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La petite histoire derrière le nouveau maillot du PSG

Par Andrea Chazy
La petite histoire derrière le nouveau maillot du PSG

À l’occasion de la saison 2020/2021, qui marquera les 50 ans de son existence, le Paris Saint-Germain a enfin décidé de revenir aux sources pour son maillot domicile. Une initiative saluée par les supporters parisiens, qui sont loin d’être étrangers à ce retour de la tunique historique pensée par Daniel Hechter.

Au cœur de la tribune Auteuil, Le 21 juillet dernier, Michaël Tommasi est debout au moment où le PSG et le Celtic Glasgow font leur entrée sur la pelouse verdoyante du Parc des Princes. Membre du bureau du Collectif Ultras Paris, « Mika » sait que ce match amical face aux Ecossais relève d’un double enjeu pour les ultras parisiens. D’une part, montrer à la France entière que les supporters peuvent se rendre au stade tout en respectant les gestes barrières après la polémique qu’il juge disproportionnée. D’une autre, assister à la première de leur équipe avec le maillot prévu pour le 50e anniversaire de leur club de cœur. « C’est dommage que ce maillot n’ait pas eu l’accueil qu’il méritait à cause de tout ce qui se passe en ce moment avec le coronavirus, explique l’ultra parisien. De voir les joueurs du PSG au Parc avec ce maillot, ça m’a rendu nostalgique de la période Jay-Jay Okocha, Ronaldinho. Ça faisait vraiment plaisir. Je me disais : « On est au Parc, en tribune Auteuil, les joueurs ont le maillot Hechter sur les épaules… On n’est pas mal, là ! » »

On n’a pas le même maillot, on n’a pas la même passion

Ce fameux maillot Hechter, tunique historique créée en 1973 qui se caractérise par la fameuse suite de couleurs BBRBB (Bleu-Blanc-Rouge-Blanc-Bleu) et d’une large bande rouge au centre du maillot, a toujours été considérée comme le « véritable » maillot du PSG. Cela faisait près de vingt ans, depuis la saison 1999/2000, que les plus attachés aux symboles du club espéraient la retrouver. Une longue attente, expliquée surtout par les excentricités de Nike à ce niveau mais aussi par le conflit ouvert entre les ultras et le club lors de la mise en place du plan Leproux en 2010 rendant le dialogue à ce sujet impossible. « Durant les premières années, je faisais des procès au PSG et les seules relations que j’avais avec eux se caractérisaient par croiser mon confrère avocat qui représentait le club, explique Cyril Dubois, avocat du CUP. On était adversaires. Et puis, entre le plan Leproux et le retour au Parc en 2016, au fur et à mesure, il y a eu de plus en plus d’échanges constructifs. »

Au cours de ces réunions, Romain Mabille (actuel président du CUP), Michael Tommasi ou encore James Rophe tentent de recréer du lien avec le club. Et la question du maillot Hechter est sur la table presque à chaque fois : « Avec Romain, à chaque réunion « ultras » , on en remettait une couche sur le maillot. On leur avait dit que ce serait bien de rencontrer Nike. Le premier gros combat qu’on a gagné, c’était notre retour au Parc des Princes. Ensuite, il y a eu la baisse des abonnements, le caractère fixe des prix pour tout le virage, la bâche du CUP… Le retour du maillot blanc de l’année dernière et le nouveau de cette année pour les 50 ans sont dans cette lignée. » Cyril Dubois abonde : « On s’était un peu perdu dans les maillots marketing et les dernières productions de Nike ne respectaient pas du tout l’histoire du club. À force de le répéter, Jean-Claude Blanc nous a promis de nous convier à la réunion lorsque les personnes de Nike Etats-Unis seraient de passage au siège. Pour qu’on leur expose notre vision. Et, comme à chaque fois depuis que les liens entre le club et les supporters se sont normalisés, le PSG a tenu parole. »

