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La pire Nazionale de l’histoire ?

Par Valentin Pauluzzi
5 minutes
La pire Nazionale de l’histoire ?

La prestation de l’Italie face à l’Allemagne ce mardi (4-1) confirme deux choses, l’Euro reste un objectif lointain et la qualité moyenne de ses sélectionnables est peut-être la plus basse jamais connue.

Il y a pile dix ans, l’Italie collait une rouste 4-1 à l’Allemagne lors de la répétition générale d’une Coupe qu’elle s’apprêtait à remporter. Le sacre de la génération 70’s, les Cannavaro, Buffon, Nesta, Del Piero, Totti, Zambrotta, Pirlo, Gattuso et Inzaghi, pour ne citer que les plus brillants d’entre eux. Depuis, et malgré la finale de l’Euro 2012, les différentes générations peinent à sortir des « fuoriclasse » . Même les moins lucides des tifosi n’ont plus la force de s’accrocher au « jemenfoutisme » historique des italiens, lors des rencontres amicales. C’est un fait, le niveau des footballeurs transalpins a drastiquement baissé.

BBC ou NRJ12 ?

BBC. Le petit nom donné à l’assise défensive de la Juventus, Barzagli, Bonucci, Chiellini. Intraitable en championnat, un peu moins hors de ses frontières, mais tout de même ce qui se fait de mieux en Europe. Problème, lorsqu’un élément s’absente, c’est tout le trio qui en pâtit. En outre, les prestations en sélection ne sont pas aussi irréprochables que celles en club, on a quand même vu Chiellini et Bonucci souffrir contre Malte. Sortie de ses automatismes turinois, cette charnière perd en assurance mais sa titularité n’est pas en péril, au vue des solutions de secours. Astori et Acerbi sont de bons joueurs de club qui plafonnent, c’est sans parler de l’involution d’un Ranocchia, ex-futur capitaine de l’Inter. Restent les solutions jeunes, Romagnoli – pas aidé par le contexte milanais – et Rugani barré par le fameux trio bianconero. Quant à Darmian, son transfert à Manchester a probablement faussé la véritable perception de ses qualités, d’autant que son poste naturel est désormais celui de latéral, avec un niveau bien au-dessus de concurrents rivalisant d’anonymat (Antonelli, De Silvestri, De Sciglio, etc.). Buffon et ses 38 ans observent, dubitatifs.

Chouette hulotte ou hibou grand-duc ?

À bien y regarder, Verratti est le seul talent italien affirmé à l’internationale. Ses performances en club le prouvent, celles en sélection, moins. Souvent blessé, pas toujours dans ses baskets lorsqu’il est aligné, il n’a toujours pas pris les rênes de l’Italie, en quatre saisons parisiennes de haute voltige. Du temps de perdu et récupéré par ses collègues. Conte peut compter sur une longue liste de playmakers interprétant le rôle à leur façon, mais sans atteindre l’excellence d’un Pirlo préretraité. De Rossi est un libéro ajouté, Marchisio un homme de l’ombre, Motta orphelin de Matuidi, Montolivo devenu milieu défensif. Résultat, absence d’une régie fluide, absolument pas compensée par la présence de milieux box-to-box, Parolo et Soriano sont ce qu’il se fait de mieux avec Bertolacci en réserve. Des éléments dont le potentiel est conditionné par des limites techniques et surtout un blocage mental, qui caractérise bon nombre d’internationaux italiens.

Des ailiers oui, mais des buteurs ?

Insigne, Bernardeschi, Giaccherini, Bonaventura, Candreva, Florenzi, El Shaarawy. La quantité est là, la qualité, moins, car tous tendent à briller par leur sens du sacrifice. Pour courir, ça court, en revanche, dès qu’il s’agit de sortir un geste technique capable de faire basculer une rencontre, c’est beaucoup plus laborieux. Seul Insigne est doté de cette magique imprévisibilité, mais il vient tout juste de réintégrer le groupe, après une brouille avec Conte. Et encore faut-il lui trouver un partenaire d’attaque prolifique. À 37 ans, Massimo Maccarone est le meilleur buteur italien de Serie A avec 11 réalisations, un pion plus haut, on retrouve le naturalisé Eder, en chute libre depuis son transfert à l’Inter (et même avant en fait). Pellé n’est pas titulaire indiscutable avec Southampton, Zaza est remplaçant à la Juve, Immobile est rentré tête basse au Torino et Balotelli s’en bat les steaks. Avril approche et seuls six sélectionnables ont passé la barre des 10 buts, Okaka domine avec ses 15 pions avec Anderlecht. De quoi comprendre pourquoi les prestations de Giovinco en MLS sont sérieusement prises en compte…

Comment en est-on arrivé là ?

Évidemment, la formation italienne est pointée du doigt, ce n’est pas pour rien si les top clubs ont revu leur politique en s’inspirant des modèles allemands, français et espagnols, remettant le joueur au centre du projet et éradiquant les prétendus génies tactiques, coupables de brider les meilleurs éléments par simple ambition professionnelle. Place aux vrais formateurs. Enfin ! De quoi répondre au fléau du XXIe siècle : « Les jeunes ne jouent plus dans la rue » , voici une réponse souvent prononcée par les anciens joueurs lorsqu’ils sont questionnés sur les problèmes du calcio. Des cinq heures quotidiennes à taper le ballon après l’école et dans les patronages, on est passé aux quatre heures d’entraînement hebdomadaire dans les « Scuole Calcio » . Et quand les premiers fruits de cette réforme seront récoltés, il faudra affronter deux autres problématiques, une xénophilie injustifiée, vue la surpopulation d’étrangers moyens (40 % de sélectionnables en Serie A) et l’absence d’équipes réserves – étape fondamentale pour encaisser le passage du centre de formation au monde pro. En attendant, ne reste qu’à serrer les dents, après tout, les adjectifs dithyrambiques avaient accompagné le nul 1-1 contre l’Espagne, vendredi dernier, et puis, qui mieux que Conte pour tirer le maximum de la plus faible génération italienne de l’histoire ?

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