancunien du 26 octobre en League Cup ? Clichy vole à la rescousse : « Vinnie est un joueur majeur pour nous. Il n’y a pas à s’inquiéter, c’est lui qui a demandé à être remplacé pour ne pas se blesser à nouveau. L’important, c’est qu’il aille bien. » Le pote de vestiaire parfait.
Je suis british, et je le reste
S’il devait partir, Gaël Clichy aurait l’avantage d’avoir un cahier des charges assez simple pour sa future destination. L’équipe de France, par exemple, n’entre plus dans son équation depuis bien longtemps, puisqu’il n’y a plus mis les pieds depuis un France-Australie au Parc des Princes en octobre 2013. Là encore, son âge n’est pas en cause, puisque Patrice Évra hante encore le couloir gauche des Bleus à trente-cinq piges. Mais pour Clichy, sauf miracle, le trait est définitivement tiré sur la sélection. Digne et Kurzawa se tirent la bourre, et dans sa génération, Trémoulinas lui est préféré par Deschamps. Alors la vraie ambition de Clichy, surtout pour ses vieux jours, pourrait être de rester en Angleterre, pays dans lequel il a déménagé avec ses cartons à dix-sept ans quand il a rejoint Arsenal, et qu’il n’a plus quitté depuis. Il y a quelques années, dans France Football, le latéral gauche revenait sur le lien particulier qu’il avait noué avec le Royaume : « Je me sens vraiment chez moi en Angleterre. Au bout de quinze jours d’éloignement, ce pays me manque. J’aime sa mentalité et sa philosophie bien au-delà du football.(…)C’est là que je suis devenu un homme. J’ai payé mes premières factures, appris à cuisiner, j’y ai passé mon permis. Je me suis imprégné de cette culture. Maintenant, je raisonne plus comme un Anglais que comme un Français. Après ma carrière, je reviendrai probablement à Londres. Et je m’y installerai définitivement. » Sans doute parce que malgré la fin de carrière, la retraite qui arrivera dans pas si longtemps et le temps de jeu qui risque de ne pas aller en augmentant à City, au pays de Churchill, il pourra toujours rouler à gauche.
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