Le bureau des légendes

Octobre 2018. Le fameux coup de fil arrive enfin. Pour des raisons de santé ou d’engagements pris en amont, seuls Cyril Dubois et Mickaël Tommasi peuvent se rendre au siège du Paris Saint-Germain à Boulogne-Billancourt. À l’intérieur, dans l’une des salles du bâtiment, le directeur de la communication du club, Jean-Martial Ribes, les reçoit en compagnie des référents supporters ainsi que des représentants et designers américains de Nike. « Comme je suis fan du PSG, j’avais pris avec moi un très vieux modèle du maillot Hechter et un maillot blanc qui ressemble à celui sorti cette année (2019-2020), un maillot historique avec les bandes rouges et bleues verticales » détaille l’avocat parisien. Le but ? Montrer en direct à des gens qui ne connaissent pas grand-chose à l’histoire du club – et qui pensent avant tout business – ce qui compte réellement aux yeux des supporters du PSG. Et ça marche. « Le dirigeant de Nike a pris en photo mon maillot sous toutes les coutures, il les a montrés à son assistante, ils avaient l’air plutôt intéressés, abonde Cyril Dubois. Je leur ai dit que quand j’étais en voyage, à 300 mètres, je pouvais d’ores et déjà reconnaître un supporter de Liverpool. Ou que si c’était un maillot noir et bleu rayé c’était l’Inter, blanc que c’était le Real… Mais qu’avec notre club, ce n’était pas possible. À force de changer tous les ans, on avait perdu cette identification. »

Les discussions se poursuivent, la bande rouge historique qui traverse le dos est écartée assez rapidement à cause des normes de l’UEFA. Ce qui n’empêche pas Mickaël Tommasi d’en remettre une couche : « Moi, j’en avais un peu rien à foutre de leurs statistiques économiques. Je leur ai dit qu’on pouvait comparer avec d’autre clubs qui sont économiquement bien placés. Le Real, ils jouent en blanc ? Oui. Le Barça, ils ont leurs couleurs traditionnelles à domicile ? Aussi. Tous les grands clubs ont cela, sauf nous. Si eux s’en sortent, pourquoi pas nous ? Depuis 2010, il y a eu certains maillots qui ont fait mal à la tête. On voulait surtout leur faire comprendre que le maillot du PSG, c’est le maillot Hechter « BBRBB ». Il n’est pas orange ou violet, il est rouge et bleu. C’est l’histoire du club, de notre ville. Les designers américains, ils ne sont pas vraiment au courant de ça. C’est une marque, ils veulent juste que ça marche. »

Validé par son créateur

Au moment de clore la réunion, l’un des représentants de Nike commence à replier soigneusement les maillots apportés par Cyril Dubois. L’avocat des ultras prend peur : « Je pensais qu’il allait les ramener avec lui aux USA pour les étudier ! J’ai pensé que je ne m’étais pas bien fait comprendre, qu’il y avait eu une erreur de traduction. Je lui ai alors rappelé que c’étaient les miens, ce à quoi il a répondu avec humour qu’il voulait juste les plier correctement ! Pour les retrouver ensuite, ça aurait été compliqué (Rires). » Les deux hommes ne peuvent alors absolument pas mesurer l’impact de ce qui vient de se produire. Ils savent simplement déjà que, pour des questions de délais, leurs remarques ne pourront pas êtres prises en compte pour la saison 2019-2020 à cause du temps de fabrication. « On était un peu déçus, mais on a eu une bonne surprise en voyant ceux qui sont prévus pour cette saison des 50 ans, complète Mickaël Tommasi. C’est une belle victoire, vu qu’en plus il est magnifique. Honnêtement, je ne sais pas si cette réunion a vraiment compté dans leur choix, mais le rendu nous plaît. » Les autres fans parisiens aussi ont l’air conquis.

Pour France Bleu Paris, Kévin Gandois, le manager de la boutique du PSG, expliquait que le jour de sa sortie « de nombreux fans étaient présents avant l’ouverture (…) Sur une journée, on a fait l’équivalent d’une semaine de ventes. » Même Daniel Hechter en personne, malgré le logo qui coupe la bande sur le devant, le trouve « à peu près fidèle » . Pour les ultras, l’enjeu est désormais de perpétuer la base du maillot pour les années à venir. Spoiler : c’est encore loin d’être gagné. « Le plus dur, maintenant, c’est de faire comprendre que ce maillot doit être la base des maillots du club. C’est celui que les supporters historiques du club aiment et veulent, conclut Cyril Dubois. Nous, on a fait ce qu’on a pu à notre niveau, mais c’est maintenant à tous les fans du PSG et au club de faire en sorte que ça ne reparte pas dans deux, trois ans sur d’autres motifs. Il faut aussi accepter le football actuel, qu’il puisse y avoir des fantaisies sur le troisième maillot mais, au moins au Parc, il faut qu’il y ait toujours un jeu de maillot Hechter. » Aujourd’hui, oui : le message est passé.

Dans cet article :
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Par Andrea Chazy

Propos recueillis par AC, sauf mentions.

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